La pandémie a durement touché les exportateurs de biens canadiens, et à bien des égards, tout comme la crise financière il y a plus d’une décennie. En se basant sur des données récentes de Statistique Canada, qui suit cet important groupe d’exportateurs, Exportation et développement Canada (EDC) a pu creuser pour analyser les tendances des 15 dernières années. Voici donc la liste des dix faits les plus intéressants relevés par les experts des Services économiques d’EDC.

1. Le long chemin de la relance

Au Canada, le nombre d’exportateurs de biens avait brusquement chuté lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, et malgré une progression soutenue ces dix dernières années, il n’était pas revenu à son niveau d’avant la crise au début de la pandémie.

Baisse de 7 % du nombre d’exportateurs depuis 2005

Le nombre d’exportateurs de biens canadiens dépassait les 54 000 en 2005, un sommet, mais a plongé durant la crise financière mondiale, pour s’établir à 45 000 en 2010. Malgré une progression constante qui lui a permis de dépasser les 50 000 en 2019, il est resté à 7 % sous son niveau de 2005.

2. Les exportateurs de taille moyenne sont ceux qui ont gagné le plus en nombre

Un découpage plus approfondi des données par tailles d’entreprise a permis de conclure que la baisse du nombre d’exportateurs depuis 2005 se fait ressentir surtout chez les petites entreprises (moins de 100 employés). Fait surprenant : les exportateurs de taille moyenne (de 100 à 500 employés) ont davantage gagné en nombre que ceux de petite et de grande taille.

Déclin du nombre de petits exportateurs

3. Petites, mais efficaces et redoutables

Nous avons constaté que la majorité des exportateurs de biens canadiens (environ 80 %) étaient de petites entreprises de moins de 50 employés. Toutefois, 60 % de la valeur des exportations du pays passe par les grands exportateurs de plus de 500 employés.

La plupart des exportateurs de biens ont moins de 500 employés

4. Moins, c’est mieux?

Malgré le déclin du nombre d’exportateurs au cours des 15 dernières années, la bonne nouvelle, c’est que la valeur des exportations de biens canadiens a augmenté de façon notable et que la productivité des exportateurs est en plein essor. À nouveau, nous avons été surpris de voir que c’est chez les exportateurs de taille moyenne que la valeur moyenne des exportations par entreprise a connu la plus grande croissance (75 %, ce qui est nettement plus élevé que les 47 % pour toutes les tailles d’entreprises).

Les moyennes entreprises sont le moteur de la croissance

 

5. Survol des régions

Si l’on s’attarde aux différences entre les régions, ce sont l’Ontario et le Canada atlantique qui ont vu leur nombre d’exportateurs diminuer le plus. Et si l’Ontario regroupe la majorité des exportateurs de biens au Canada, c’est dans l’Ouest canadien que les PME affichent la valeur des exportations la plus élevée, ce qui découle de leurs activités en périphérie du secteur pétrolier et gazier. Fait intéressant : les territoires sont la seule région canadienne dont le nombre d’exportateurs a augmenté au cours des 15 dernières années.

Les territoires affichent la plus forte croissance des exportateurs de biens


 

La valeur des exportations est plus élevée dans l’Ouest canadien

6. La diversification, surtout pour celles qui avaient déjà diversifié leurs marchés

La diversification des marchés d’exportation s’est poursuivie, mais surtout chez les entreprises qui avaient déjà réussi à percer des marchés étrangers dans les 15 dernières années. Les exportateurs diversifiés présents sur six marchés étrangers ou plus chaque année ont continué leur expansion vers de nouveaux marchés. En outre, le nombre d’exportateurs qui vendent leurs biens sur cinq marchés ou moins a chuté.

Les exportateurs qui se sont bien diversifiés en récoltent les bénéfices

7. États-Unis : le premier marché extérieur des entreprises canadiennes

Pour les PME exportatrices, les États-Unis demeurent le premier partenaire commercial du Canada, puisque 60 % d’entre elles vendent exclusivement sur ce marché, une tendance qui s’est maintenue de 2005 à 2019. Alors que la plupart des grands exportateurs canadiens exportent vers les États-Unis ainsi que différents marchés étrangers, la part du groupe qui exporte exclusivement vers les États-Unis a augmenté ces dernières années, passant de 34 % en 2005 à 40 % en 2019.

Les États-Unis : le principal marché d’exportation des PME

 

 

Les grands exportateurs comptent davantage sur les États-Unis

8. Un avenir radieux pour les marchés émergents

Le nombre d’entreprises exportant vers des économies avancées s’est généralement réduit, mais le nombre d’exportateurs et la valeur des exportations vers la Chine ont grandement augmenté au cours des 15 dernières années. La valeur des exportations et le nombre d’entreprises exportant vers l’Afrique, le Moyen-Orient, le reste de l’Asie et l’Australie a aussi rapidement augmenté.

Croissance plus forte en Afrique, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

 

 

La Chine est un important marché d’exportation

9. Moins de cuir, plus de Justin Bieber

Les données par secteurs montrent des changements manifestes : l’avantage comparatif et la capacité concurrentielle des exportateurs de biens canadiens ont évolué. Les secteurs où le nombre d’exportateurs a le plus gonflé sont l’immobilier, les arts, le divertissement, les loisirs et la gestion de sociétés et d’entreprises.

Les changements sectoriels au cours des 15 dernières années

Les secteurs qui ont perdu des plumes sont les fabricants de vêtements, l’hébergement, la restauration, les textiles et le cuir. Variation en % des exportateurs 

Les fabricants de vêtements, de textiles et de cuir ont connu une baisse de leur volume d’exportations

10. Les répercussions de la pandémie freinent la relance

Au début de la crise, le Canada a subi un déclin marqué du nombre d’exportateurs : 6 % en mars 2020 et 15 % de plus en avril 2020. Le choc initial de la pandémie a rayé 4 000 entreprises de la liste des exportateurs. En décembre 2020, le nombre d’exportateurs se situait à 10 % en deçà de la moyenne mensuelle de 2019.

Les exportateurs ont été durement touchés au début de la pandémie

La pandémie a sévi partout au pays et dans tous les secteurs. Les petits exportateurs ont été frappés plus fort que les autres, particulièrement au Québec et en Ontario. Ceux du Canada atlantique ont montré une plus grande résilience : la région a réussi une vigoureuse reprise et s’approche maintenant des niveaux d’avant la pandémie.

Les petits exportateurs ont été les plus désavantagés


 

Les exportateurs du Québec ont été les plus durement touchés

 

La crise sanitaire a inversé la forte croissance que connaissaient les exportateurs de biens associés aux secteurs des services depuis une décennie. Les mesures et les restrictions gouvernementales mises en place pour endiguer la propagation du virus ont nui aux activités de beaucoup d’entreprises. Les secteurs comme les arts, le divertissement et les loisirs souffrent encore de ces restrictions, le nombre d’exportateurs de l’ensemble du secteur se trouvant à 16 % en deçà de la moyenne de 2019, alors que le nombre dans ceux de production de biens s’approche d’un rétablissement (8 % sous la moyenne de 2019).

La reprise du secteur des services accuse du retard

En conclusion

Le contexte commercial mondial a radicalement changé au cours des 15 dernières années pour les exportateurs canadiens, l’avantage concurrentiel ayant été redistribué entre les secteurs. Si le nombre d’exportateurs de biens canadiens n’est pas encore revenu au nombre record de 2005, on observe des gains de productivité importants, surtout chez les exportateurs de taille moyenne. Par ailleurs, les exportateurs canadiens dépendent encore des États-Unis, mais les exportations vers l’Asie et l’Afrique affichent une croissance soutenue. Enfin, la COVID-19 complexifie la conjoncture en renversant les tendances à long terme dans le secteur des services et en donnant du fil à retordre aux petits exportateurs.