Pour tous ceux en quête de sensations fortes dans la sphère économique, l’année 2018 a été parmi les plus palpitantes de récente mémoire. Le reste des gens, sans doute la majorité, se contenterait bien d’une année plus calme, mais il risque d’être déçu en 2019 : vu le nombre d’événements en cours ou à venir, il est presque certain qu’il y aura d’autres « passages en montagnes russes », et se fermer les yeux ne sera sans doute pas la meilleure approche. Alors, que devrons-nous surveiller en 2019?

Une récession à l’horizon?

La trajectoire de la croissance est dans tous les esprits, et un nombre grandissant d’analystes souscrivent à l’idée d’une récession. En effet, la plupart des spécialistes estiment, et pour plusieurs raisons, que nous sommes avancés dans le cycle économique et que l’heure du repli de l’activité a sonné. Nous ne sommes pas d’accord avec cette proposition, mais il est possible que la confiance vienne changer la donne, d’autant que le « facteur de la peur » semble s’accentuer.

La politique monétaire avive les craintes d’un ralentissement de l’activité. La montée des taux d’intérêt pèse sur les marchés émergents; de leur côté, les économies développées très endettées sont gagnées par la nervosité quant à leurs perspectives. Et puis il y a un autre facteur moins évident, mais tout aussi troublant : le retrait de l’assouplissement quantitatif. La Réserve fédérale s’était engagée seule dans cette voie, mais la BCE a désormais emboîté le pas, ce qui n’a pas manqué de provoquer des turbulences sur les marchés boursiers. 

La paralysie du gouvernement (le « shutdown ») aux États-Unis plombera très certainement la croissance mondiale en début d’année. L’impasse au sujet du financement du « mur » en est à sa cinquième semaine, et au moment de la rédaction de ce propos, aucune résolution rapide ne semblait être en vue. Quoique temporaire, cette paralysie partielle se répercute sur l’activité réelle à un moment où l’économie est vulnérable. Résultat : cette paralysie pourrait avoir des conséquences durables.

Un protectionnisme persistant?

Malgré la signature de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique, la session à la Chambre des représentants et au Congrès américain sera assurément tumultueuse. Attendons-nous à des moments décisifs et à un « jeu de la corde raide » qui mettra à l’épreuve les exportateurs des trois pays signataires de l’accord. La partie est donc loin d’être terminée.

Le commerce doit faire face à une menace plus imminente : le Brexit. La date butoir du 29 mars approche à grands pas; or, les échéances législatives britanniques sont à nos portes. Compte tenu du vote prévu ce mardi, il reste à peine trois jours pour élaborer un « plan B »; même avec l’approbation de la majorité, il n’y a aucune garantie quant à la forme que cela prendrait puisque le Parlement a le droit de l’amender. Ainsi, le scénario d’une absence d’accord (le fameux « no deal ») est très probable, et le Royaume-Uni n’a mis en place aucun plan de secours.

La dispute entourant les droits de douane entre les États-Unis et la Chine est plus qu’une prise de bec. Ce différend est, pour plusieurs, la principale cause de la faiblesse de l’activité en début d’année et de l’érosion de la confiance envers le dynamisme économique. Les enjeux sont considérables pour les deux nations concernées, voilà pourquoi nous avons l’intime conviction qu’il y aura une résolution avant la fin de l’année. Ni les États-Unis ni la Chine ne souhaitent l’imposition de droits tarifaires de 25 %, et le délai prévu de 90 jours est un signal bilatéral fort de leur intention de sortir de cette impasse. Naturellement, l’hésitation passagère qui touche l’investissement et l’activité commerciale ne fait rien pour améliorer les choses.

Le paysage électoral

En 2019, la liste des élections déterminante est plus courte que par les années passées, mais ce n’est pas là un gage de stabilité. Il faudra surveiller les élections d’avril et de mai en Inde. Au vu de l’opinion actuelle, la majorité obtenue par le premier ministre Modi pour faire adopter des politiques controversées pourrait à nouveau faire place à un parlement sans majorité. Les élections parlementaires de l’UE, d’ordinaire monotones, sont prévues pour le 26 mai. Elles pourraient être le théâtre de scrutins plus animés dans la foulée du Brexit et la présence de l’activisme populiste chez les principaux piliers du continent. Pour sa part, l’Afrique du Sud tiendra des élections générales dans un contexte marqué par des troubles économiques. En 2019, il se tiendra d’autres élections générales dignes de mention, notamment en Indonésie, en Grèce, au Nigéria, en Afghanistan, en Argentine, en Ukraine, en Turquie et, bien entendu, au Canada. Nous nous rendrons donc aux urnes avant le 21 octobre prochain.

Ces événements incontournables sont prévisibles. Ce que nous pouvons sans doute prédire avec un certain degré de certitude, c’est le caractère imprévisible du paysage économique et politique en 2019. Sur le plan économique, cela se traduira par une hésitation à investir – voilà qui n’est pas nouveau – dont l’impact ne fera que s’accroître à mesure qu’elle persiste. On s’inquiète que cette hésitation gagne les consommateurs – qui représentent un pan nettement plus important de l’économie générale ; cela se produit déjà sur certains marchés émergents clés.

Conclusion?

Après une décennie d’incertitude économique, le pire ennemi de l’élan économique actuel demeure aussi menaçant en ce début de nouvelle année. Même si ce scénario est improbable en 2019, réussir à consolider les assises de l’activité économique mondiale serait au nombre des grandes réalisations de l’année.

 

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