Le bio est au goût du jour! Il semble que les consommateurs de partout réclament des produits biologiques – qu’ils sont prêts à acheter au prix fort. Cet intérêt ne date pas d’hier, mais ce qui est nouveau, c’est l’expansion de la trajectoire de croissance annuelle. En effet, ce secteur affiche une forte poussée, et la tendance permet de croire qu’il maintiendra cet élan pendant un moment. Alors, à titre de grand fournisseur mondial d’aliments, le Canada est-il dans la course?
Les exportations alimentaires sont un sujet d’actualité. Le Canada est un grand producteur net d’aliments, dont la majorité est expédiée aux quatre coins du globe. Fait inhabituel, par rapport aux autres filières d’exportation, ce secteur canadien est très diversifié au niveau des marchés. À la différence des autres secteurs, les consommateurs traditionnels n’y occupent pas une place aussi dominante. Même en considérant le niveau élevé des activités d’exportation, les perspectives de croissance – à court terme et jusqu’en 2050 – sont éclatantes. Pourquoi? L’augmentation soutenue de la demande exprimée par les classes moyenne et supérieure sur les marchés émergents a stimulé la demande envers des aliments de plus grande qualité – pour lesquels ces pays n’ont pas de capacités suffisantes en matière de distribution et de contrôle de la qualité. Naturellement, ils se tournent vers les grandes nations ayant le statut de producteur net pour remédier à ce problème à long terme. Le Canada évolue déjà dans cette sphère, et il est évident qu’il est promis à une croissance encore plus robuste.
Contrairement au secteur des produits alimentaires généraux et des boissons, le bio enregistre une vive progression dans les marchés des exportations traditionnelles du Canada. Les consommateurs sont de plus en plus conscients de leur capital santé, ce qui fait augmenter la croissance de la demande pour les aliments et les boissons bio, comme l’illustre l’augmentation des parts de marché du bio dans le secteur alimentaire en général. Et la vigueur des ventes du bio, ici même au pays, s’explique par les mêmes raisons. Au moins une grande chaîne canadienne d’épiceries a fait la remarque suivante : dans les magasins à prix réduits se trouvant dans des quartiers moins nantis, le rayon du bio attire plus de clients et dégage des marges supérieures aux autres rayons. Ce constat a stimulé l’innovation touchant les aliments bio, notamment en matière d'étiquetage et de traçabilité.
Les ventes annuelles du secteur du bio au pays s’élèvent à plus 4,45 milliards de dollars, le marché canadien du bio représentant environ 5 % du total de la demande mondiale. Depuis 2012, la part des ventes d’aliments et de boissons bio chez les détaillants ordinaires a bondi de 1,7 % à 2,6 %. Le marché canadien du bio représente environ 5 % du total de la demande mondiale. Le secteur pèse en ce moment pour près de 3 % de toutes les ventes de la filière agricole. Selon l’Association pour le commerce des produits biologiques (la COTA), le Canada comptait plus de 5 000 exploitations d’aliments bio en 2015, dont une grande partie était constituée de producteurs primaires, dont bon nombre considérés comme des entreprises de transformation ou de fabrication, et comme détaillants. Malgré tous ces efforts, la production canadienne peine à maintenir la cadence pour répondre à la demande. Résultat : nous sommes actuellement un importateur net d’aliments bio étant donné que les sociétés vendant sur le marché intérieur sont en quête d’ingrédients et d’intrants convoités qui ne sont pas toujours disponibles pour les fournisseurs locaux.
Cette réalité n’a pas entravé l’élan des exportations. Le Canada fait le commerce des aliments biologiques avec 127 pays, des activités qui représentent plus de 600 millions de dollars en ventes à l’exportation. Le marché américain est la destination de seulement 11 % des exportations canadiennes d’aliments bio, les autres principaux marchés étant l’Union européenne et le Japon. Dans l’ensemble, les ventes d’aliments bio exportées dépassent celles des exportations alimentaires totales, une tendance qui devrait se maintenir.
Pour faciliter ces activités, le Canada a négocié des accords d’équivalence dans le secteur des aliments bio avec des partenaires commerciaux qui comptent pour 90 % des activités commerciales du Canada. Ainsi, la conclusion de cinq accords d’équivalence bilatéraux, soit avec les États-Unis, l’UE, la Suisse, le Costa Rica et le Japon, a ouvert d’importants marchés d’exportation pour les entreprises canadiennes évoluant dans le secteur du bio. Le Canada négocie en ce moment des accords semblables avec le Mexique et la Corée du Sud.
Les producteurs d’aliments bio doivent cependant relever certains défis. Les acteurs du secteur notent que des lacunes dans la réglementation internationale risquent d’empêcher les producteurs canadiens de réaliser leur plein potentiel dans des marchés clés en plein essor. Pour corriger la situation, il faudra adopter une nouvelle réglementation relative à la sûreté des aliments. Et comme c’est le cas pour les autres produits alimentaires exportés, le dynamisme des ventes mondiales des aliments bio dépendra peut-être de la façon dont nous faisons la promotion de la « marque Canada », alors que nous livrons concurrence à d’autres marques prestigieuses provenant de producteurs de premier plan ailleurs dans le reste du monde.
Les consommateurs de par le monde sont de plus en plus soucieux de leur santé, ce qui donne une forte impulsion à la demande envers les produits alimentaires bio. Ce mouvement ne se limite plus aux marchés bien nantis : il gagne aussi des marchés émergents de plus en plus riches, qui dynamiseront la demande aujourd’hui et demain. Ce contexte sera assurément porteur pour le Canada.