La fermeture temporaire du pont Ambassador reliant la ville de Windsor en Ontario à celle de Détroit dans l’État du Michigan, soit le point frontalier terrestre le plus actif entre le Canada et les États-Unis, est lourde de conséquences pour les exportateurs canadiens. 

Le pont Ambassador, ce lien névralgique du commerce transfrontalier, est fermé en raison de la présence de camionneurs qui empêchent toute circulation des États-Unis vers le Canada. Ce blocage, qui se compose principalement de camionneurs et leurs sympathisants, a été organisé pour s’opposer aux restrictions imposées durant la pandémie.

Des manifestations similaires d'autres groupes ont été organisées dans tout le pays, y compris dans la ville de Coutts, dans le sud de l'Alberta, qui est un important port d'entrée dans l'État américain du Montana.


Les exportateurs canadiens du secteur automobile sont frappés de plein fouet. Gregory Trippenbach, vice-président pour la région des États-Unis à Exportation et développement Canada (EDC) estime que les blocages initiés par les camionneurs ont des conséquences manifestes sur les chaînes d’approvisionnement. 

« Les pièces automobiles transitent plusieurs fois par ce pont avant la fabrication d’un véhicule sortant de l’usine. Or, les blocages actuels empêchent les entreprises de livrer ces pièces dans les délais à leurs clients, ce qui cause l’arrêt de la production dans les installations des deux côtés de la frontière. On le voit, tout cela a un effet boule neige », déplore M. Trippenbach.

Uniquement en 2021, chaque jour, le Canada a exporté plus de 200 millions de dollars américains en biens vers les États-Unis et importé près de 160 millions de dollars américains en biens de ses voisins américains par la voie du point frontalier Détroit-Windsor. « La fermeture temporaire de ce pont par l’Agence des services frontaliers du Canada a de graves répercussions », déclare Prince Owusu, économiste principal à EDC. « L’an dernier, environ 24 % des importations canadiennes de marchandises provenant de nos voisins américains et 16 % des exportations canadiennes de marchandises vers les États-Unis  sont passés par le point frontalier de  Détroit. » 

Si les perturbations engendrées par le blocage persistent, les secteurs suivants en seraient les plus pénalisés : 

  • véhicules et pièces automobiles;
  • machinerie et équipement;
  • caoutchoucs et plastiques; 
  • produits agricoles (denrées fraîches).

« Bon nombre des entreprises de ces secteurs sont soumises aux impératifs du juste à temps. De ce fait, tout problème à ce niveau peut facilement nuire à la bonne marche de leur activité », explique Emiliano Introcaso, conseiller en commerce international à EDC. « Il arrive que des entreprises disposent seulement de stocks pouvant maintenir la production pendant quelques heures. Des bouleversements du genre peuvent donc durement les éprouver. »

De l’avis de M. Trippenbach, on ne pourra se remettre du jour au lendemain des effets de cette crise.

« Même en supposant la fin des blocages dès demain soir, il faudra plusieurs jours, voire plusieurs semaines, pour réaliser un retour à la normalité des activités commerciales, et ce, dans un contexte où beaucoup d’entreprises canadiennes composent toujours avec les conséquences de la pandémie. Cette situation ne fait que compliquer la donne et accroître les tensions subies par des chaînes d’approvisionnement déjà très sollicitées. »

« La réalité est simple : si vous ne pouvez honorer vos contrats, vos affaires en pâtiront à coup sûr. Et ce sera le cas pour certains exportateurs. »

M. Trippenbach offre un conseil à tous les exportateurs redoutant des perturbations aux chaînes d’approvisionnement ou les subissant déjà : contactez votre institution financière et vos  partenaires. Il est primordial de les tenir au courant de la santé de vos affaires. En pareille situation, la communication est essentielle. »

EDC suivra de près l’évolution des manifestations afin d’en déterminer les retombées négatives sur les exportateurs canadiens et notre économie.