Dans tout programme spatial, le jour du décollage est un moment crucial : il est le résultat d’années de préparation et de décennies d’innovation scientifique – et aussi le fruit des connaissances acquises dans plusieurs disciplines. Une armée de spécialistes a déployé d’immenses efforts pour arriver à ce jour, et faire du lancement un succès. Ils ont dû travailler à l’unisson, comprendre chaque élément des tâches complexes de ce projet, et les exécuter à la perfection. Un simple pépin aurait entraîné de coûteux retards;  une seule défaillance, une possible catastrophe. À bien des égards, cette aventure spatiale s’apparente à celle de l’économie mondiale.

Une fusée prête à décoller illustre parfaitement le concept d’énergie potentielle. L’économie a-t-elle une telle énergie en réserve? Beaucoup de spécialistes estiment qu’elle est à court de carburant et que son élan s’essoufflera; bref, qu’elle a pratiquement épuisé toutes ses ressources et qu’une récession est imminente. Fait intéressant, plusieurs de ces mêmes experts déplorent la piètre tenue de l’économie après la récession – une performance qu’ils qualifient de nouvelle normalité. Dans le même temps, après dix ans, de vastes pans de l’économie n’ont toujours pas relancé leur activité. C’est le cas de l’investissement commercial et de l’investissement résidentiel aux États-Unis et dans l’Union européenne que l’on peut comparer à des fusées sur la rampe de lancement : ils abritent une forte demande comprimée capable de propulser les économies du monde développé pendant plusieurs années et d’entraîner dans leur sillage les économies émergentes.

Pourtant, rien ne se passe… Si ce carburant était disponible, les consommateurs et les entreprises ne l’auraient-ils pas déjà utilisé? En temps normal, oui. Cependant, cette fois, nous revenons de si loin qu’il nous paraît difficile de prendre l’initiative et d’actionner les commandes. Les deux économies les plus « puissantes » du globe étaient sur le point de le faire lorsque le populisme et les bouleversements politiques sont venus jouer les trouble-fête. Lassés par l’incapacité de leurs dirigeants politiques successifs à corriger la situation, de grands segments de la population mondiale tournent le dos aux institutions de l’après-guerre qui, selon eux, ne bénéficient qu’à un petit nombre. Pour exprimer leur mécontentement, ils portent au pouvoir des politiciens qui promettent de remettre en question les normes en place, et proposent d’adopter des politiques nouvelles et radicales.

Leurs actions ne passent pas inaperçues : qu’il s’agisse du rejet du Partenariat transpacifique (PTP), de la remise en cause de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), du vote du Brexit, de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, ou encore de gestes moins flagrants pour rester au-dessus de la mêlée. Naturellement, le personnel de la « tour de contrôle » est dérouté – et les investisseurs frileux. Alors, au moment même où l’investissement commercial est prêt à prendre le relais, les « responsables de la mission » semblent si confus que les acteurs ayant des fonds à disposition restent sur la touche. Si les entreprises hésitaient auparavant à investir, elles le font désormais d’une façon encore plus marquée.  

Malgré les écueils, nous croyons que nous assisterons cette année à la résolution de tous les importants dossiers et que 2019 marquera un tournant dans la sphère du commerce mondial. Pourquoi nous montrons-nous si optimistes? Tout simplement parce que les coûts d’une impasse ou d’une escalade seraient exorbitants pour toutes les parties impliquées. Par conséquent, il y a une véritable volonté politique de remettre le programme sur les rails et de recommencer le compte à rebours.

Pour ces raisons, dans ses Perspectives économiques mondiales du printemps 2019, EDC prévoit que la croissance de l’économie mondiale, après un ralentissement passager, s’accélérera pour passer de 3,4 % cette année à 4 % en 2020. Ce scénario table sur la fin des frictions commerciales et le décollage subséquent de l’investissement commercial. Ce décollage favorisera la création d’emplois et, par le fait même, un redémarrage de l’investissement résidentiel. Sur les marchés développés, la croissance s’établira à 1,9 % en 2019, mais grimpera à 2,2 % l’an prochain, l’économie américaine agissant comme principale source de propulsion. Pour leur part, les marchés émergents dégageront une croissance de 4,2 % cette année, avant de profiter d’une embellie de 5,4 % en 2020.

Malgré ce dynamisme, les cours des produits de base devraient généralement afficher une hausse modeste. Le fléchissement temporaire de la croissance cette année a ralenti la progression des taux d’intérêt. Ce facteur ainsi que les perspectives d’évolution des cours des produits de base maintiendront le taux de change du dollar canadien par rapport au billet vert sous le seuil des 80 cents. Dans ce contexte, nous prévoyons que la croissance des exportations canadiennes augmentera pendant deux années d’affilée en dépit des défis posés par certaines politiques entravant l’activité commerciale. Les conditions de la demande à l’échelle de la planète annoncent, à court terme, un horizon radieux pour les exportateurs.

Conclusion?

Ces jours-ci, il est plus difficile de faire des prédictions en raison de l’évolution chaotique du commerce international. Or, au-delà des apparences, le tableau est plus encourageant. Espérons que le lancement de la « fusée » reste une priorité, et que le commerce mondial s’engage sur sa véritable trajectoire au cours des deux prochaines années.

 

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