Si vous allez chasser sur l’île de Chypre dans la Méditerranée, il est probable que vous verrez quelque chose d’étonnant : un beagle élevé au Manitoba.

Depuis un demi-siècle, Branko’s Beagles s’est forgée la réputation d’élever les meilleurs chiens de chasse et de concours pur-sang dans le monde. L’entreprise a envoyé des beagles dans un éventail de pays comme l’Espagne, la France, l’Italie et la Grèce, sans compter tous les États américains, sauf Hawaï.

Mais pourquoi des gens du monde entier se tournent-ils vers Saint-Laurent, au Manitoba (population : à peine plus de 1000 habitants) lorsqu’ils cherchent un compagnon de chasse ou de compétition?

Les époux propriétaires de Branko’s Beagles vous répondront à l’unisson.

« En résumé, les gens veulent ce qu’il y a de mieux », expliquent Frieda et Branko Krpan en riant.

Mais si élever d’excellents chiens est une chose, bâtir une entreprise d’élevage qui rayonne dans le monde entier en est une autre.

Le parcours des Krpan, qui a commencé par l’exportation de leur premier chien en 1978, offre de grandes leçons aux exportateurs.

L’exportation d’animaux vivants, et pas d’aliments ou de puces d’ordinateur, comporte ses propres défis.

Il y a de quoi être découragé par tous les bilans de santé, les micropuces et les vaccins. Par exemple, si un éleveur canadien voulait exporter en janvier en Australie, où la réglementation gouvernementale est particulièrement sévère selon M. Krpan, il devrait avoir commencé les visites obligatoires chez le vétérinaire et les formalités administratives en juin dernier.

Ensuite, les chiens doivent demeurer en quarantaine en Australie pendant au moins dix jours, selon le site Web du gouvernement australien.

Or, de l’expérience du couple, les chiens exportés en Australie passent six mois en quarantaine, ce qui explique en partie leur choix de ne pas exporter là-bas.

L’un de leurs défis actuels est la vaccination des chiens destinés aux États-Unis. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, par crainte de la rage, exigent désormais que les chiens soient vaccinés un peu après leurs trois premiers mois.

Cette mesure a contraint l’élevage à augmenter les prix des chiens exportés aux États-Unis, comme il doit les garder plus longtemps et payer leurs vaccins.

Par ailleurs, l’entreprise ne peut plus faire voyager par avion ses chiens à destination des États-Unis, car la compagnie aérienne sur laquelle elle comptait n’accepte plus les chiens à l’aéroport le plus près à Winnipeg.

Mme Krpan soutient que les formalités administratives – qui vont des examens vétérinaires aux certificats de santé – sont nombreuses, mais qu’on y vient à bout par un travail assidu.

Selon eux, c’est un domaine où il est un peu plus facile d’exporter vers l’Union européenne, puisque tous les pays membres ont essentiellement la même réglementation.

Le couple avait un autre atout quand il s’est mis à exporter : l’expérience de Mme Krpan comme importatrice et exportatrice avant qu’elle passe à l’élevage de chiens.

Le conseil le plus précieux des éleveurs aux exportateurs potentiels, c’est que tout dépend de la qualité du « produit ».

« Il faut avoir des chiens supérieurs, précise Mme Krpan. C’est la seule mise en garde, car il est tellement facile de se faire des ennemis et une mauvaise réputation. »

Le bouche à oreille vend bien à l’étranger, rapporte Mme Krpan. Elle donne en exemple l’Espagne, l’un des principaux marchés d’exportation de Branko’s Beagles. Dernièrement, les propriétaires ont vu des beagles qu’ils ont élevés (ou qui descendent de leurs chiens) chasser un peu partout : des régions boisées rappelant le Nord de l’Ontario aux régions montagneuses peuplées de cochons.

« Nous avons vendu des chiens à quelques personnes là-bas. Les autres ont vu que nos chiens étaient bien meilleurs, alors ils ont voulu en avoir de semblables, explique Mme Krpan. Et ça fait boule de neige. »

C’est là que la réputation de Branko’s Beagles auprès de ses clients devient si importante, selon le duo.

« Ça prend des années pour se forger une bonne réputation, soutient M. Krpan. Les gens croient ce que nous leur disons, et ils enverront 5 000 $ pour acheter un chien qu’ils n’ont jamais vu. »

Apprenez-en plus sur le parcours d’exportation de Frieda et Branko Krpan.