Il faut se faire une raison : le plongeon des indicateurs économiques fera les grands titres au cours des prochaines semaines. Fait inhabituel, la Chine a été à l’origine de cette nouvelle-choc alors que le confinement inopiné d'une partie de sa population – dans l’espoir de freiner l’épidémie de COVID-19 – a eu des effets dévastateurs sur l’économie chinoise et ses grandes chaînes d’approvisionnement mondiales. À notre tour, nous sommes confrontés aux pires effets de cette crise. En Occident, des millions de personnes se retrouvent sans emploi, ce qui a provoqué un bond soudain et sans précédent du chômage. Désormais, les analystes annoncent l’équivalent d’un tsunami économique au second trimestre. Les prévisions annuelles se sont nettement dégradées et, au fur et à mesure que les données deviennent disponibles, ces prévisions risquent d’être encore plus sombres. La panique entourant l’effondrement possible de l’économie a poussé les gouvernements d’un peu partout sur le globe à réagir, d’où la myriade de plans d’action publics annoncés pour contrer le recul de l’activité. Ces plans porteront-ils leurs fruits?

Pour s’en assurer, il faudra déployer beaucoup d’efforts. Le confinement ayant mis à l’arrêt une bonne partie de l’activité de l’économie mondiale, la performance sera décevante au premier trimestre et celle du deuxième trimestre accusera un repli dans les deux chiffres. Le recul a été si rapide qu’il a pris tout le monde au dépourvu. Aujourd’hui, les entreprises tout comme les consommateurs demandent instamment de l’aide.

Pour ceux qui ont en mémoire les événements de 2009, la crise actuelle « donne une forte impression de déjà vu », pour citer la légende du base-ball Yogi Berra. Le plan de relance monétaire a été la première initiative à voir le jour : la Réserve fédérale a très vite ramené les taux d’intérêt près de zéro, et invité d’autres institutions à faire de même. La mise en œuvre de ce plan, conjuguée à des mesures importantes et renouvelées d’assouplissement quantitatif, permet d’injecter des liquidités essentielles pour maintenir les flux financiers à leurs niveaux habituels.

L’annonce de mesures de relance publiques encore plus extraordinaires a rendu caduques les prévisions formulées sur une base quotidienne. Ces mesures représentent des parts substantielles du PIB. En 2009-2010, la valeur du plan de relance américain était estimée entre 4 et 5 % du PIB; aujourd’hui, le plan d’action mis en branle aux États-Unis représente déjà le double de ce taux. Dans ce classement, l’Australie occupe le deuxième rang grâce à un plan de relance équivalant à 9,7 % du PIB. L’ampleur des plans lancés par d’autres pays est comparable à celle des plans lors de la grande récession, notamment en Allemagne (4,5 % du PIB) et au Canada (3,6 % du PIB). Les estimations portant sur les mesures prises pour faire face à la crise de la COVID-19 peuvent changer à tout moment.

L’ampleur des plans est une chose, mais leur efficacité en est une autre. En 2009, les plans de relance budgétaires ciblaient en grande partie les investissements dans les infrastructures, et privilégiaient fortement les « projets prêts à être mis en œuvre ». La raison en était simple : les gouvernements souhaitaient supprimer le délai entre l’autorisation de dépenser et le moment d’utilisation des fonds sur le marché. Cette fois, la composition des mesures est différente. L’outil Policy Tracker du FMI montre d’ailleurs clairement que certains pays ont une prédilection pour les programmes de soutien au revenu, qui viennent compléter les programmes d’assurance emploi en place. Ces programmes d’aide en temps de crise sont maintenant offerts, ou sur le point de l’être. Prêter main-forte aux entreprises compte également parmi les grandes priorités des gouvernements.

Il est primordial de rapidement mettre en œuvre les programmes de relance. La baisse subite de l’activité a été synonyme pour des millions de travailleurs de la fin de leur emploi – et du début de leurs difficultés financières – puisqu’ils sont nombreux à ne disposer que d’un mois ou deux en liquidités. Par ailleurs, cette crise a créé de problèmes aigus en matière de trésorerie pour les entreprises, peu importe leur taille, leur secteur ou leur rayonnement. Pour bon nombre d’entreprises, l’accès à des fonds sera déterminant pour savoir si elles sont capables de réengager des travailleurs lorsque les effets de la crise de la COVID-19 commenceront à se dissiper.

On redoute de plus en plus que « le retour à la normale » ne se produise pas. Voilà une réaction tout à fait naturelle. En 2008, le contexte se caractérisait par des bulles économiques; ce n’est plus le cas aujourd’hui. La vigueur des fondamentaux avant la crise du coronavirus nourrit l’espoir d’un redémarrage rapide de l’activité.

Malheureusement, cette vigueur n’était pas très présente dans les finances publiques. En fait, en raison de la performance terne de l’économie depuis la grande récession, les finances publiques ne se sont guère assainies. Résultat : bon nombre de gouvernements sont entrés dans la crise avec un bilan financier moins reluisant. Pour la plupart des experts, c’est un problème qu’on réglera plus tard, l’urgence étant de garder l’économie à flot au cours des prochains mois. Le Canada se trouve dans une meilleure situation que la plupart des autres nations. Toutes proportions gardées, les efforts faits par les gouvernements passés pour équilibrer les finances publiques nous ont permis de dégager une marge de manœuvre supérieure à celle de la majeure partie des pays du globe.  

Conclusion?

Cela ne fait aucun doute : nous sommes confrontés à une grave crise économique qui, nous l’espérons tous, sera de courte durée. Les plans d’action publics extraordinaires mis en place devraient considérablement atténuer les effets de cette crise sur les entreprises et les consommateurs. Et si cet épisode se révèle bref, il est possible que l’aide annoncée ne soit pas entièrement nécessaire.

 

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