La chaîne de blocs est habituellement associée aux cryptomonnaies ou monnaies numériques. Mais si les cryptomonnaies ont actuellement la vedette, la chaîne de blocs pourrait bien offrir une meilleure valeur pour de nombreuses utilisations commerciales et d’affaires.

La mondialisation des biens et services est complexe. La livraison d’un bien ou d’un service d’un continent à l’autre peut être accompagnée de quelque 25 documents qui passent constamment des acheteurs aux vendeurs, aux transporteurs, aux agents et autres instances. Ces processus entièrement manuels posent des risques de conformité des documents susceptibles d’entraîner des pertes financières.  La technologie de la chaîne de blocs peut considérablement réduire ce risque.

Qu’est-ce que la chaîne de blocs ?

La chaîne de blocs est une base de données distribuée sur un réseau et comportant un registre crypté. Cette base de données consigne un ensemble de transactions ou de dossiers appelés « blocs » qui, une fois qu’ils ont été vérifiés, font partie d’un registre permanent ou « chaîne de blocs ». La chaîne de blocs permet de partager ou distribuer l’information numérique dans l’ensemble du réseau.  Les membres du réseau doivent s’entendre sur la validité des transactions avant que celles-ci soient consignées dans le registre numérique.

Le réseau peut être public, comme l’internet, ou privé, comme un réseau regroupant des entreprises. Dans l’un et l’autre cas, toutes les transactions qui ont été validées sont consignées au registre de façon permanente et ne peuvent être modifiées de façon rétroactive. Aucune des parties membres du réseau ne peut exercer un contrôle sur le registre.

Dans le cas d’un registre public, la validité d’une transaction est assurée par un ensemble complexe d’équations informatiques qui exigent un maximum de ressources. N’importe qui peut joindre une chaîne de blocs publique.  Pour les registres privés, l’accès est réservé aux membres. L’information inscrite au registre est vérifiée uniquement par ceux qui sont autorisés à le faire et n’est partagée qu’avec ceux qui ont accès au réseau. 

Pour l’essentiel, la chaîne de blocs constitue une façon fiable, indépendante et sûre de distribuer une information. Tout document qui peut être numérisé peut être intégré à une chaîne de blocs.

Comment la chaîne de blocs profite-t-elle aux entreprises ?

Les entreprises peuvent utiliser la chaîne de blocs pour toute transaction ou processus comportant plusieurs étapes qui exigent la traçabilité de l’information et sa visibilité. Pour cette raison, la chaîne de bloc de l’avenir devra intégrer la gestion de la chaîne d’approvisionnement, tant dans les réseaux publics que privés. 

Les réseaux publics pourraient évoluer vers des applications de financement commercial alors que la chaîne de blocs servira de chambre de compensation des factures, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises.

En 2017, des demandes de financement commercial atteignant 1,5 billion de dollars américains ont été refusées par les banques. Une réglementation resserrée, le désir de mieux connaître les préférences des clients ainsi que le manque d’information constituent les principales raisons invoquées pour refuser les transactions.

Dans un tel contexte, un bon nombre de transactions ne se concluent jamais, ce qui restreint la croissance des compagnies touchées. La chaîne de blocs peut contribuer à réduire ce risque parce qu’elle évalue la fiabilité des parties impliquées à la lumière de leurs transactions passées plutôt que de se fier aux mécanismes de compensation centralisés. 

À mesure que les technologies se développent, le champ des chaînes de blocs privées s’élargit. Parce qu’il s’agit d’une solution distribuée, la chaîne de blocs s’intègre à l’environnement technologique existant des organisations.

Il faut voir la chaîne de blocs un peu comme Excel fonctionne dans un système d’exploitation : elle fonctionne avec les systèmes logiciels existants des nombreuses entreprises faisant partie d’une même chaîne d’approvisionnement. 

Il n’est donc pas nécessaire de changer l’infrastructure logicielle de chaque entreprise. Ces entreprises auraient accès aux données grâce à une interface de programmation applicative (API) compatible avec la plupart des applications d’entreprise.

La chaîne de blocs peut offrir de nombreux avantages :

  1. Moins d’interventions manuelles (ou même aucune) puisque les contrats ou documents papier peuvent être numérisés et automatisés, devenant des « contrats intelligents ».
  2. Des transactions mieux vérifiées et mieux sécurisées.
  3. Une meilleure efficience parce que la documentation est moins volumineuse et que les délais sont moins longs que dans le cas des transactions manuelles.
  4. Règlement plus rapide des transactions.
  5. Coûts moindres.
  6. Diminution ou même élimination des conflits et de la fraude.

Quelles sont les limites de la chaîne de blocs ?

Si la chaîne de blocs peut réduire ou éliminer certains risques associés au commerce, il est important de reconnaître qu’elle a ses limites.

Par exemple, la chaîne de blocs ne réduit d’aucune façon les risques de non-paiement. La plupart des transactions commerciales sont faites sur compte ouvert avec modalités de paiement, ce qui signifie que c’est le vendeur qui assume le risque de non-paiement. C’est là une situation potentiellement risquée en commerce international, puisque les droits de recouvrement sont souvent incertains ou alors il est extrêmement coûteux de les faire valoir.  

Il y a deux raisons possibles à un défaut de paiement :

  1. Fraude/tromperie intentionnel - le refus de payer.
  2. La solvabilité des acheteurs - l’incapacité de payer.

La chaîne de blocs peut réduire ou même éliminer le risque associé au refus de payer, mais certainement pas celui associé à l’incapacité de payer. Et cela vaut autant pour la chaîne de blocs publique que pour la chaîne de blocs privée.

En effet, rien ne peut garantir qu’un membre du réseau sera en mesure de respecter ses obligations financières. Certes, on peut suspecter l’existence d’un problème, mais cela ne veut pas dire que l’on peut prédire un problème de liquidités ou d’insolvabilité.

Le risque peut être accru lorsqu’une organisation :

  • A un plan de développement des ventes très ambitieux.
  • Offre des modalités de paiement s’étendant sur une longue période.
  • A un niveau de risque élevé associé à quelques acheteurs clés.
  • En est à ses toutes premières ventes internationales.

À mesure que le réseau se développe et que le nombre de transactions augmente, la chaîne de blocs devient un outil qui permet d’éliminer les partenaires les plus à risques et de ne conserver que ceux qui sont dignes de confiance. Cela réduit la nécessité de recourir à des agences de notation du crédit.

Toute compagnie cherche constamment à protéger ses comptes clients. Les outils de paiement sécurisé comme la marge de crédit sont intéressants, certes, mais ils peuvent être coûteux.

L’assurance crédit continuera d’être un outil indispensable à ceux qui souhaitent se protéger contre le risque de non-paiement. Mais la chaîne de blocs peut intégrer au réseau l’assureur et le courtier, réduisant ainsi le risque associé au contrat d’assurance et son administration.

La chaîne de blocs et son effet sur le commerce international

La technologie de la chaîne de blocs améliorera de façon significative les façons de faire du commerce. Elle permet aux entreprises de réduire leurs coûts et d’accroître la sécurité des transactions. Et elle donne aux chaînes d’approvisionnement l’occasion d’accroître considérablement leur liquidité financière.

Toutefois, pour que la chaîne de blocs soit mise en œuvre avec succès, il est essentiel que ceux qui en font partie en comprennent bien les avantages comme la réduction du nombre de disputes et de fraudes, mais aussi qu’ils soient conscients de ce qu’elle ne peut pas faire, soit d’éliminer les risques de non-paiement.