Selon une étude du Conference Board du Canada, les PME appartenant à de nouveaux immigrants sont plus enclines à exporter, et elles comptent parmi les plus florissantes. Voici une série qui en dresse le portrait.

On pourrait dire que Glint Innovation est une boîte à suggestions virtuelle. Plateforme de réussite à échelle humaine, Glint Innovation est le produit que vend la société torontoise du même nom, fondée par un petit groupe de Néo-Canadiens cherchant à travailler pour leur propre compte.

Ce produit propose un espace de collaboration virtuel où les utilisateurs peuvent laisser une idée ou une solution relative au travail. C’est ce que font la plupart des clients de Glint. D’autres invitent leurs propres clients à donner des idées, puis s’en inspirent pour leur offrir une meilleure expérience. Par ailleurs, l’entreprise propose aussi de la formation sur demande.

« Les entreprises se servent de la plateforme dans le cadre de campagnes. Elles l’ouvrent au public quelques mois, le temps de recueillir des idées, en plus de celles de leurs employés », explique Tarik Chakrellah, cofondateur et directeur de l’analyse des données de la société.

Le logiciel récompense également la participation des employés et est accessible à partir de Facebook, Yammer, Google+ et LinkedIn. En fait, c’est grâce à Yammer que Glint Innovation a commencé à exporter.

« C’est sur Yammer qu’un premier client étranger nous a approchés », raconte Kaoutar El Hilali, directrice de la prospection de clientèle. « Après avoir été présente sur ce réseau social, notre entreprise a reçu des demandes du Royaume-Uni et de la France. » Aujourd’hui, elle compte parmi ses clients National Geographic (Royaume-Uni), Rémy Cointreau (France) et le réseau Fox (États-Unis).

Souhaitant poursuivre ses activités d’exportation, l’entreprise a obtenu une subvention d’un peu moins de 20 000 $ de la part de CanExport, un programme d’Affaires mondiales Canada. Cette somme couvrira une portion des coûts liés à l’exploration d’un nouveau marché.

« Nous avons appris que les Émirats arabes unis travaillaient sur une campagne d’innovation et savions que notre produit cadrerait bien avec ses objectifs. Nous voulions donc en explorer les débouchés, précise M. Chakrellah. La subvention nous a permis de le faire. Résultat : deux nouveaux clients – Insurance Authority, un organisme de réglementation des sociétés d’assurance, et Emirates Post. Au début, l’organisme de réglementation ne voulait utiliser la plateforme que pour ses employés; or, durant la semaine de l’innovation des Émirats arabes unis, il a invité ses clients – des assureurs – à prendre part à la discussion. Il s’est rendu compte que, dans les deux cas, notre plateforme était bien utile. »

Tarik Chakrellah, Kaoutar El Hilali et Alberto Perez, cofondateurs de Glint Innovation, sont tous des Néo-Canadiens. M. Chakrellah et Mme El Hilali viennent du Maroc, alors que M. Perez vient de la Colombie. Ils se sont rencontrés en 2008, au Royaume-Uni, pendant leurs études.

C’est seulement en 2010, après avoir quitté le Royaume-Uni en récession pour le Canada, qu’ils ont choisi de fonder leur propre entreprise. Cette dernière enregistre maintenant des recettes de 500 000 $. Elle compte de nombreux clients de renom dans plusieurs pays et une équipe de 14 employés. M. Chakrellah avait de l’expérience en création de logiciels et en personnalisation de plateformes pour de grandes entreprises. Quant aux deux autres, ils avaient beaucoup d’expérience en ressources humaines. Vu la nature de leur produit, chacun met ses compétences à profit.

Mme El Hilali conseille aux exportateurs de s’ouvrir aux autres cultures. « Ailleurs, les gens pensent et fonctionnent parfois différemment, avance-t-elle. Établir des partenariats locaux serait plus facile, mais exporter est gratifiant. Il suffit d’être prêt à vivre un choc culturel. Pour percer un nouveau marché, il faut en suivre les règles. »

Elle conseille aussi d’ajuster la stratégie de tarification en fonction du pays. Au Canada, au Royaume-Uni et ailleurs en Europe, par exemple, les clients sont à l’aise de conclure un achat de logiciel par téléconférence. L’établissement des prix pour ces régions est donc le même. Au Moyen-Orient, par contre, les clients veulent passer beaucoup plus de temps avec le fournisseur. Et l’équipe de Glint l’a appris à ses dépens : ses prix ne tenaient pas compte des coûts et du temps de déplacement.

Un dernier conseil : bien étudier les marchés potentiels. Et sur place, plonger tête première dans la culture locale afin d’éviter les mauvaises surprises lors des négociations.

M. Chakrellah est d’avis que la citoyenneté canadienne est un atout sur la scène internationale. « Sur le marché, le Canada est réputé pour l’excellence de ses produits. »

Apprenez-en plus sur le parcours d’exportation de Glint Innovation raconté par Tarik Chakrellah.