Le Canada revient à la charge : nous avons identifié une autre région de l’économie mondiale avec laquelle nous avons besoins de conclure un accord de libre-échange. L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ou ANASE) a été créée en 1967 par les cinq nations qui la composent actuellement afin de promouvoir, entre autres choses, la croissance économique. Aujourd’hui, elle est formée par ses pays membres d’origine : l'Indonésie, la Malaysie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande, de même que le Brunei, le Vietnam, le Laos, le Myanmar et le Cambodge.  Cette alliance est souvent saluée comme un succès pour plusieurs raisons, et la croissance économique est certainement du nombre. Grâce à sa situation géographique, cette association est promise, semble-t-il, à un brillant avenir. Alors, le Canada en récolte-t-il les fruits?

La taille et la croissance record des économies de l’ANASE est, en soi, une raison suffisante pour resserrer nos liens. Au début du nouveau millénaire, collectivement, leur taille était égale à celle de l’économie indienne et elles comptaient parmi les économies les plus dynamiques, et leur performance lors des années avant la récession n’a pas déçu. Ces nations commerçantes ont été éprouvées durant la grande récession et elles ont, à l’instar des autres économies, lancé des programmes de relance dès les premiers jours de la crise. Ces économies ont connu une reprise impressionnante, en partie grâce à la résilience de l’économie chinoise. Même si les inquiétudes actuelles dans la sphère du commerce ralentissent son élan, la croissance collective des nations de l’ANASE devrait être restée éclatante à moyen terme.

Le Canada profite de ses échanges commerciaux avec les nations de l’ANASE. Depuis 2000, la croissance des exportations de marchandises vers cette région est en augmentation : elle représente plus du triple de la croissance moyenne de nos exportations vers le reste du monde. Au cours des quatre dernières années, malgré les multiples difficultés sur la scène du commerce international, cette croissance est demeurée le double des exportations vers d’autres destinations. L’investissement canadien total dans les nations de l’ANASE a connu une croissance annuelle de 10 % depuis 2013, et il était d’un peu plus de 12 milliards de dollars en 2017.

Nos exportations vers l’ANASE sont diversifiées. Les trois secteurs qui cherchent à se hisser au sommet du classement sont ceux du blé, des pâtes et des minéraux non métalliques. En tête des exportations, on trouve les produits alimentaires qui représentent le quart de l’activité totale, et leur croissance annuelle de plus de 10 % dépasse la croissance moyenne globale.

Ainsi donc, l’avenir s’annonce radieux pour les nations de l’ANASE. L’Indonésie, le Vietnam et les Philippines figurent souvent dans le palmarès des nations « prochaines » ou émergentes les plus porteuses de la planète. Singapour demeure un incontournable dans la région en tant que baromètre du commerce mondial. Par ailleurs, le Myanmar, le Cambodge et le Laos recèlent un immense potentiel de croissance rapide.

Les résultats du Canada sont inégaux selon les pays. La croissance des exportations est particulièrement robuste dans les quatre économies à la croissance rapide : soit le Vietnam, les  Philippines, le Cambodge et le Myanmar. Leur croissance moyenne est de loin supérieure à celle du peloton, et collectivement leur croissance annuelle dépasse 15 % depuis quatre ans, et 9 % depuis 2000. Ensemble, elles pèsent pour 32 % des exportations entre entre.le Canada et l’ANASE, ce qui correspond à la part de nos exportations vers l’Indonésie, une destination de premier plan, même si notre performance a été décevante ces dernières années. De la même façon, la croissance récente de nos exportations vers Singapour, la Thaïlande et la Malaisie a été moins vigoureuse.

Les activités d’investissements se concentrent en Indonésie, aux Philippines et à Singapour, qui ensemble représentent 88 % des avoirs canadiens dans l’ANASE. La croissance récente est vive dans ces deux dernières nations, mais elle s’est stabilisée en Indonésie.

Malgré le début d’un ralentissement et la performance irrégulière du Canada, cette région offre des perspectives toujours positives. Le potentiel de production des nations de l’ANASE nous permet de croire que la croissance se maintiendra bien au-dessus de la moyenne des marchés développés pendant encore des années. Enveloppées par les puissances régionales émergentes que sont la Chine et l’Inde, les économies de l’ANASE assisteront sans doute à une hausse de la demande régionale envers leurs ressources, leur production manufacturière et leur abondante main-d’œuvre. Si le Canada continue d’accroître ses exportations et ses investissements sur ce marché à la cadence actuelle, nos activités commerciales avec l’ANASE pourraient représenter une importante part de nos exportations – ce qui la propulserait dans notre top 5.

Conclusion?

Vos plans de diversification commerciale devraient tenir compte des économies dynamiques de l’ASANE. Alors que d’importants marchés régionaux doivent composer avec des contraintes de capacité, les nations de l’ANASE sont de plus en plus appelées à combler le manque à gagner – ce qui stimulera la demande envers les biens et les services canadiens. Et si nous parvenons à ratifier un accord de libre-échange avec cette zone économique, les perspectives du Canada seront encore plus prometteuses. Voilà qui est matière à réflexion.

 

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