1 milliard de dollars en échange entre le Canada et les États-Unis

La valeur des échanges quotidiens entre le Canada et les États-Unis s’élève à un milliard de dollars. Il est difficile d’évaluer ce que ce montant représente concrètement. En tant qu’économistes, nous faisons circuler une foule de gros chiffres. Mais, un milliard de dollars en échange au quotidien représente vraiment un montant énorme. Si vous souhaitiez réunir un milliard de poissons rouges en un même endroit, vous auriez besoin d’un bocal de la taille d’un terrain de football. Avec un milliard de dollars, vous pourriez vous acheter 5 000 voitures de luxe d’une valeur de 200 000 dollars chacune. Cela vous donne une idée de l’importance de la relation commerciale entre le Canada et son voisin du Sud.

Les entreprises canadiennes sont préoccupées par la renégociation de l’ALENA

Il n’est pas étonnant que la renégociation de l’ALENA soulève des questionnements parmi les entreprises canadiennes quant à l’avenir des échanges entre le Canada et les États-Unis. Certaines sociétés sont déjà en train de planifier un plan B : elles s’établissent aux États-Unis afin de contourner les modifications ou les litiges que pourrait provoquer le remaniement de l’ALENA. Lors d’une enquête menée à l’automne auprès d’un millier d’exportateurs canadiens (Indice de confiance commerciale), 23 % des entreprises sondées ont indiqué que les discussions sur les échanges entre le Canada et les États-Unis avaient un effet négatif sur leurs activités au pays. Parmi ce nombre, 26 % des entreprises ont mentionné qu’elles étudiaient la possibilité de transférer leurs activités canadiennes aux États-Unis.

Investir aux États-Unis est une décision profitable : il peut s’agir d’une occasion pour une entreprise canadienne de mener des activités internationales et de se rapprocher de sa clientèle. Mais s’agit-il de la meilleure décision pour votre entreprise? Il est possible que oui, mais il n’est pas nécessaire d’agir impulsivement en réaction aux discussions sur l’ALENA.

7 raisons pour lesquelles l’ALENA ne peut avorter

Les biens et services d’une valeur d’un milliard de dollars qui circulent chaque jour entre les deux pays ne sont qu’une des raisons que j’énumère dans cette vidéo intitulée 7 raisons pour lesquelles l’ALENA ne peut avorter. Il faudrait attendre longtemps avant de trouver assez d’investissements pour remplir le vide laissé par le traité de l’ALENA, s’il venait à disparaître. Les échanges des États-Unis avec ses partenaires de l’ALENA soutiennent 2,8 millions d’emplois dans ce pays. De plus, le libre-échange réduit les coûts des biens au bénéfice des consommateurs. Dans un contexte où la technologie favorise l’intensification de la mondialisation, la posture isolationniste des États-Unis n’est pas du tout en phase avec les tendances à l’œuvre à l’échelle mondiale. Environ dix ans après la crise économique mondiale, le pays choisira-t-il de sacrifier plus de deux décennies de relations commerciales fructueuses avec le Canada et le Mexique dans le seul but d’intensifier son protectionnisme?

Nouvelles occasions de croissance à l’international pour 2017

La croissance des entreprises canadiennes passe par la recherche de nouveaux clients et la conclusion de ventes internationales. Dans la dernière année, les entreprises du pays ont rencontré des occasions remarquables de vendre et d’investir en Europe, en Amérique latine et dans d’autres marchés émergents. Cette ouverture a permis aux entreprises canadiennes de bénéficier de millions de nouveaux consommateurs, de profiter d’occasions d’investissement et de développer des relations commerciales.

Cependant, les États-Unis restent le premier débouché des entreprises canadiennes à l’extérieur du pays

La renégociation de l’ALENA préoccupe bon nombre d’entreprises canadiennes. Devraient-elles attendre de voir le type de barrières tarifaires et d’hostilités qui pourraient découler des négociations sur l’ALENA? Ou devraient-elles s’empresser de mettre en actions des solutions de rechange? C’est-à-dire faire preuve d’audace en transférant sans plus attendre leurs activités ou certaines phases de leur fabrication aux États-Unis, au cas où le traité de l’ALENA devenait caduc.

Le transfert d’activités vers les États-Unis n’est pas une mauvaise idée en soit, peu importe l’issue des discussions sur l’ALENA. L’investissement international est souvent une bonne stratégie d’affaires, permet de mitiger le risque en cas de litiges et de modifications des tarifs et constitue une sécurité dans un contexte d’instabilité mondiale. Le fait d’avoir des activités dans d’autres pays dote également l’entreprise d’une couverture contre les fluctuations des devises et les taux d’intérêt.

Cependant, l’investissement aux États-Unis en réaction à la situation actuelle devrait faire l’objet d’une réflexion et d’une planification.

 

5 questions à se poser avant de déplacer ses activités aux États-Unis :

1. Êtes-vous prêts à faire des affaires en dollars américains?

Le passage à des prix de base en dollars américains est un premier aspect à prendre en considération. Vos prix de base augmenteront immédiatement de 30 %, vu la valeur actuelle du dollar canadien.

2. Aurez-vous accès à la main-d’œuvre nécessaire?

Trouver de la main-d’œuvre qualifiée est une difficulté qui se pose partout dans le monde. Et trouver de la main-d’œuvre qualifiée aux États-Unis est particulièrement difficile à l’heure actuelle, le taux de chômage officiel se situant à 4,1 % (un des taux les plus bas qui soient). Il faudra vous attendre à payer le prix fort pour attirer les travailleurs dont vous aurez besoin.

3. Aurez-vous accès aux installations nécessaires?

Les espaces industriels inutilisés se font rares dans bon nombre de secteurs industriels des États-Unis. Il ne faudra pas vous attendre à trouver des installations clés en main. Et si vous avez besoin d’espaces aménagés, ce qui prend normalement du temps, vous devrez attendre encore davantage, car beaucoup d’autres entreprises cherchent à prendre de l’expansion.

4. Vos acheteurs sont-ils prêts à débourser davantage?

Les coûts sont généralement plus élevés sur le marché américain et les conditions actuelles tendent à accentuer cette tendance. Une fois que vous aurez payé les coûts associés à la main-d’œuvre, à l’espace et au change, votre facture aura nettement grimpé. Votre produit justifie-t-il une augmentation de prix vous permettant de couvrir ces coûts supplémentaires?

5. Quel est l’investissement requis pour transférer ses activités aux États-Unis?

Si dans le contexte des discussions sombres sur l’ALENA, vous songez à transférer vos activités, mais que vous n’aviez jamais envisagé cette option auparavant, il est prudent de bien réfléchir avant de prendre une décision. L’établissement de ses activités à l’international est toujours une option intéressante à prendre en considération. L’accès aux marchés, qui vient s’ajouter à l’intégration et à l’optimisation de la chaîne logistique, peut révolutionner vos occasions d’affaires.

Le jeu en vaut-il la chandelle?

Les entreprises canadiennes ayant établi des activités aux États-Unis nous ont confié et nous ont prouvé que leurs investissements avaient porté fruit. La proximité avec les clients et la présence d’employés sur place pouvant gérer la réglementation et la logistique et offrir un meilleur service à la clientèle sont d’excellentes raisons d’établir des activités dans le marché où vous vendez. Bien que les coûts d’exploitation associés au démarrage et au maintien soient plus élevés, une fois les principaux obstacles à l’investissement franchis, vous serez en position de faire des économies.

L’investissement international est sans aucun doute avantageux pour les entreprises. Toutefois, planifiez attentivement vos actions et agissez pour les bonnes raisons (étendre vos activités à l’international, atténuer le risque et contrer la volatilité des devises), et non pas dans la peur de voir l’ALENA disparaître.