On l’a qualifié de volte-face en matière de politiques. Après des mois de hausses de taux d’intérêt, et les complications qui l’accompagnent, des banques centrales ont du jour au lendemain appuyé sur le bouton pause – d’abord la Banque du Canada et maintenant la Fed. Quant à la BCE, elle a indiqué qu’elle emboîterait le pas plus tard, mais elle pourrait en fin de compte faire faux bond. Pour ce qui est de la Banque d’Angleterre, elle a pour le moment d’autres soucis. Les paroles et les gestes des banques centrales comptent parmi les quelques signaux – au milieu des turbulences postrécessionnistes – de la possibilité d’une normalisation. Alors, ce changement rapide d’orientation présage-t-il des difficultés?
Pour le savoir, plusieurs éléments sont à considérer. Le premier est les données. Le resserrement des taux par la Fed en est à son 37e mois. Le niveau cible a connu une légère hausse de 0,25 % à la fin de 2015. Un an plus tard, la Fed l’a augmenté à nouveau et, depuis, on observe des relèvements progressifs qui ont mené au taux actuel de 2,5 %. Deux nouvelles hausses étaient considérées comme inévitables cette année jusqu’à l’annonce-choc de la semaine dernière. En effet, la Banque du Canada – d’habitude en phase avec la Fed – affiche cette fois un décalage de 18 mois. Ses hausses subséquentes étaient plus marquées que les premières de la Fed, mais leur rythme est dans l’ensemble plus lent. En Europe, il n’y a pas eu autant d’action sur ce front : la Banque d’Angleterre a relevé seulement à deux reprises ses taux depuis la fin de 2017, et la BCE a dévoilé son intention de commencer à majorer son taux directeur en milieu d’année.