Les chiffres en disent long : seulement 16 % des PME canadiennes sont détenues par des femmes. Et de ce nombre, à peine 11 % vendent leurs biens et services à l’international.

La question se pose : pourquoi aussi peu de femmes font-elles dans l’exportation? Qu’est-ce qui les empêche de s’implanter sur un marché étranger? Leur manque-t-il les bons outils, ou sont-elles tout simplement plus frileuses que les hommes face au risque?

En tant que responsable de la stratégie d’EDC pour les femmes en commerce international, j’ai parlé d’exportation avec nombre de mes semblables et me suis rendu compte que les mythes persistent. Certaines pensent que l’exportation est réservée aux grosses entreprises dont le chiffre d’affaires annuel se compte en millions, ou encore aux fabricants qui expédient leurs marchandises à l’étranger. J’ai même entendu des commentaires plutôt déconcertants :

  • Il n’est pas sécuritaire pour une femme de faire des affaires à l’étranger.
  • Les banques ne prêtent pas aux femmes.
  • Les femmes sont traitées différemment.

La vérité, c’est que les Canadiennes ont de nombreuses occasions de démarrer et de diriger une entreprise à forte croissance aux visées nationales et internationales. En fait, de plus en plus de fournisseurs de services et de petites entreprises exportent. Les chaînes d’approvisionnement se mondialisent, les technologies se développent, et de nouvelles méthodes de distribution émergent : bref, l’internationalisation est maintenant inscrite dans l’ADN des entreprises. Et c’est justement cette culture commerciale que nous cherchons à promouvoir ici, au Canada.

Mais pour y arriver, il faut savoir quels sont les trois grands défis pour les femmes d’affaires et comment nous pouvons les surmonter.

Le manque de connaissances et de compétences

La crainte de l’inconnu a le pouvoir de nous clouer sur place, surtout lorsqu’il est question d’exportation. Pour prendre des décisions éclairées, avoir plus confiance en soi et se sentir plus à l’aise, il faut chercher réponse à certaines questions, comme " À quoi ressemble la réglementation des affaires sur le marché cible? ", " Qui forme la concurrence? " et " Comment attirer de nouveaux clients? "

Et lorsqu’il est question de risque, les femmes ne sont pas plus frileuses que les hommes : elles n’ont simplement pas la même approche. Avant de prendre une décision, elles préfèrent comprendre tous les risques en jeu, savoir comment les atténuer et connaître les répercussions qu’ils pourraient avoir sur leurs activités. Ça tombe bien : nous sommes les experts du risque international. Notre connaissance du risque est théorique autant que pratique, et nous savons le gérer. Grâce à nos solutions financières et du savoir, nous assumons le risque pour que plus d’entrepreneures puissent partir à la conquête du monde.

Le manque de relations

L’absence d’un réseau adéquat pour rencontrer clients, partenaires et fournisseurs potentiels est un autre grand défi que doivent relever les entrepreneures. Heureusement, EDC a les liens d’affaires, notamment avec des organisations s’adressant aux femmes, et les partenariats commerciaux nécessaires pour soutenir et autonomiser plus d’entreprises détenues par des femmes, et ce, à toutes les étapes du parcours d’exportation.

Une panoplie de ressources s’offre aux femmes, mais elles ne savent pas toujours vers qui se tourner ni quand et pourquoi. Il est donc essentiel de les mettre en contact avec les bonnes personnes et au bon moment, pour qu’elles puissent croître et étendre leurs activités.

Les femmes ont besoin d’inspiration et d’exemples de réussite. En les encourageant à voir grand, à « penser mondial » en affaires et en leur parlant de femmes qui ont fait le saut, nous pouvons les rendre plus confiantes et capables de s’imaginer en faire autant. Nous voulons leur montrer le chemin à suivre et leur faire prendre conscience qu’il n’est pas si cahoteux!

Le manque de financement tout comme de capital de croissance et le besoin d’information

Les femmes ont tendance à se montrer réticentes à emprunter ou à utiliser l’emprunt comme outil d’expansion. En général, elles se tournent plutôt vers l’autofinancement, ce qui mine durement leur potentiel de croissance. Et souvent, celles qui empruntent ne demandent pas assez pour gérer leurs besoins à moyen et à long terme et remboursent le prêt rapidement, ce qui limite aussi leur potentiel de croissance. Voilà pourquoi il faut les aider à comprendre comment elles peuvent élargir leur portée et leur clientèle grâce à l’emprunt.

Une plus grande représentation des femmes dans l’écosystème de PME canadien, que ce soit à titre de propriétaires ou de dirigeantes, aurait des retombées économiques énormes, car ce serait synonyme de croissance et de prospérité pour des années à venir. En inspirant les femmes à prendre de l’expansion sur de nouveaux marchés mondiaux et en les épaulant dans cette voie, nous les aidons à faire mousser leurs revenus, à mener des activités plus viables et à stimuler l’innovation. Et qui dit autonomisation économique des femmes dit aussi renforcement des familles et des collectivités et création d’un monde plus sain pour toutes et tous.