L’année 2018 tirant à sa fin, voilà le moment de signer mon propos annuel de la « Surprise de l’année ». Vu le nombre incroyable de chocs observés cette année, il est peut-être trop tôt pour signer cette édition – il reste encore deux semaines avant la nouvelle année et bien des choses peuvent se produire d’ici là. Notre monde secoué par des chocs a sans doute grand besoin d’une période d’accalmie. En supposant qu’il règne un calme relatif d’ici la fin de décembre, est-il possible de limiter la surprise de l’année à un seul élément?

Voilà qui n’est pas une mince tâche étant donné la longue liste d’événements ayant un impact considérable. Prenons l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ou l’ACEUM) : les négociations ont été houleuses et parfois fait frémir les exportateurs canadiens. Certains ont été choqués par la signature de l’accord, après des relations empreintes d’acrimonie. Pourtant, nous n’avons cessé d’affirmer qu’il y aurait bien un accord – nous n’avons donc pas été étonnés par le baratin ni la signature. 

Et la querelle tarifaire entre les États-Unis et la Chine? Cette situation peut avoir de graves conséquences pour l’économie mondiale. Si les mesures ont surpris, la position des acteurs n’a pas étonné : depuis un bon moment, les États-Unis maintiennent que ce déficit commercial perpétuel est dans la ligne de mire de cette administration. Alors, est-ce l’impasse? Les récents pourparlers lors de la rencontre du G20 à Buenos Aires ont semblé indiquer que ce dossier avance. Parallèlement, le nouvel intérêt de la Chine pour l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (le PTPGP), un accord qui prend en compte bon nombre des revendications américaines en matière de commerce, nourrit l’espoir d’une résolution. Encore une fois, ce qui cause la surprise ici ce sont plus les moyens déployés que l’orientation prise.

Et puis, il y a le dossier du Brexit, qui évolue de manière hésitante alors même que la date butoir se pointe à l’horizon. La conclusion d’un accord serait une réalisation majeure, qui trônerait au sommet de la liste; hélas, les probabilités ne sont pas favorables. Les enjeux sont énormes; c’est comme si on faisait pile ou face avec une pièce à plusieurs faces : peu importe le résultat, l’opinion est également divisée. La dérive du Royaume-Uni vers cette échéance était – et demeure – en grande partie prévisible.  

La tenue d’élections clés a suscité l’étonnement cette année. Au milieu de 2018, AMLO est devenu le nouveau président mexicain et a remporté une majorité aux législatives. Quelques mois plus tard, on a assisté à la volte-face du Brésil qui a élu le président Bolsonaro. Quant aux élections américaines de mi-mandat, elles ont fait perdre la Chambre au Parti républicain, annonçant d’autres épisodes mouvementés sur le plan législatif pour le reste du mandat de cette administration. Le message envoyé par les électeurs allemands, mettant fin au règne de la chancelière Merkel, a engendré une certaine confusion chez un des piliers de l’Europe. Ces résultats sont étonnants? Un peu, mais ils témoignent tous d’une constante frustration envers des systèmes qui n’ont pas encore apaisé les principales préoccupations des gens ordinaires. 

Les hausses de taux d’intérêt ont perturbé les marchés émergents cette année et ont mis en évidence ceux qui se sont endettés pendant une décennie de liquidités bon marché. La Turquie et l’Argentine ont été sous la loupe des marchés financiers, et elles sont parvenues à éviter leur colère; pour d’autres économies, d’autres difficultés sont sans doute à venir. Quoique troublante, cette évolution était inévitable et elle ne devrait donc pas nous surprendre.

La révolution du secteur du détail s’est poursuivie cette année. Les achats en magasin cèdent de plus en plus de terrain aux plateformes d’achats en ligne, comme l’a montré la chute de la célèbre marque américaine Sears de son éternelle position dans les hautes sphères du secteur du détail. Wal-Mart, le numéro un actuel, en prend bonne note. Voilà qui est de nature transformationnelle, mais pas vraiment nouveau.

Les inquiétudes d’un recul sur le front de l’environnement ont animé les discussions du sommet de la COP24 en Pologne, qui prendra fin demain. La réalisation de progrès est compliquée par la position dissidente des États-Unis. Le Canada se trouve déchiré : empressé d’atteindre les cibles d’émissions, mais aussi d’aider un marché énergétique traversant une crise d’accès, ce qui a fait chuter les cours sur le marché intérieur. Voilà un moment crucial, mais pas un développement exceptionnel. 

Aucun de ces événements ne suffit en lui-même à remporter le titre de surprise de l’année. Cependant, il existe un fil conducteur qui les unit : la mondialisation. Que l’on parle de lois sur l’immigration dans des zones d’échanges commerciaux, de la concentration des entreprises à l’échelle mondiale, des révélations de corruption, des complications liées à un cycle prolongé, des infrastructures nécessaires pour accéder aux marchés étrangers, des tentatives pour corriger des mécanismes commerciaux ou de la viabilité environnementale, tous ces éléments ont un point en commun : la mondialisation. La grande surprise? Jusqu’ici, les changements aux politiques, comme l’ACEUM, ne nuisent pas à la mondialisation, mais contribuent plutôt à la renforcer. Si les signes avant-coureurs sont révélateurs de la suite des choses, il en ira de même de la brouille tarifaire entre la Chine et les États-Unis. Ajoutons à cela un Brexit réussi, ce qui n’est pas totalement exclu, et la conjoncture serait prometteuse. 

Conclusion?

Pour la plupart des gens, le renforcement naissant de la mondialisation, quoique léger, est une immense surprise. Est-ce que ce mouvement continuera? Seul le temps nous le dira. Une surprise plus grande serait un dénouement pacifique à cette année chaotique, ce qui nous permettrait de faire une pause, de nous reposer et de passer du bon temps en famille pendant la période des Fêtes. Sur ce, nous vous souhaitons à tous de belles célébrations, un joyeux Noël et une bonne nouvelle année!

 

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