Spem successus alit. Si le succès nourrit véritablement l’espoir, 2021 s’annonce riche en sujets d’inquiétude. Non seulement les effets dévastateurs de la pandémie observés en 2020 ont-ils persisté en ce début d’année, mais ils se sont même amplifiés. Face à une troisième vague d’infections et à l’apparition de nouveaux variants du virus – dont la propagation est encore plus rapide –, plusieurs grandes régions de l’économie mondiale ont resserré leurs mesures de restriction et de confinement. Voilà un début d’année déconcertant qui jette déjà un doute sur la réalisation de nos vœux du Nouvel An.
Ce retournement va à l’encontre des attentes du début de la pandémie. Pour la majorité des gens, les restrictions extraordinaires, les imposants programmes d’aide publics et les avancées sur le plan médical auraient dû entraîner le retour à un niveau habituel d’activité économique. En fait, les indicateurs du commerce de détail nous disent que ce fut le cas pour une bonne partie de l’économie de la planète. Toutefois, les conséquences de la pandémie ont été ressenties de manière inégale. On a bien assisté à un certain redressement de l’activité, mais des secteurs entiers demeurent plombés par la COVID-19 avec peu d’espoir d’une relance imminente. Pour ne rien arranger, voici qu’une troisième vague d’infections déferle maintenant sur le globe.
À l’évidence, les restrictions ne stopperont pas la pandémie. Malgré des contrôles très stricts, même la Chine n’est pas parvenue à éradiquer le virus. Dans la province du Hebei, l’apparition de nouveaux foyers du 1er au 10 janvier a obligé les autorités locales à confiner la population et à allonger de sept jours la quarantaine de 14 jours déjà exigée lors d’un retour de voyage.
Et la situation est pire en Occident. Les espoirs de pouvoir cibler et isoler plus efficacement les nouveaux foyers d’infection ont laissé place à un reconfinement généralisé. Pour pallier le ralentissement de l’économie, il faudra déployer de nouvelles mesures de relance, question de « gagner du temps » en attendant de « gagner la bataille » contre le virus.
Les espoirs se fondent de plus en plus sur l’administration à grande échelle de vaccins. À ce jour, trois vaccins ont été approuvés au terme d’un processus accéléré s’étendant d’habitude sur plusieurs années. Ce tour de force a donné de l’espoir à tous ceux qui voient – et ils sont nombreux – la vaccination comme le moyen le plus rapide de retourner à une vie normale d’ici la mi-année. Dans le même temps, beaucoup se méfient des effets secondaires potentiels liés aux nouveaux vaccins. Dans ce contexte, il est possible qu’une partie importante de la population soit réticente à se faire vacciner.
Nous souhaitons tous le rétablissement de l’économie, mais cela se produira uniquement si nous sommes victorieux face à la pandémie. Voilà assurément un projet ambitieux en 2021.
D’autre part, la polarisation croissante sur la scène politique depuis plus d’une décennie a été accentuée par la pandémie. Cette année, la transition politique aux États-Unis sera un défi crucial qui ne se limitera pas à maintenir le cap sur l’investiture du 20 janvier. La nature profondément fracturée du débat politique en Amérique menace depuis déjà un bon moment la cohésion et nuira aux efforts pour contrer la pandémie et ses répercussions à long terme.
Ce type de contexte prédomine aussi à l’extérieur des États-Unis, notamment au Royaume-Uni dans le dossier du Brexit. Comme prévu, l’impasse entre les parties a été dénouée in extremis. Cependant, les Britanniques particulièrement divisés débattront sans doute des retombées de l’accord à mesure que ses impacts deviennent apparents au cours des mois et des années à venir. Parallèlement, l’accord ne fait pas forcément l’unanimité au sein de l’Union européenne. La capacité à composer avec les divisions politiques sur le continent sera mise à l’épreuve plus tard cette année lorsque la chancelière allemande Angela Merkel quittera ses fonctions.
L’omniprésence des divisions politiques sur les marchés nationaux laisse présager des relations internationales tumultueuses. Il sera alors tentant de faire porter le blâme des problèmes intérieurs à des acteurs extérieurs ou encore de détourner l’attention des mécontents en se focalisant sur des questions de politique étrangère comme les tensions entre les États-Unis et la Chine, et d’autres du même genre.
Le retour à la normalité permettra de surmonter dans une large mesure les difficultés sur les fronts économique et géopolitique. Toutefois, par la suite, d’autres défis surgiront, notamment le véritable coût de l’interruption des activités causée par cette crise. Il faudra s’attaquer à l’augmentation formidable de la dette publique et, en l’absence de solution miracle, les mesures budgétaires prises pour remédier à ce problème viendront hypothéquer une partie de la croissance à moyen et à long termes.
Par chance, une force dominante du dynamisme économique est source d’espoir à court terme. Avant la pandémie, on trouvait les signes d’une abondante demande comprimée aux États-Unis et en Europe, et cette demande n’a fait qu’augmenter durant le confinement vu la suspension d’une grande partie des dépenses discrétionnaires. Or, ces sommes engrangées ont gonflé l’épargne des consommateurs et pourront de nouveau être injectées dans l’économie quand la conjoncture s’améliorera. Ces sommes substantielles agiront comme un antidote fort nécessaire quand les aides publics commenceront à se tarir.
Conclusion?
À bien des égards, le contexte actuel s’apparente à un hiver sombre. Pour l’heure, il nous prive de l’espoir d’une reprise et d’un retour à la normalité telle que nous la connaissions il y a un an à peine. Si le succès nourrit effectivement l’espoir, nous aurions tout intérêt à inscrire quelques « victoires » à notre palmarès en ce début d’année. Sur ce, permettez-moi de vous offrir mes meilleurs vœux pour la nouvelle année qui, je l’espère, sera sous le signe de la joie, de la santé et de la prospérité.
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