Lorsqu’on demande à Bryan Reid père pourquoi ses maisons en bois rond fabriquées sur mesure dans son usine de Williams Lake, en Colombie-Britannique suscitent un tel engouement dans le monde, il n’hésite pas une seconde.

« Nous sommes les meilleurs au monde, un point c’est tout », lance-t-il avec aplomb. « Cela ne fait aucun doute ».

M. Reid a toutes les raisons de penser ainsi. En témoigne sa clientèle à l’étranger, répartie dans 23 pays et sur 4 continents, et représentant près de 80 % des ventes de Pioneer Log Homes of British Columbia.

L’entreprise a vu le jour il y a 43 ans. Voyant la maison en bois rond que M. Reid avait bâtie pour sa famille à Williams Lake, avec des matériaux locaux, des voisins admiratifs lui ont demandé de leur en construire une semblable. Pioneer Log Homes était née.

M. Reid raconte que son amour des maisons en bois rond remonte à son enfance, alors qu’il accompagnait son père, trappeur dans le nord de la Colombie-Britannique, lors d’expéditions hivernales dans l’arrière-pays.

« La température descendait souvent à moins 50 oC. Nous tendions les pièges, puis allions nous réfugier dans une petite cabane en bois rond pour nous réchauffer autour du feu, se souvient-il. Pour moi, c’était la belle vie. »

Pour sa première maison, M. Reid a lui-même coupé et écorcé les arbres et a érigé le bâtiment avec l’aide de Samson Jack, un autochtone appartenant à une nation du coin. Durant les sept années suivantes, Samson Jack a travaillé auprès de M. Reid et lui a enseigné l’art de la construction de maisons en bois rond.

En 1983, c’est presque par hasard que l’entreprise s’est lancée dans l’exportation. Un professeur d’université californien, de passage à Williams Lake alors qu’il se rendait en vacances en Alaska, a remarqué une des maisons de Pioneer Log Homes et s’est arrêté pour se renseigner. C’est ainsi que l’entreprise s’est retrouvée à Florence, dans l’Oregon, pour lui construire une maison.

M. Reid se rappelle qu’il était difficile d’accéder aux marchés étrangers à l’époque.

« Il n’y avait pas d’accord de libre-échange, et les droits d’importation étaient de 25 % », indique-t-il.

Puis l’ALENA est venu changer la donne. Dès 1993, l’exportation vers les États-Unis s’est accrue de façon importante. Par ailleurs, un nombre croissant de touristes à Williams Lake a aussi eu un effet bénéfique sur les ventes.

« Tout d’un coup, la demande de maisons en bois rond a explosé. Pas seulement aux États-Unis et au Canada, mais aussi dans certains pays européens, raconte M. Reid. La clé, c’est la visibilité. On s’est fait connaître, et les ventes ont bondi. »

L’émission Timber Kings, une télé-réalité de la chaîne HGTV mettant en vedette les gens de Pioneer construisant et livrant des maisons partout dans le monde, a aussi donné un coup de pouce. M. Reid indique que l’émission est diffusée dans 123 pays. Même si son effet direct sur les ventes n’est pas très important, Timber Kings a aidé à établir la marque, en plus d’offrir une visibilité dans des pays où, autrement, l’entreprise n’aurait pu se faire connaître.

Aujourd’hui, près de 80 % de la production de Pioneer est exportée aux États-Unis et en Europe, y compris en Russie, où l’entreprise a vendu une maison de 4 924 m2 (53 000 pi2); il a fallu 100 conteneurs pour l’envoyer à Moscou.

Pour Pioneer, la logistique est un aspect crucial. Les maisons, conçues et construites à l’usine de Williams Lake, sont expédiées en pièces détachées, puis réassemblées à destination par ses artisans.

Le suivi des conteneurs est donc essentiel, en particulier lorsqu’il s’agit d’une grosse maison, où ceux-ci peuvent se compter par dizaines.

« Le dernier conteneur rempli à Williams Lake – habituellement, les fondations – est le premier à être ouvert à destination, explique M. Reid. Si la logistique n’est pas bien huilée, on peut perdre beaucoup de temps et d’énergie. »

Selon M. Reid, la croissance de l’entreprise à l’étranger repose sur des marchés stables et en croissance. Ce fut le cas par le passé, et ce n’est pas près de changer.

Les maisons en bois rond de Pioneer ne se vendent pas pour une bouchée de pain. Cependant, un coup d’œil au carnet de commandes, garni jusqu’à la moitié de 2017, permet de conclure que la planète ne semble pas manquer de clients fortunés.

« Les États-Unis représentaient plus de 80 % de nos ventes au moment où ils ont été frappés par la récession, il y a quelques années, se rappelle M. Reid. Nous avions aussi des clients en Europe, mais n’avions pas besoin de développer ce marché. Puis, les commandes pour les États-Unis ont chuté, passant de 75 à 15 unités. Il y avait un manque à combler, alors nous avons commencé à vraiment mettre l’accent sur d’autres marchés. Nous avons alors connu une solide croissance. »

Cinq questions pour Bryan Reid père, fondateur de Pioneer Log Homes of BC

Quelle a été votre première vente à l’exportation?

Une maison construite en 1983 pour un client de Florence, dans l’Oregon.

Comment cette première possibilité d’exportation s’est-elle présentée?

Par pur hasard. Un touriste américain se rendant en Alaska passait par Williams Lake et a vu une de nos maisons. Il s’est renseigné sur le constructeur et nous a acheté une maison.

Que connaissez-vous aujourd’hui de l’exportation que vous auriez aimé savoir à vos débuts?

Tout! Mais peut-être, avant tout, l’importance de faire connaître son entreprise et son produit. Ma camionnette et mon motorisé sont recouverts de belles images de maisons en bois rond. Vous devez faire vous-mêmes votre publicité; vos concurrents ne le feront pas à votre place. Si votre produit en vaut la peine, parlez-en, à tout le monde.

Comment le commerce a-t-il évolué depuis que vous vous êtes lancés en affaires?

À l’époque, il était impossible de trouver un conteneur. La marchandise était chargée à la pièce par les débardeurs. Aujourd’hui, tout se fait par conteneurs. Si vous voulez, vous pouvez faire le suivi d’un conteneur à destination de Moscou toutes les 15 minutes. Les communications ont aussi évolué. Lors de notre première vente au Japon, nous n’avions même pas de télécopieur. C’est le bon vieux téléphone à poussoirs qui nous permettait d’appeler dans un pays lointain où l’on ne parlait pas notre langue. Les appareils électroniques ont grandement facilité les choses.

Quelle est la chose la plus importante que doivent savoir les nouvelles PME au sujet du commerce d’exportation?

Vous devez trouver un produit recherché, et ensuite, le promouvoir à fond. Une bonne idée peut rayer de la carte un concurrent bien établi.