Alors, que ferez-vous maintenant? Prendre des décisions est devenu beaucoup plus difficile dans le climat économique et politique actuel. De même, prédire l’issue d’une élection est plus complexe en raison de la montée du populisme. Les actions politiques et les déclarations bousculant de vieux axiomes du commerce international font de la simple planification à court terme un exercice pour le moins laborieux. Dans un contexte de capacités plus serrées et de taux d’intérêt à la hausse, une grande partie de la population est confrontée à un nouveau paradigme. Peut-on trouver un sens à tout cela?

La croissance est robuste

C’est précisément à cette tâche complexe que se sont attaqués les Services économiques d’EDC dans la livraison de l’automne 2018 des Perspectives économiques mondiales. Nous observons d’emblée que malgré la tourmente l’économie mondiale accélère la cadence. En fait, sa croissance est robuste et principalement tirée par l’économie américaine. De plus, cette croissance se propage – bon nombre d’éléments factuels indiquent qu’elle stimule l’activité en Europe et prend la direction des économies émergentes. Et le plus beau, c’est que cette croissance sera durable. Même si de plus en plus d’analystes contestent cette proposition, il est impossible de nier que la demande comprimée – un vecteur incontournable de la croissance future – est présente dans les économies développées.

L’économie est confrontée à de forts vents contraires

La croissance est remarquable compte tenu des puissants vents contraires qui soufflent sur l’économie mondiale. Quels sont-ils? Tout d’abord, l’hésitation : elle compte parmi les préoccupations de longue date. Le maintien d’une croissance apathique pendant les années ayant suivi la récession a engendré une réticence à investir qui freine toujours l’économie. Ensuite, le populisme : il fait planer de l’incertitude puisqu’il continue de remettre en cause le statu quo. Enfin, le protectionnisme – l’un des principaux résultats de ces perturbations politiques – s’exprime non seulement par des menaces, mais aussi désormais par l’imposition de droits tarifaires.  La conclusion d’un accord de principe portant sur l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) est rassurante; pourtant, le protectionnisme se porte toujours bien dans d’autres sphères – et il soulève des doutes qui minent les activités commerciales.

La hausse des taux d’intérêt, une menace plus récente à la croissance, aura une incidence moins marquée dans le monde développé; après tout, le relèvement des taux a pour but de gérer la croissance et non de la supprimer. Ce qui est le plus redouté, c’est l’effet de propagation de cette hausse sur les marchés émergents, où la période prolongée de taux incroyablement bas tire à sa fin. Les pays qui ont utilisé sans retenue du crédit bon marché doivent maintenant faire face à une augmentation des coûts et à de l’instabilité. Les premiers effets sont manifestes en Turquie et en Argentine. On s’attend à ce que les turbulences se généralisent et se maintiennent pendant encore un bon moment.

La croissance tient bon!

À ce jour, la croissance résiste. Malgré la possibilité de perturbations, il est évident que les entreprises répondent à la demande du marché. Dans ce contexte, nous tablons sur une accélération de la croissance américaine, qui passera de 3 % cette année à 3,3 % en 2019. L’Union européenne, l’autre locomotive de la croissance mondiale, devrait connaître deux années consécutives d’une croissance d’un peu plus de 2 %, soit supérieure au potentiel à long terme. Pour leur part, les marchés émergents afficheront collectivement une croissance de 4,7 % en 2018, puis de 4,6 % l’an prochain, car l’économie chinoise marquera légèrement le pas. Dans l’ensemble, la croissance mondiale maintiendra le cap à 3,2 % cette année et l’an prochain.

Malgré ce tableau positif, nos perspectives tiennent compte de la présence de vents contraires. Tout d’abord, l’incertitude entourant la politique commerciale engendre indéniablement une « hésitation à investir », et ce, à un moment délicat : la croissance et d’éminentes contraintes de capacité soulignent l’urgence d’investir davantage dans les installations et l’équipement. Ensuite, un contexte de taux d’intérêt plus élevés représente une nouvelle réalité pour toute une génération. S’y adapter ne sera pas chose facile pour les marchés développés; quant au monde émergent, il subit des fluctuations plus importantes et persistantes qui sont une source d’instabilité. D’un point de vue stratégique, il sera impératif à court terme de gérer ces enjeux.

Le Canada profite de cette période de prospérité. Le cours des produits de base est généralement stable. Les taux d’intérêt continueront leur ascension, mais à un rythme plus lent qu’aux États-Unis. Par conséquent, nous nous attendons à une modeste appréciation du huard qui se poursuivra l’an prochain. Ces conditions, conjuguées à la fermeté de la croissance mondiale, contribueront à dynamiser les exportations canadiennes, dont la croissance s’élèvera à 6 % cette année, puis à 4 % en 2019.

Conclusion?

La croissance sera solide et soutenue : voilà le thème dominant de nos perspectives mondiales. On peut imaginer à quoi ressemblerait cette impulsion si les vents contraires cessaient – ou ce qu’elle sera maintenant que l’un des vents contraires les plus puissants est tombé. Pour l’heure, il est essentiel de se doter d’une stratégie pour composer avec les vents contraires toujours actifs et, lorsque cela est possible, en tirer parti.

 

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