L’année 2020 commençait à peine lorsque nous avons eu droit à la surprise de l’année. D’habitude, en décembre, les Services économiques d’EDC débattent des faits marquants de l’année dans les sphères économique et politique avant d’annoncer leur choix. Cette année, la pandémie était la candidate toute désignée. Quand elle a fait les grands titres en janvier, elle était au départ vu comme une préoccupation se limitant à la Chine. On ignorait alors que la COVID-19 allait balayer la planète en 2020 et qu’elle causerait trois énormes vagues d’infection. Comment la pandémie a-t-elle redéfini notre monde et quelles en seront les conséquences durables?

Tout d’abord, la pandémie a redéfini le concept même de récession. Il est vrai que l’activité économique s’était contractée pendant deux trimestres consécutifs, ce qui est conforme à la définition habituelle de « récession ».  Le confinement de la Chine au premier trimestre a provoqué un léger repli de la production mondiale, qui a cédé la place à de très forts bouleversements au deuxième trimestre. La rapidité et l’ampleur de la chute de la production ainsi que la portée internationale du problème ont fondamentalement changé la donne en 2020. De l’avis de plusieurs, cette chute s’apparentait à une dépression économique. Pour toutes ces raisons, la surprise de l’année 2020 est plutôt unique dans l’histoire.

Ensuite, la débâcle de 2020 a redéfini la notion de programmes de relance. Pas le type de programmes en soi – les mesures de relance financière et monétaire déployées cette année n’étaient pas nouvelles –, mais plutôt leur incroyable envergure et la vitesse de leur mise en œuvre, deux facteurs qui leur vaudront de passer à l’histoire. Bon nombre de pays ont injecté des sommes inédites pour lutter contre la pandémie dans l’espoir de maintenir l’activité économique alors que les entreprises fermaient leurs portes. Par ailleurs, les nations ayant une marge de manœuvre ont abaissé leurs taux d’intérêt à des niveaux sans précédent et relâché les freins à leur politique d’assouplissement quantitatif pour maintenir un niveau adéquat de liquidités dans le système. Fait à noter, les banques centrales ont considérablement allongé la liste de leurs actifs visés par des rachats.

Malheureusement, les gouvernements avaient peu de liquidités excédentaires pour financer pareilles dépenses publiques : il a donc fallu emprunter. Résultat : les déficits se sont envolés partout, sans qu’on se soucie vraiment de la manière de les rembourser. Pour le moment, les cibles en matière de soutenabilité de la dette et de réduction des déficits ont été mises de côté, ce qui est le cas même chez certains des plus ardents gardiens de la rigueur financière. L’Europe considérait un ratio de la dette au PIB de 60 % comme étant gérable à long terme. Désormais, même la France et l’Allemagne ne s’approchent plus de ce taux. Les États-Unis ont franchi ce seuil il y a une décennie et lorsque la pandémie se terminera, ce taux y dépasserait les 130 % selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Fait encore plus troublant, les États-Unis ne font pas figure d’anomalie. Aujourd'hui, chaque pays est aux prises avec la dette engendrée par la pandémie, qui a redéfini les limites de la dette publique jugées acceptables – du moins pour l’heure.

Ces mesures-chocs avaient pour but de rapidement stopper la pandémie. Leur efficacité a cependant été passagère. La troisième vague d’infections qui déferle en ce moment le globe est inquiétante et entraîne une seconde mise à l’arrêt importante mais partielle de l’activité, ce qui vient brider la croissance. L’approche de gouvernance varie selon les pays et aucun jusqu’ici ne peut affirmer que sa méthode est supérieure. Les espoirs reposent en grande partie sur le développement de vaccins. Les programmes accélérés ont produit deux voire trois candidats vaccins viables dont les étapes d’approbation sont franchises à la vitesse grande V. Les processus s’étalant d’habitude sur plusieurs années se font dans l’espace de quelques mois ou mêmes semaines. Il semble bien que la pandémie transforme aussi les domaines de la recherche et de la réglementation. 

C’est un fait indéniable : la pandémie a redéfini notre façon de vivre. L’isolation sociale est devenue la norme et changera du tout au tout notre façon de célébrer les Fêtes de fin d’année à venir. Dans le monde des affaires, la technologie a rendu le numérique omniprésent et mis de côté bon nombre de systèmes analogiques. Il reste à voir si ces changements seront permanents. Chose certaine, leurs répercussions sociales sont majeures. Notre connaissance des comportements nous permet de croire, tout comme au lendemain de la crise du SRAS, que l’on assistera à un grand retour vers un mode habituel d’interactions  à l’école, au travail et dans les voyages. Malgré tout, certaines entreprises décident d’opérer un virage complet vers le virtuel, de se départir de leurs locaux et de se doter uniquement d’un effectif en télétravail. Selon la durée de la pandémie, le travail, l’enseignement, les loisirs et les interactions sociales en mode virtuel pourraient de plus en plus devenir la norme.

Conclusion?

Résumer les multiples effets d’une grave pandémie n’est pas une mince tâche. Ni d’ailleurs imaginer à quoi ressemblera l’avenir au beau milieu d’une pandémie. Ce qui est essentiel, c’est de garder à l’esprit que nous voulons tous qu’elle se termine au plus vite. C’est le message des éléments « inédits » évoqués ici. Il est possible que certaines choses ne soient plus comme avant, ce qui est presque une certitude compte tenu des nombreuses redéfinitions observées. Notre intense désir collectif de renouer avec la normalité constitue un formidable incitatif à effectuer ce retour le plus tôt possible. À l’approche d'un temps des Fêtes qui s’annonce résolument différent, nous vous souhaitons de trouver la paix et la sérénité au milieu de cette tempête.

 

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