Quelles images associez-vous au secteur de la culture du Canada? Vous me direz : les prestations étonnantes du Cirque du Soleil. Ou bien : les magnifiques paysages de l’Île-du-Prince-Édouard, qui ont inspiré Lucy Maud Montgomery, l’auteure du roman Anne, la maison aux pignons verts. Ou encore : les créations élaborées de l’art autochtone du Canada. Enfin, vous allez aussi souligner le fait que notre pays compte de nombreux chanteurs et acteurs talentueux comme Drake, Justin Bieber ou Céline Dion et Dan Levy. Vous ne le savez peut-être pas, mais des douzaines de productions américaines pour la télé et le cinéma sont filmées ici même au Canada. 

Le secteur de la culture englobe toutes ces activités et beaucoup d’autres. En fait, en 2019, ce secteur a contribué à plus de 57 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB) du Canada et soutenu près de 673 000 emplois au pays. Vu son importance, les Services économiques d’EDC ont cherché à quantifier le marché potentiel de nos exportations culturelles. En consultant des bases de données détaillées provenant de multiples sources, notamment de Statistique Canada, nous avons fait d’intéressantes découvertes.

Tout d’abord, entre 2010 et 2015, plus de 55 000 entreprises canadiennes ont produit des biens et des services culturels. De ce nombre, un peu plus de 3 800 – ou 7 % - exportaient. Cela paraît négligeable, mais ce pourcentage est plus élevé que celui des autres secteurs : pour preuve, moins de 5 % des producteurs canadiens de biens et de services ont exporté durant ce même intervalle.

Les entreprises de ce secteur ont généré annuellement, en moyenne, des exportations d’une valeur de 16 milliards de dollars entre 2010 et 2015. Et fait intéressant, même si les exportations de biens culturels dépassent celles de services culturels, ces dernières sont une plus grande source de revenus pour les sociétés offrant ces services, soit 8,3 milliards contre 7,2 milliards de dollars. Ce portrait est très différent de celui de l’ensemble des exportations canadiennes de biens et de services. 

D’un point de vue sectoriel, la performance supérieure des exportations de services culturels est plus facile à percevoir dans le contexte de la numérisation des médias; de plus, l’émergence de nouveaux services médiatiques est sans doute un facteur qui permet aux entreprises de services culturels d’établir leur présence et de vendre à des consommateurs sur les marchés mondiaux. 

Ces statistiques descriptives sont utiles. Cependant, notre analyse a mené à une découverte plus surprenante : la multitude de débouchés à l’exportation pour le secteur canadien de la culture. Entre 2 400 et 7 800 producteurs canadiens de biens et de services culturels ont la capacité d’exporter, mais ne le font pas encore. Ensemble, ils pourraient chaque année générer jusqu’à 6,4 milliards de dollars en revenus d’exportation, ce qui est là une estimation prudente. 

Ces exportateurs potentiels ont un profil très semblable aux exportateurs actuels pour ce qui est de leur taille, de leurs besoins en capitaux et de la structure de leur capital social. Il est clair que l’exportation profiterait à des milliers d’entreprises du secteur de la culture; nous devons donc trouver des façons de les encourager à se lancer sur la scène du commerce international.


Naturellement, on ne peut ignorer les conséquences de la pandémie sur le secteur culturel. Les données les plus récentes indiquent que la contribution du secteur au PIB a chuté de 10 % en 2020. Les revenus du secteur ont légèrement augmenté en 2021, mais à la fin de l’année, ils étaient toujours inférieurs aux niveaux d’avant la pandémie. Il faut dire que les confinements ont fait perdre au secteur près de 75 000 emplois en 2020, et à la fin de 2021, il manquait encore 17 000 emplois pour reprendre le terrain perdu durant la pandémie. Ce contexte a aussi impacté la réussite des entreprises à l’international. Il faudra probablement attendre d’avoir en main des données mises à jour pour connaître l’ampleur réelle de cet impact. 

Conclusion?

De quoi sera fait l’avenir? Rappelons-nous : le secteur avait traversé des difficultés semblables au lendemain de la grande récession de 2008. Pourtant, après quelques années difficiles, le nombre d’entreprises de biens et de services culturels avait bondi de plus de 60 % en 2012, et la tendance s’était maintenue. La crise financière avait diminué la capacité des entreprises de rester à flot, mais l’amélioration de la conjoncture économique avait favorisé la relance et la croissance de l’ensemble du secteur.

Après la pandémie, une tendance du même genre pourrait se dessiner. Des entreprises seront de bonnes candidates à l’exportation, mais hésiteront à faire le saut pour accroître leurs ventes sur les marchés mondiaux. Comme elles seront probablement des milliers, elles auront la capacité d’augmenter considérablement les exportations du secteur de la culture. Il est de notre responsabilité – du moins en partie – de fournir à ces entreprises les ressources nécessaires pour prospérer face à la concurrence mondiale. 

Nous adressons des remerciements tout particuliers à Meena Aier, directrice du Service de recherche et d’analyse d’EDC, pour sa contribution au présent propos. Toute l’équipe te félicite pour cette heureuse nouvelle et te souhaite beaucoup de bonheur. Au plaisir de te retrouver en 2023! Merci également à nos anciens collègues Beiling Yan et Stephen Tapp, qui ont réalisé durant leur mandat à EDC l’essentiel du travail d’analyse à la base de cette édition.

Les Services économiques d’EDC vous invitent à leur faire part de vos commentaires. Si vous avez des idées de sujets à nous proposer, n’hésitez pas à nous les communiquer (Economics@edc.ca) et nous ferons de notre mieux pour les traiter dans une édition future du Propos.

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