Ça ne devait pas se passer comme ça. Nous avons commencé 2020 avec l’optimisme qui accompagne la nouvelle année. Pourtant, quelques jours plus tard, la crise de la COVID-19 a éclaté en Chine pour ensuite gagner le reste de la planète en l’espace de quelques semaines. À maintes reprises, on a annoncé la fin de cette pandémie; chaque fois cet espoir a été déçu. Un an plus tard, le nombre de cas d'infection augmente et de nouvelles restrictions répriment le dynamisme économique. On évoque de nouveau la possibilité d’une récession « à double creux ». Face à ce début d'année décevant, on se demande à quoi ressembleront les perspectives pour l'économie mondiale.

Pour le savoir, plusieurs facteurs doivent être examinés. Le premier facteur – d’une importance capitale – est la pandémie; sur ce front, les chiffres actuels ont de quoi décourager. Les espoirs se fondent essentiellement sur la mise en œuvre des programmes de vaccination. Grâce à la découverte de deux vaccins dotés d’un taux d'efficacité de 95 % et d'un troisième qui s'annonce prometteur, nos progrès dépassent ceux attendus à l'automne dernier. La vaccination à grande échelle devrait donc débuter d'ici la mi-2021. Si tout se passe bien, le retour à la normale devrait dynamiser la croissance au deuxième semestre et en 2022.

D'où vient cette certitude ? La plupart des secteurs d'activité se sont déjà adaptés à la pandémie. Un peu partout sur le globe, une majorité de travailleurs a conservé un emploi à temps plein; et bon nombre de ceux qui l’ont perdu ont retrouvé du travail. Cette situation a contribué à un remarquable rebond des ventes au détail, ce qui témoigne de la vitalité des consommateurs – une force dominante dans la plupart des économies du globe.

Le deuxième facteur à considérer : la présence de multiples signes d'une demande comprimée avant la crise. Le troisième : la demande comprimée s'est considérablement raffermie au beau milieu de la pandémie. Les consommateurs ayant un emploi, mais disposant d'options d'achat limitées, ont engrangé des milliers de milliards de dollars dans des comptes bancaires rapidement accessibles. Et dans une certaine mesure, les fonds octroyés dans le cadre des programmes d'aide en réponse à la  pandémie ont sans doute aussi été « mis en réserve ». Il y a de bonnes raisons de croire que ces sommes seront injectées dans l’économie quand la conjoncture s’améliorera. 

Il y a un quatrième facteur à prendre en compte. Malgré les défis confrontant le commerce international, notamment le  mouvement d’opposition à la mondialisation, les hausses inattendues des droits de douane, la crainte de propagation du virus entre pays et le populisme – souvent à l’origine d’un protectionnisme mal avisé –, les exportations prennent aussi du mieux. À l’échelle mondiale, le commerce de marchandises subit les contrecoups d’une reprise en V. 

Les nouvelles mesures de confinement n’ont pas changé les conditions fondamentales; néanmoins, elles ont un effet retardateur qui influe sur l’ensemble des prévisions. Dans sa plus récente édition des Perspectives économiques mondiales, les Services économiques d’Exportation et développement Canada s’attendent à ce que la croissance en 2021 soit plus timide que prévu, surtout pendant la première moitié de l’année. Voilà pourquoi nous avons abaissé à 5,7 % nos prévisions de croissance pour 2021. Cependant, pour tenir compte du rebond escompté au cours de la deuxième moitié de l’année, nous avons revu à la hausse à 5,2 % nos prévisions pour la croissance mondiale.  

Le dynamisme des marchés émergents éclipsera celui du monde développé grâce à une croissance de 6,5 % cette année et de 6 % en 2022, surtout sous l’impulsion d’une reprise rapide et constante de l’économie chinoise. Toutefois, dans le monde développé, l’économie pâtira des mesures de confinement, ce qui se traduira dans certains pays par un premier trimestre dans le rouge. Fait à noter, en dépit des perceptions, la performance de l’économie américaine a dépassé la moyenne de celle du monde développé : après avoir fléchi de tout juste 3,4 % l’an dernier, elle a orchestré une respectable reprise au second semestre, ce qui poussera la croissance à 4,1 % en 2021.

L’économie canadienne a traversé son lot de turbulences, mais le repli constaté en 2020 n’a pas été aussi marqué que celui redouté au départ. Après une contraction de 5,6 % en 2020, la croissance de l’économie canadienne s’accélérera de 4,4 % en 2021 et de 4 % l’an prochain.

Par ailleurs, la tenue des cours mondiaux des produits de base est meilleure que prévu, ce qui s’explique en partie par la nouvelle demande chinoise particulièrement vigoureuse. De plus, les cours pétroliers et gaziers sont pratiquement sortis de l’abysse où ils étaient plongés, même si les conditions de l’offre demeureront un frein au fil de la reprise économique. Quant aux cours des métaux de base, ils resteront robustes à court terme tandis que les cours des métaux précieux s’apprécieront en raison du climat d’incertitude.

De façon générale, on s’attend à ce que les politiques budgétaire et monétaire restent en « mode relance » cette année jusqu’à ce qu’il y ait davantage de garanties du côté de la croissance. Le retrait des mesures de relance publiques s’amorcerait à la fin de l’année et en 2022, et on ne devrait pas assister à un resserrement de la politique monétaire avant 2023.

En ce qui a trait au dollar canadien, il s’appréciera lentement  pendant l’horizon prévisionnel : face au billet vert, il s’échangera en moyenne à 76 cents cette année puis à 77 cents en 2022.

Conclusion?

« L’espoir qui tarde à se réaliser chagrine le cœur », dixit le proverbe. Cette cascade de déceptions pèse sur l’économie, met notre patience à l’épreuve et est source de conflit. Mais ce proverbe nous dit aussi que : « le désir comblé est comme un arbre de vie ». À en juger par les fondamentaux, nous avons d’excellentes raisons de croire au retour de la croissance, juste à temps pour raviver nos espoirs. Et le plus tôt sera le mieux.

 

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