Après avoir glissé à un creux inédit au début de la pandémie, l’indice de confiance commerciale (ICC) a progressé de 19 %, le bond le plus important depuis la création du sondage. Cette deuxième hausse consécutive porte l’indice à son niveau le plus élevé en plus de 20 ans.

Notre indice s’est hissé à 80,5 contre 67,5 lors du dernier sondage – une amélioration qui témoigne de l’embellissement des perspectives à l’égard d’une reprise soutenue de l’économie mondiale. Cette édition du sondage d’EDC, mené auprès des exportateurs depuis 1999, a été réalisée entre avril et juin. 

Un regain généralisé

À l’image des résultats du sondage à la fin 2020, le regain de la confiance a été solide et généralisé. Les exportateurs canadiens d’un océan à l’autre se disent plus optimistes sur une foule de sujets. Ainsi, on observe une augmentation dans les cinq éléments de l’ICC, avec en tête de liste des perspectives plus positives à l’égard de la conjoncture économique générale – au pays et ailleurs dans le monde. Toutes les régions ont récolté des gains, et le Québec a ravi à l’Ontario son titre de « province la plus optimiste en matière de commerce ». La confiance s’est raffermie chez tous les types d’entreprise, tout particulièrement les petites, qui ont été les plus durement touchées par la pandémie. 

L’indice a gagné du terrain dans tous les secteurs, les gains les plus notables étant dans le transport (qui comprend les filières automobile et aéronautique). La confiance est maintenant la plus solide dans le secteur des technologies de l’information et des communications, sans doute à la suite du rapide virage vers le numérique imposé par la pandémie. À l’inverse, le niveau de confiance est le plus faible dans les industries extractives (y compris le secteur pétrogazier), ce qui est attribuable à une diminution des intentions d’investissement alors que l’élan vers la décarbonisation s’intensifie.

Il y a un peu plus d’un an, le choc initial de la pandémie et les confinements subséquents ont provoqué une chute inédite de l’activité économique mondiale, ce qui a entraîné un déclin historique de notre indice. Par chance, les deux dernières éditions du sondage – ainsi que les données sur le commerce ayant généralement surpassé les attentes et la bonification des Perspectives économiques mondiales d’EDC – nous révèlent que l’économie gagne en dynamisme grâce à la mise en œuvre de programmes de vaccination et de la réouverture progressive des économies du globe.

Voilà pourquoi, malgré les goulots d’étranglement touchant les chaînes d’approvisionnement mondiales, la confiance affichée des exportateurs permet de croire que la performance commerciale du Canada sera excellente au cours de la seconde moitié de 2021 (voir le graphique).

Le rebond se poursuit en 2021

De toute évidence, la robuste relance de l’économie américaine fait souffler un vent d’optimisme chez les exportateurs canadiens. Dans la présente édition du sondage, un nombre grandissant de répondants constatent une augmentation de leurs commandes américaines. Les attentes au cours des six prochains mois en ce qui a trait aux ventes à l’exportation en général sont revenues aux pics d’avant la pandémie, près de trois quarts des entreprises sondées (soit 73 %) anticipant des gains.

Si la réduction des plans d’investissement compte parmi les quelques constats décevants, les intentions d’embauche sont manifestes : plus de la moitié des entreprises sondées disent qu’elles recruteront davantage au cours des six prochains mois. Le marché de l’emploi se resserrant, un tiers des répondants reconnaissent des difficultés à accéder à une main-d’œuvre qualifiée. Cette situation correspond à celle décrite dans l’Enquête sur les perspectives des entreprises publiée par la Banque du Canada, où l’on cite la main-d’œuvre comme étant le problème le plus courant, notamment du côté des métiers spécialisés, des professions liées aux TI et des emplois en régions éloignées.

Les effets de la pandémie sont particulièrement polarisés dans la « reprise en K ». Même si la plupart des entreprises (62 %) déplorent des effets négatifs sur leurs ventes, les niveaux de production sont en hausse. Par conséquent, un nombre croissant d’entreprises (soit 28 %) disent maintenant observer des répercussions positives, un taux qui a doublé en un an. Ces résultats montrent que les entreprises s’adaptent à de nouvelles façons de faire et qu’elles revoient leur mode de production pour tirer parti des nouvelles tendances façonnant la demande.

Les défis : les interactions avec les clients, le protectionnisme et les fluctuations de change

Les principaux défis évoqués par les entreprises sur la scène mondiale demeurent les interactions avec des clients potentiels – une activité désormais difficile à mener en personne, vu les restrictions en place, dont l’interdiction des voyages internationaux non essentiels.

Par ailleurs, un tiers des exportateurs sont préoccupés par le protectionnisme en matière de commerce, notamment des enjeux entourant la politique « Acheter américain » ou les tensions dans les relations entre le Canada et la Chine. Sur ce front, notre sondage permet de croire à un apaisement de ces inquiétudes sous la nouvelle administration Biden. 

Au cours de l’année écoulée, le taux de change du huard par rapport au billet vert n’a cessé d’augmenter, passant d’un creux de 70 cents au début de la crise à la fourchette inférieure des 80 cents. L’appréciation du huard a ravivé une inquiétude de longue date qui figure parmi les principales préoccupations des répondants. En fait, près de la moitié (47 %) des exportateurs ont indiqué que la valeur du dollar canadien est un élément important qui joue sur leur capacité à être concurrentiel sur les marchés internationaux. 

La plupart des entreprises sondées s’attendent à ce que les conditions financières restent pratiquement les mêmes au cours des six prochains mois. En effet, selon notre récent sondage sur les effets de la pandémie, les entreprises font état de besoins financiers nettement moins pressants qu’au début de la crise, ce qui atteste l’efficacité des injections de liquidités effectuées dans le cadre de programmes publics et l’indulgence du secteur bancaire. 

L’élan vers la diversification se poursuit

Un nombre élevé d’entreprises prévoient exporter vers de nouveaux marchés ou investir à l’international. À vrai dire, deux tiers des répondants envisagent d’exporter vers de nouveaux marchés, et pour les entreprises voulant diversifier leurs exportations, le Royaume-Uni et l’Australie sont les destinations privilégiées. Compte tenu de la vigueur du huard, près d’un quart des répondants songent à investir à l’extérieur du Canada : aux États-Unis, en Chine, en Europe, aux Émirats arabes unis et au Brésil, entre autres.   

Quelle différence en un an!

À pareille date l’an dernier, il y avait une résurgence des cas d’infections à la COVID-19, de strictes mesures de confinement partout sur la planète et un mince espoir de disposer d’un vaccin efficace. Durant cet épisode difficile, bon nombre d’exportateurs canadiens ont pour la première fois dû lutter pour la survive de leur entreprise.

Aujourd’hui, beaucoup d’économies avancées ont administré des vaccins à une partie de leur population, de telle sorte que la confiance des exportateurs canadiens a rapidement grimpé à des niveaux pas observés depuis des décennies. Pour leur part, les Services économiques d’EDC prévoient que la reprise économique mondiale s’accélérera au cours de la deuxième moitié de l’année. La réouverture de l’économie des États-Unis aura un effet déterminant, et ce, pour une raison toute simple : les ménages américains puiseront dans l’épargne accumulée en temps de pandémie pour satisfaire la demande « latente »; dans cette situation, l’offre pourrait avoir du mal à suivre la cadence.

Les résultats du sondage laissent aussi entrevoir que l’accélération de la reprise pourrait engendrer ses propres problèmes. Il s’agit notamment du besoin de (re)nouer des liens avec les clients; du resserrement du marché de l’emploi; des goulots d’étranglement du côté de l’offre; des retards de livraison; d’un dollar canadien relativement vigoureux (bénéfique pour les importateurs, mais désavantageux pour les entreprises voulant offrir des prix concurrentiels sur les marchés d’exportation); et de l’application de politiques protectionnistes dans quelques régions du globe. 

Nous sommes emballés par les résultats du présent sondage, et bien sûr impatients de réaliser l’édition de fin d’année de l’ICC, en décembre prochain. Ce sera alors l’occasion de faire le point sur la relance du commerce et de savoir si les exportateurs canadiens font toujours preuve du même optimisme affiché.

 

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