En observant la conjoncture mondiale, un constat s’impose : les risques pays se multiplient. Nous vous présentons une analyse complète de ces risques dans notre palmarès des « Dix principaux risques politiques et économiques. EDC a également effectué une analyse approfondie des relations commerciales entre les États-Unis et le Canada ainsi que des pourparlers actuels entourant la renégociation de l’ALENA. Afin de couvrir de nouveaux territoires, nous nous penchons aussi sur des situations qui se produisent au-delà de l’hémisphère occidental. Voici donc certains risques pays dont nous suivrons l’évolution au cours des prochains mois.
Dans la péninsule coréenne, nous nous attendons à ce que Pyongyang s’enferme dans sa rhétorique et continue ses essais de missiles pendant les mois à venir. Dans ce contexte, la communauté internationale cherchera à réduire les tensions. Même si notre scénario de référence table sur le maintien du statu quo, la probabilité qu’un conflit limité éclate est de plus en plus grande. Pareil conflit aurait de profondes répercussions pour la Corée du Sud, la sixième destination des exportations canadiennes, et le Japon, la troisième économie du globe. La Chine, considérée comme le plus proche allié du régime nord-coréen, a aussi intérêt à éviter une forte instabilité dans la région.
Ailleurs en Asie, le 19e Congrès du Parti communiste chinois, prévu en octobre 2017, annonce un changement de garde à tous les échelons du gouvernement. Ces congrès, organisés tous les cinq ans, sont d’ordinaire peu suivis par les médias du monde entier. Cependant, ils constituent des événements politiques incontournables en Chine et sont le théâtre de manœuvres en coulisse visant à favoriser certaines figures montantes ou factions. Malgré tout, dans l’ensemble, nous escomptons la poursuite des politiques à l’issue du congrès de l’automne.
Sur le continent africain, la Cour suprême du Kenya a invalidé le résultat de l’élection du mois d’août dernier. C’est la première fois en Afrique qu’un tribunal annule le résultat d’un scrutin après qu’un parti de l’opposition a contesté les résultats devant les tribunaux. La décision de la Cour est lourde de sens, et ce, pour plusieurs raisons. La première, ce jugement établit un précédent. Lors de prochaines élections, les groupes voulant contester les résultats pourraient être plus enclins à porter leur cause devant les tribunaux plutôt que de se limiter à des manifestations dans la rue. Deuxième raison : ce jugement est révélateur de l’indépendance croissante du système judiciaire kenyan. Il faudra assurément observer comment le Kenya surmontera le défi logistique posé par la tenue d’un nouveau scrutin dans un délai de 60 jours, et si les tensions entre les deux principaux partis politiques s’accentueront après la décision de la Cour. Cela dit, il subsiste la possibilité d’actes de violence liés au résultat de l’élection.
Par ailleurs, on constate des évolutions notables chez les deux plus importants pays producteurs de pétrole en Afrique. L’Angola a assisté à sa première passation des pouvoirs en près de quatre décennies, dans la foulée du départ du président Dos Santos. Vu la position dominante du parti au pouvoir, l’élection et la passation des pouvoirs n’ont pas provoqué beaucoup d’instabilité. Il restera à voir comment le nouveau président imprimera sa marque compte tenu de la position toujours influente de la famille Santos en Angola.
Au Nigeria, après trois mois d’absence pour des motifs de santé, le président Buhari est retourné au pays en août. Le candidat Buhari avait gagné les élections de 2015, alors qu’il n’était pas le favori. À ce jour, sa présidence est compliquée par des cours pétroliers en berne, ses absences prolongées du pays et le manque de réformes structurelles sur le front de l’économie. Pourtant, une inconnue demeure : le retour du président Buhari accélérera-t-il les changements en matière de politiques? Deux signaux sont encourageants : tout d’abord, au deuxième trimestre de 2017, le Nigeria est sorti de la récession dans laquelle il avait plongé en 2015; ensuite, la décision de la banque centrale d’assouplir le régime de change a amélioré l’accès aux dollars américains.
En Europe, les élections organisées en Italie constitueront le plus récent scrutin à faire de la question de l’appartenance à l’Union européenne un enjeu majeur. Les élections municipales tenues à la mi-2017 ont donné un aperçu de la volonté des électeurs. Toutefois, le paysage politique reste changeant. Si une coalition formée de partis antieuropéens – à laquelle se joindrait le Mouvement cinq étoiles – remportait ce scrutin, le Parti démocrate au pouvoir pourrait être mis en sérieuse difficulté. En effet, la victoire d’une coalition opposée à la classe politique pourrait menacer le rôle futur de l’Italie dans l’UE.
Conclusion?
Plusieurs aléas se profilant à l’horizon présentent des risques pays pour les exportateurs et les investisseurs canadiens. Même si les événements en Amérique du Nord dominent la couverture médiatique, il est primordial de suivre l’évolution future de ces aléas afin de connaître les risques potentiels – tout comme les occasions – qui découlent de la conjoncture dans les pays à l’échelle de la planète.