Le Pérou, le Canada et le monde

Le Pérou peut être porteur pour les entreprises canadiennes en raison de son excellent climat macroéconomique, de son environnement commercial accueillant et du vaste d’éventail d’occasions d’investissement qu’il présente. Sur le plan financier, il affiche un ratio dette publique/PIB (produit intérieur brut) parmi les plus bas de la région et possède une banque centrale indépendante et possédant de solides assises. Son cadre d’investissement, robuste, garantit d’ailleurs aux investisseurs étrangers différents régimes spéciaux, dont des accords de stabilité juridique relativement aux règlements de l’impôt sur le revenu et à la distribution de dividendes. Selon S&P Global Ratings, l’avenir du Pérou s’annonce stable grâce à son économie résiliente; de plus, le pays, fort de sa cote de crédit BBB, compte parmi les mieux notés de la région.

Fait digne de mention, le Pérou a signé des accords de libre-échange avec des économies majeures et est intégré aux marchés mondiaux via des blocs de commerce, comme l’Alliance du Pacifique. En ce qui concerne le Canada, l’Accord de libre-échange Canada-Pérou de 2009 a progressivement consolidé sa relation commerciale avec lui : en 2021, les investissements canadiens directs au Pérou totalisaient 12,7 milliards de dollars. De plus, les deux pays sont signataires de l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), qui a constitué l’un des blocs de commerce les plus importants du monde.

La pandémie au Pérou

Dès le début de la pandémie, le Pérou a imposé des mesures de confinement parmi les plus strictes dans la région, notamment la fermeture de toutes les entreprises non essentielles des mois durant. Ces mesures ont fait reculer l’activité de plus de 10 % en 2020, une contraction nette mais brève : en 2021, son PIB avait déjà rebondi de plus de 13 %, stimulé par la vivacité de la demande intérieure et une hausse substantielle des dépenses publiques et privées.

Toutefois, certains symptômes de la pandémie persistent : réseaux d’approvisionnement ébranlés, pénuries, tassement de la demande pour les produits et services. Pourtant, les problèmes de l’heure sont plutôt l’instabilité politique, la faiblesse des institutions publiques et le risque de réformes radicales pouvant altérer l’environnement commercial et la perception du risque chez les investisseurs.

L’environnement économique du Pérou

Le Pérou a enregistré la plus forte croissance de la région en 2021 et présente des occasions d’exportation et d’investissement dans de nombreux secteurs, notamment ceux des infrastructures et de l’exploitation minière. En effet, la valeur des projets miniers prévus pour les quelques prochaines années devrait atteindre plus de 53 milliards de dollars américains. Du côté des infrastructures, le gouvernement fait la promotion d’un portefeuille de projets de partenariats public-privé (PPP) qui représentent des investissements de 9 milliards de dollars américains.

Occasions dans le secteur minier

Le secteur minier du Pérou continue de se dynamiser, ce qui le rend intéressant pour les investisseurs et les exportateurs canadiens.

  • Le secteur minier, pilier de l’économie

Le Pérou est le deuxième producteur mondial de cuivre, d’argent et de zinc, et le secteur minier est un pilier majeur de l’économie du pays par sa contribution au PIB, à l’assiette fiscale et aux perspectives d’emploi. Vu l’ampleur de la filière, le gouvernement s’efforce d’attirer des investissements étrangers et compte mettre en branle – dans un premier temps – des projets miniers totalisant 11 milliards de dollars américains d’ici 2025.

Cela dit, l’économie et le secteur minier du Pérou ont toujours été à la merci des aléas géopolitiques. À l’heure actuelle, le  ralentissement économique en Chine (l’un des principaux partenaires commerciaux du pays), la guerre en Ukraine, la menace croissante d’une récession mondiale et l’inflation galopante répriment la demande globale de produits de base, dont le cuivre. Ce métal étant une source de revenus vitale au Pérou, la chute de son cours fait grand mal au secteur.

  • Occasions à saisir pour les exportateurs canadiens

La transition mondiale vers des sources d’énergie sobres en carbone est de bon augure pour le secteur minier du Pérou, dont le sol recèle d’importants gisements inexploités de minerais nécessaires aux technologies écoénergétiques. Le pays vise lui-même à écologiser son économie intérieure, à améliorer ses résultats ESG (facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance) et à innover dans ce domaine, autant d’objectifs qui coïncident avec les biens et services que les exportateurs canadiens ont à offrir.

Mais quels sont les débouchés, au Pérou, pour les fournisseurs canadiens de produits et services miniers? Exportation et développement Canada (EDC) s’est récemment penchée sur la question lors d’un webinaire. Selon Alexandra Laverdure, experte présente au webinaire et membre du Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada à Lima, « des sociétés minières péruviennes améliorent leur productivité grâce à l’automatisation, à la numérisation et à l’efficience énergétique. Elles cherchent des solutions pour réduire leur consommation de carburant, optimiser leur gestion des eaux et des eaux usées, améliorer les conditions de santé et de sécurité et mieux surveiller leurs installations minières. »

Somme toute, la grande variété des besoins et de la demande au Pérou représente une panoplie d’occasions pour les entreprises canadiennes de produits et de services miniers.

  • Risques dans le secteur minier

En général, les risques du secteur minier au Pérou concernent la mobilisation des parties prenantes, les relations avec la population, la prévention de la pollution et l’utilisation efficace des ressources. Les sociétés minières peuvent atténuer ces risques en portant une attention particulière aux politiques et procédures environnementales et sociales. Il est également impératif qu’elles prennent garde d’éviter les conflits sociaux – qui sont monnaie courante dans le secteur – en veillant à ce que les projets respectent les normes les plus rigoureuses de responsabilité sociale et d’investissement durable.

Cameron Stockman, directeur de CEC Mining Systems, a donné un bon conseil lors du webinaire d’EDC pour prendre pied sur le marché : « Les exportateurs doivent comprendre l’importance capitale de se rendre sur le marché péruvien pour travailler directement avec les clients et établir des relations, sans quoi il peut être plus difficile de réussir. Il faut dire, d’ailleurs, que le Pérou est un pays unique à bien des égards, mais surtout par ses caractéristiques physiques. Sa géographie, par exemple, complique la logistique au point d’en faire l’un des aspects les plus complexes du commerce au Pérou. »

En revanche, le Canada est l’un des plus importants investisseurs étrangers dans le secteur minier du Pérou, et l’on considère que les entreprises canadiennes se démarquent par leur fiabilité ainsi que leur capacité concurrentielle et d’innovation. Cette réputation peut jouer en faveur des exportateurs qui tâtent le terrain au Pérou.

Une équipe multiethnique se réunit dans une salle de conférence péruvienne

Occasions : infrastructures et énergie

Les secteurs péruviens des infrastructures et de l’énergie sont eux aussi très prometteurs pour les explorateurs comme les investisseurs.

  • Filières du développement

Les deux secteurs ont de solides filières de développement; par exemple, sont prévus pour les quelques prochaines années :

  • des concessions pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement des eaux usées afin d’améliorer l’efficacité des stations de traitement des eaux usées;
  • des projets d’expansion du réseau électrique d’un bout à l’autre du pays;
  • des projets dans les domaines de la santé et l’éducation visant à pallier le manque d’infrastructures à vocation sociale;
  • des chantiers de construction d’autoroutes;
  • des projets d’expansion de la portée des réseaux mobiles.
  • Risques et accès au marché

Bon nombre de risques du marché péruvien ne relèvent d’aucun secteur en particulier. Les plus importants sont la bureaucratie excessive, l’application de la réglementation environnementale et la corruption.

Pour se frayer un chemin dans les dédales administratifs et l’environnement réglementaire, mieux vaut consulter des professionnels compétents, comme des avocats et des comptables. De même, mieux vaut faire ses vérifications diligentes avant toute négociation avec un partenaire d’affaires potentiel, un agent ou représentant; à tout le moins, examinez les antécédents de l’entreprise, sa fiabilité, son dossier de crédit, sa réputation et sa gestion de tout ce qui touche à ses responsabilités environnementales et sociales.

Où trouver de l’aide

Besoin d’un coup de pouce pour faire des affaires au Pérou? Voici trois pistes :

  1. Tirez parti du Service des délégués commerciaux du Canada, qui vous aidera à évaluer le potentiel du marché, à trouver des personnes-ressources qualifiées, à résoudre des problèmes et à établir des relations sur place.
  2. Profitez des services de financement et d’assurance d’EDC, ainsi que de ses connaissances du marché et de son réseau, qui vous aideront à saisir les occasions sur le marché.
  3. Souvenez-vous qu’au Pérou, le succès en affaires passe par le développement de relations à long terme solides. Ne manquez donc pas de tisser des liens personnels avec vos clients et vos partenaires péruviens et de consacrer du temps à apprendre à les connaître. Pour maximiser vos chances, jetez un œil à nos Conseils pour faire bonne figure en Amérique latine.
  4. Pour joindre un conseiller à l’exportation d’EDC, visitez notre Centre aide-export.

Rafael Castillo est une autorité mondiale en matière de services bancaires et de développement des affaires. Depuis 2015, il assume la fonction de gestionnaire régional d’EDC pour le Pérou, tout en tenant l’Équateur et la Bolivie à l’œil. Son champ de responsabilité couvre le développement des affaires et la structuration de prêts pour entreprise, tout particulièrement dans les secteurs de l’exploitation minière et de l’infrastructure. Pour lui écrire : rcastillo@edc.ca.