Série sur les secteurs : Pétrole et gaz naturel

Chaque année, le secteur du pétrole et du gaz naturel du Canada injecte en moyenne 17 milliards de dollars dans les coffres des gouvernements, en plus d’assurer 500 000 emplois directs et indirects. À l’échelle mondiale, le Canada est le cinquième producteur de gaz naturel et le cinquième producteur de pétrole brut.

Trois segments composent cette industrie. Le segment en amont, parfois appelé « exploration et production », se consacre à la prospection et à l’extraction des ressources; ensuite, le segment intermédiaire concerne le traitement, le stockage, la commercialisation et le transport (par pipeline); enfin, le segment en aval traite le produit dans les raffineries et les usines pétrochimiques et le rend au marché par l’entremise des distributeurs et des détaillants.

L’excellence des entreprises canadiennes est reconnue mondialement dans plusieurs volets de l’industrie, y compris les méthodes d’exploration et de production, le pétrole lourd et le gaz corrosif, la construction, l’exploitation et la surveillance des pipelines, les logiciels d’optimisation et autres applications informatiques ainsi que divers équipements et services. Les sociétés canadiennes travaillent sans relâche pour innover dans les domaines de la récupération assistée du pétrole et de la mise en valeur de ressources non conventionnelles, et elles continuent sur cette lancée. Ces innovations ont des retombées dans divers domaines : technologies environnementales, géomatique, technologies de l’information, communications (activités numériques des champs de pétrole) et équipement de santé et de sécurité. Pour toutes ces raisons, les entreprises canadiennes sont attrayantes pour les acheteurs étrangers.

« Nous travaillons actuellement là-dessus », affirme Robert Hodges, conseiller sectoriel, Pétrole et gaz naturel à Exportation et développement Canada. « Nous recherchons des entreprises canadiennes appropriées en fonction des occasions internationales concrètes qui se présentent. »

Il s’agit d’un changement marqué de stratégie dû à la baisse du prix des ressources. Lorsque le baril se négociait à plus de 100 $, les entreprises canadiennes fonctionnaient presque à plein régime et ne pensaient pas nécessairement à l’exportation. Toutefois, avec le ralentissement actuel sur les marchés canadiens et américains, les entreprises regardent ailleurs.

« EDC privilégie l’approche “équipe Canada”, qui consiste à mobiliser son Groupe du développement des affaires – Marchés internationaux et ses bureaux régionaux et à travailler avec Affaires mondiales Canada (AMC) et les associations provinciales et sectorielles afin de repérer les occasions à l’étranger et de les diffuser auprès des entreprises canadiennes pertinentes », explique M. Hodges.

Exportateurs avertis s’est entretenu avec lui au sujet de l’état du secteur, de son avenir et de comment doivent se positionner les exportateurs en vue de la reprise.

Quel est votre rôle à EDC?

Je suis le conseiller sectoriel pour le secteur du pétrole et du gaz naturel. En gros, je prends en charge l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie globale d’EDC en appui aux entreprises canadiennes de cette industrie. Mes responsabilités et priorités consistent entre autres à développer et à exécuter la stratégie, à soutenir les équipes de développement des affaires dans leur mission d’aide au secteur et à sélectionner, à concevoir et à organiser, des événements qui facilitent les mises en relation entre entreprises canadiennes et acheteurs étrangers.

Quels types d’entreprises exportent dans ce secteur?

Le secteur est divisé en trois segments : en amont, intermédiaire et en aval, qui concernent respectivement l’exploration et l’extraction, le transport par pipeline et le raffinage. Le Canada est reconnu pour ses capacités et ses technologies dans les segments en amont et intermédiaire. Il est difficile de dresser le portrait type des exportateurs, car de nombreuses entreprises, de toutes tailles et de tous les créneaux, offrent une proposition de valeur pertinente pour les acheteurs étrangers.

Où se situent actuellement les débouchés à l’exportation dans ce secteur?

La baisse des prix et le ralentissement actuels n’épargnent personne. Même les pays qui produisent à faible coût réévaluent leurs dépenses d’investissement. On cherche à diminuer les coûts par divers moyens : prix, technologies innovatrices, applications d’optimisation, technologies environnementales ou amélioration des procédés et des méthodes.

Les possibilités sont partout. Nos relations internationales – celles d’EDC et de ses partenaires – nous communiquent des occasions à la pelle. L’Australie, le Brésil, la Colombie, l’Inde, le Mexique, la Turquie, le Moyen-Orient, le Royaume-Uni et les États-Unis sont actuellement des endroits intéressants.

Il y a aussi d’autres marchés où nous sommes moins actifs, comme l’Iran. Depuis la levée des sanctions, beaucoup d’entreprises sont curieuses d’en savoir plus. Elles sont nombreuses aussi à observer l’Argentine. EDC évalue actuellement ce qu’elle peut faire pour les aider au mieux sur ces marchés. Par ailleurs, un pays qui ne retient pas l’attention d’EDC peut très bien être dans la mire d’Affaires mondiales Canada ou d’un partenaire provincial.

Y a-t-il des occasions dans la chaîne d’approvisionnement du secteur?

Oui, et partout. Inévitablement, tout repose sur le prix, le caractère innovant ou économique d’un produit ou d’un service.

Quels sont les traits caractéristiques des entreprises qui réussissent dans le secteur?

L’entrepreneur qui réussit à l’international sait mettre à profit ses relations, que ce soit par l’entremise d’EDC, d’Affaires mondiales Canada ou des partenaires provinciaux. Il est capable de faire le lien entre les besoins des acheteurs étrangers et son offre et n’hésite pas à exploiter cette connaissance du marché. Il veillera à faire le travail préparatoire : s’il s’intéresse à un acheteur sur un marché précis, il s’inscrira sur son site d’approvisionnement pour devenir un fournisseur qualifié. Cet élément comptera énormément au moment de rencontrer l’acheteur en personne, par exemple durant un événement d’EDC ou par l’entremise du Service des délégués commerciaux. En général, la première question qu’un acheteur posera est de savoir si l’exportateur est inscrit à leur site d’approvisionnement. L’exportateur aura alors prouvé qu’il concentre ses efforts sur cet acheteur précis et sur ce marché; il aura donc un avantage sur celui qui hésite.

La proposition de valeur de l’exportateur qui réussit comprend aussi des arguments comme : « vous économiserez », « vous améliorerez vos procédés », « voici notre avantage concurrentiel » ou « c’est un gadget supérieur ». Ce genre de message fait bonne impression sur l’acheteur.

Quelles sont les erreurs commises par les entreprises du secteur?

On voit des erreurs courantes. Certaines entreprises ne font pas le travail de fond dont je viens de parler : pas de vérifications préalables sur le marché, pas de démarches auprès des acheteurs importants ni d’inscriptions sur les sites d’approvisionnement. Il arrive qu’elles s’intéressent à un marché en particulier, mais négligent de participer aux salons professionnels nationaux ou internationaux pertinents. Cet aspect est important, car il est possible qu’EDC, AMC ou des partenaires provinciaux y organisent des séances de jumelage avec des acheteurs importants dans différentes régions. Nous et nos partenaires travaillons pour que les acheteurs intéressés par les biens et services canadiens viennent au Canada et participent à des événements comme le Salon mondial du pétrole de Calgary, qui leur permettent de rencontrer beaucoup d’entreprises en peu de temps.

Que devraient savoir les entreprises du secteur à propos de l’exportation?

Celles qui s’intéressent à un marché en particulier ont accès à de nombreuses ressources. Par exemple, le site Web d’EDC a une section Info-pays. De plus, le site Web d’Affaires mondiales Canada permet de trouver de l’information sur un délégué commercial en particulier et, entre autres, sur les secteurs à surveiller dans sa région. Il est également possible de communiquer avec le Service des délégués commerciaux du Canada pour obtenir des données précises. EDC, Affaires mondiales Canada et les partenaires provinciaux sont là pour aider les entreprises canadiennes à se lancer, à croître et à réussir.

Que peut faire EDC pour les entreprises du secteur?

Il y a d’abord nos produits et services comme le financement, les garanties, le cautionnement et l’assurance. EDC a aussi une stratégie de création de débouchés commerciaux qui vise à mettre en relation des entreprises canadiennes et des acheteurs étrangers, ce qu’elle fait de différentes façons. Nous participons à des événements phares comme le Salon mondial du pétrole de Calgary, le salon ADIPEC d’Abou Dhabi et le Congreso Mexicano del Petroleo, au Mexique. Nous organisons aussi des webinaires qui permettent à des acheteurs étrangers de faire connaître à peu de frais leurs besoins d’approvisionnement aux entreprises canadiennes. Nous pouvons aussi coordonner une rencontre virtuelle lorsque nous repérons une entreprise canadienne apte à combler les besoins d’un acheteur. Peu importe la formule, notre but est d’aider l’exportateur. Cependant, avant d’organiser une rencontre, nous nous assurons que les deux parties y trouveront leur compte.

EDC a également mis sur pied un fonds de 750 millions de dollars pour aider les PME canadiennes du secteur du pétrole et du gaz naturel à traverser cette période de ralentissement. Les entreprises qui souhaitent en bénéficier devront avoir un plan de survie solide pour les deux prochaines années et présenter une dimension « exportation », sous la forme d’activités à l’étranger déjà en cours ou de visées d’expansion hors du Canada.

Les investissements de ce fonds se concentreront sur les gains de productivité, l’ouverture de nouveaux marchés, le perfectionnement de technologies pour aider les entreprises à diversifier leurs activités et l’amélioration de la durabilité de l’environnement.