Bien qu’il existe encore des occasions d’affaires sur les marchés développés, depuis déjà une dizaine d’années, EDC privilégie la diversification. Les marchés émergents peuvent présenter plus de risques, mais ils sont plus susceptibles de continuer à croître à un rythme rapide au cours des 5, 10 ou 15 prochaines années.

Afin de mettre de l’avant les marchés émergents autres que les classiques faisant partie des pays BRIC, les experts d’EDC en matière de risques économiques et politiques ont déterminé des marchés d’avant-poste — ceux qui ne sont peut-être pas sur le radar des entreprises canadiennes, mais qui constituent toutefois des points d’entrée concurrentiels et des occasions d’intérêt. Pour que ce soit bien clair, personne ne suggère de mettre de côté le marché que constitue le Brésil, mais il peut être également payant de porter son regard vers d’autres marchés.

Les pays sélectionnés ne sont pas des marchés d’avant-poste typiques – des pays dont le commerce est véritablement naissant, mais qui ne bénéficient pas encore d’investissements importants — qu’à des marchés émergents de taille moyenne offrant un bel équilibre entre risques et rendement. Pour nous, un marché d’avant-poste a un PIB oscillant entre 90 et 500 millions de dollars — ce qui exclut de grandes économies comme la Chine et le Mexique, de petites économies comme le Panama — et un seuil de plafond d’engagement par pays (compte commercial) de BBB+ ou moins. Aux fins de notre liste, nous estimons les pays cotés AA trop bien établis pour être vus comme des marchés d’avant-poste.

Pour produire cette liste, nous avons examiné quatre facteurs clés : les risques, la demande, la compétitivité et le potentiel canadien. Ensemble, ces facteurs donnent un aperçu global du potentiel des possibilités pour les exportateurs canadiens.

Liste

  1. Thaïlande
  2. Afrique du Sud
  3. Philippines
  4. Hongrie
  5. Pérou
  6. Vietnam
  7. Roumanie
  8. Colombie
  9. Kazakhstan
  10. Maroc

En définitive, cela donne une liste de pays à l’économie de taille moyenne offrant un bel équilibre entre risques et rendement. La Thaïlande mène le peloton avec des notes élevées pour trois des quatre facteurs.

Exercice risqué?

Pour mesurer ce risque, nous avons utilisé le plafond d’engagement par pays (compte commercial) d’EDC, qui tient compte du meilleur taux possible qui puisse être offert à une entité commerciale dans ce pays; du rapport annuel de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires (Doing Business), pour cerner le cadre réglementaire; et de l’évaluation par l’Economist Intelligence Unit des risques liés au secteur bancaire, pour déterminer les répercussions potentielles sur les entreprises.

Le Pérou, la Thaïlande, la Roumanie et la Colombie présentent tous un bon rendement par rapport à ces indicateurs, mais le Pérou se démarque en raison de sa note élevée en ce qui concerne les risques pour le secteur bancaire. Le Vietnam offre un rendement inférieur à celui des 10 autres pays en raison de son plafond d’engagement par pays (compte commercial) de niveau moyen à élevé par rapport à ceux de niveau faible à moyen ou encore moyen de la plupart des autres.

Répondre à la demande

Tel qu’indiqué précédemment, pour estimer la demande de biens et services, nous avons utilisé le PIB, la consommation de la classe moyenne comme valeur de substitution pour le revenu disponible et la croissance des niveaux d’importation — qui augurent tous bien pour les exportateurs.

Dans ce cas-ci, le Vietnam et les Philippines se démarquent en raison de la croissance impressionnante des exportations et de la consommation de la classe moyenne au cours des cinq dernières années. Le Kazakhstan est bon dernier en raison de la croissance stagnante de ses importations au cours des dernières années.

Compétitivité

Afin de mesurer la compétitivité, nous avons observé deux indicateurs tirés de l’Indice de compétitivité mondiale du Forum économique mondial : la « qualité des infrastructures » indique la capacité à favoriser le commerce, alors que l’« efficacité du marché des biens » permet d’estimer le degré selon lequel un pays favorise une production efficace et rentable, l’achat et la vente de biens et services. Ce dernier indice permet aussi de mesurer la compétitivité du milieu en tenant compte de tous les obstacles auxquels les entreprises (nationales ou étrangères) peuvent devoir faire face.

La Thaïlande se démarque grandement ici avec un score élevé en matière d’« efficacité du marché des biens », suivi de l’Afrique du Sud et du Kazakhstan. La Colombie présente le pire dossier des 10 pays en termes de compétitivité, et le dossier des Philippines est peu reluisant à cet égard.

Potentiel canadien

Nous avons aussi voulu évaluer l’adéquation des exportateurs canadiens par rapport à ces marchés. Pour ce faire, nous avons analysé les domaines où les entreprises canadiennes investissent déjà à l’étranger et les exportations canadiennes totales sur une période de cinq ans. Nous avons également tenu compte de l’« avantage comparatif révélé » et de l’« indice de complémentarité » pour déterminer les secteurs où les entreprises canadiennes se trouvent en position avantageuse.

Les 10 pays de la liste ont tous un rendement à cet égard supérieur à la moyenne, et les Philippines ont eu l’avantage comparatif révélé le plus élevé alors que la Thaïlande a obtenu de bonnes notes dans ce domaine et pour l’« indice de complémentarité ».

Quelques facteurs intangibles

Notre méthodologie ne tient pas compte de certains facteurs, notamment les accords de libre-échange et les accords sur la protection des investissements étrangers (APIE). L’existence de telles ententes procure une certaine tranquillité d’esprit aux investisseurs. Dans le cas de nos 10 pays, il est rassurant de savoir que presque tous bénéficient de protections supplémentaires.

D’autres facteurs peuvent contribuer au taux de croissance des marchés d’avant-poste. L’économie de la Colombie, longtemps freinée par des problèmes de sécurité interne, pourrait prendre son envol sous peu. Une des guérillas présentes au pays a signé un cessez-le-feu, et un accord de paix ne devrait pas tarder.

Ailleurs, le Vietnam présente un grand potentiel de croissance, le Maroc est un point d’intérêt pour EDC depuis un certain temps et l’Afrique du Sud pourrait être un autre marché susceptible de s’envoler. EDC vient d’ouvrir des bureaux à Johannesburg — la porte d’entrée sur le reste du continent.

Autres marchés non retenus

Les marchés d’avant-poste qui sont passés près de figurer sur cette liste de 10 pays ont été écartés principalement parce qu’ils présentent des risques pays plus élevés. Des pays comme l’Argentine, l’Égypte, le Pakistan et le Nigéria présentent incontestablement de belles possibilités, mais ils doivent faire l’objet d’une analyse soigneuse. En particulier, l’Argentine a connu bien des défis dans les dix dernières années, mais semble avoir maintenant tourné la page et constitue un réel potentiel de croissance à court et à moyen terme.

Agissez prudemment

Il importe de se rappeler que les marchés d’avant-poste ne sont en aucun cas parfaits. En Thaïlande, par exemple, l’armée continue d’intervenir sur la scène politique, tandis que l’économie sud-africaine demeure aux portes d’une récession technique. Des risques existent dans chaque cas et ils doivent être déterminés et surveillés, et des mesures d’atténuation doivent être prises si possible.

Notre analyse démontre toutefois que les 10 pays de la liste offrent tous des possibilités d’affaires incroyables pour les exportateurs canadiens. Avec de solides renseignements et une bonne gestion, ainsi que la collaboration de partenaires comme EDC, les rendements peuvent grandement compenser les risques.