C’est une bataille épique qui tient la planète en haleine. Le protectionnisme a fait surface dans l’économie mondiale et donné lieu à beaucoup de fanfaronnades et même certains virages subtils sur le plan des politiques. Les subtilités ont cependant pris fin au moment où l’administration Trump a ouvertement fait appel aux tarifs douaniers pour amorcer les négociations commerciales en Amérique du Nord. Ces mesures sont pourtant dérisoires en comparaison de celles utilisées dans la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine. Les deux parties ont imposé des tarifs douaniers et proféré la menace de tarifs sur un vaste éventail de biens visés par leur commerce bilatéral. Les enjeux sont considérables. Il n’est donc pas étonnant que, dans la sphère du commerce, cette dispute se soit hissée parmi les grandes inquiétudes du Canada et du reste du monde. Les États-Unis et la Chine le savent mieux que quiconque. Alors, y aura-t-il un dénouement heureux?

La frU.Stration de l’Amérique envers les pratiques commerciales de la Chine n’est pas nouvelle. Déjà, en 2011, on décelait les signes de la position de l’administration américaine actuelle lorsque le citoyen Donald Trump, lui-même bénéficiaire des intrants chinois bon marché, avait écrit sur Twitter : « La Chine n’est ni une alliée ni une amie – elle veut triompher de noU.S et s’approprier notre pays. » Naturellement, les déclarations de ce genre ont été bien accueillies par la population américaine avant l’élection présidentielle, et les propos exprimés dans les autres gazouillis ont été encore plU.S incendiaires. Ils auraient pu être, au départ, perçU.S comme les attaques désespérées d’un aspirant-politicien. Le soir de l’élection, ils ont pris un tout nouveau sens.

Le gouvernement chinois en a pris bonne note : une rencontre des dirigeants a vite été organisée en avril 2017, en Floride. Son but : concevoir un plan d’action de 100 jours pour surmonter les désaccords commerciaux. Certains points ont été rapidement réglés. Malgré tout, le Bureau du représentant américain au commerce (l’U.STR) a activement fait enquête sur les pratiques commerciales chinoises. Et puis, en 2018, des droits de douane ont été imposés : en février, sur les panneaux solaires et les machines à laver, puis en mars, sur l’acier et l’aluminium. La Chine a répliqué en avril, et les États-Unis ont fait monter les enchères en dressant une liste ciblant 50 milliards d’importations chinoises qui seraient assujetties à des droits de douane de 25 %. La Chine a riposté en établissant sa propre liste de 50 milliards de dollars. Après des pourparlers, une trêve a été décrétée, mais le cessez-le-feu a duré seulement neuf jours. Les négociations ont repris, puis en juillet les États-Unis ont imposé des tarifs douaniers de 25 % sur une liste plU.S restreinte visant 34 milliards de dollars en importations chinoises;  l’administration américaine a aU.Ssi menacé d’appliquer ces tarifs à l’ensemble de la liste de 50 milliards de dollars. La Chine a publié sa propre liste de 34 milliards de dollars. Quelques jours plU.S tard, les États-Unis ont produit une nouvelle liste couvrant 200 milliards additionnels d’importations chinoises, et brandi la menace de tarifs de 10 %. La Chine a alors établi sa liste correspondante ciblant 60 milliards en importations américaines. L’escalade prenait dorénavant des proportions alarmantes; elle a été suivie de pourparlers intermittents, puis de menaces qui ont abouti à l’établissement de la date butoir du 1er janvier. Par chance, cette échéance a été reportée à deux reprises grâce aux progrès réalisés pendant les négociations.

La situation a de quoi donner des sueurs froides, mais elle produit des résultats. Pourquoi? Aucune des parties ne peut vraiment absorber le coût d’une véritable guerre commerciale. L’économie de la Chine est toujours fortement tributaire des mesures de relance et particulièrement vulnérable à toute détérioration de ses échanges commerciaux avec les États-Unis. Par ailleurs, aucun politicien américain ne veut se lancer dans une campagne électorale après avoir fait grimper les coûts d’un vaste éventail de biens au détail. Le citoyen moyen américain aurait alors du mal à croire que le pays est en voie de « retrouver sa grandeur ». À ce titre, les coûts sont un facteur jouant en faveur d’une résolution du litige.

Pour notre part, noU.S pensons qu’un accord décisif sera trouvé avant la fin de l’année, et ce, pour plU.Sieurs raisons. Tout d’abord, parce que malgré les tactiques offensives américaines, la Chine n’est pas restée camper sur ses positions; en fait, elle est à maintes reprises revenue à la table des négociations. Deuxième raison : le report de la date butoir pour imposer l’application des tarifs noU.S permet de supposer qu’aucune des parties ne veut vraiment en arriver là. La troisième raison : des progrès sont accomplis et des concessions sont consenties dans certains secteurs, ce qui est le signe d’une volonté de parvenir à un compromis. La quatrième raison : la Chine affiche un intérêt croissant pour l’Accord de Partenariat transpacifique – lequel prend en compte bon nombre des grandes préoccupations de l’administration américaine. Enfin, les États-Unis ont montré lors du processU.S de renégociation de l’accord nord-américain que leur objectif est de conclure un accord.

Si, comme noU.S le croyons, il y avait une résolution du litige dans un avenir rapproché, les effets sur l’économie mondiale en seraient manifestes. D’ailleurs, beaucoup d’acteurs économiques considèrent cette dispute commerciale comme le principal frein à l’activité actuelle et la première caU.Se de la contraction récente de la croissance du PIB. De toute évidence, ce litige a mis en veilleU.Se un vaste éventail d’investissements commerciaux. 

Conclusion?

L’impasse entourant les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine doit être vue comme une étape menant à un accord. S’il donne les résultats attendU.S cette année, il montrera que la rancœur n’est pas nourrie par un mouvement de « démondialisation » ou même de « slowbalisation » (où le monde avance à pas d'escargot). Il témoignerait plutôt d’un renforcement des mécanismes du commerce international, qui a sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté et contribué à la prospérité de la population du Canada et des autres pays du monde développé.

 

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