Malgré une année marquée par le tassement de la demande à l’échelle du globe et la montée de l’incertitude géopolitique, l’Asie-Pacifique demeure un important moteur de la croissance mondiale. En effet, selon les projections les plus récentes du Fonds monétaire international (FMI), la région devrait contribuer à dynamiser l’économie mondiale grâce à une croissance de 4,6 % cette année, puis de 4,2 % en 2024. Dans cette partie du monde, où la croissance reste tonique, on trouve une économie de 1 700 milliards de dollars américains, qui agit comme point d’ancrage essentiel à l’architecture économique régionale. Cette économie fait aussi figure de marché incontournable offrant un nombre croissant d’opportunités pour les acteurs canadiens sur la scène du commerce international. Bienvenue en Corée du Sud!

La Corée du Sud est une locomotive économique et un chef de file des technologies de pointe, ce qui s’explique surtout par la présence de gigantesques conglomérats dans la sphère de la tech. Ce marché est défini par la vigueur de secteurs comme l’électronique, les télécoms, la production automobile, les produits chimiques, la construction navale et la fabrication de l’acier. 

La Corée du Sud est le septième partenaire du Canada pour ce qui est du commerce bilatéral de marchandises, dont la valeur s’est élevée à 19,6 milliards de dollars canadiens en 2022, contre un peu moins de 9,2 milliards en 2013. Or, le Canada et la Corée du Sud peuvent intensifier leur coopération et leurs échanges commerciaux dans un éventail de secteurs où la Corée du Sud est en quête de croissance. Nous pensons ici à l’agroalimentaire, aux énergies renouvelables et aux technologies émergentes comme l’intelligence artificielle et l’informatique quantique.

Si la Corée du Sud est pour vous un nouveau marché, sachez qu’elle offre un climat des affaires accueillant, et possède des institutions solides et un secteur bancaire stable. Autres informations d’intérêt : le gouvernement affiche de faibles niveaux d’endettement; de plus, il a réussi à simplifier une réglementation nationale plutôt complexe; enfin, il a fait de l’innovation une priorité de tous les instants, comme le montre la présence de la Corée du Sud à l’édition 2021 du palmarès des cinq économies les plus novatrices établi par la World Intellectual Property Organization.

Séoul s’est engagé à investir des milliards de dollars en R-D dans une myriade de secteurs, y compris les semi-conducteurs, la fabrication de pointe et les énergies nucléaires de nouvelle génération. Cela dit, les technologies émergentes continuent d’être un cheval de bataille stratégique étant donné les préoccupations liées à la sécurité de l’économie et la nécessité de relever un double défi démographique : à savoir, une population vieillissante et en déclin. En mai, le dialogue de haut niveau sur la sécurité amorcé entre le Canada et la Corée du Sud a fait ressortir les occasions de renforcer la coopération entre nos deux pays dans l’optique de promouvoir la sécurité économique et de protéger les chaînes de valeur dans plusieurs domaines comme les minéraux critiques, l’intelligence artificielle et la production de batteries pour véhicules électriques.

La Corée du Sud cherche activement à développer les technologies de pointe liées aux batteries. Et pour cause : trois des plus importants fabricants mondiaux de batteries ont leur siège social en Corée du Sud. Le gouvernement coréen a récemment annoncé un investissement conjoint des secteurs public et privé de plus de 15 milliards de dollars américains. Cette annonce sera source de nombreux débouchés à l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière batterie. Le bond attendu de la demande de lithium en Corée du Sud devrait aussi créer un nombre croissant d’occasions pour les sociétés canadiennes, en particulier dans le contexte de la mise en œuvre de la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques. Comme Séoul vise la carboneutralité d’ici 2050, le fait d’appuyer la transition de la Corée du Sud vers une économie verte fera naître des synergies évidentes et robustes. Rappelons que cette transition est en partie portée par des investissements massifs dans des projets de production d’énergie solaire et d’énergie éolienne en mer.

La conduite des affaires sur le marché coréen s’accompagne naturellement de défis – qu’il faut connaître. La Corée du Sud étant fortement axée sur les exportations, son économie est exposée aux fluctuations de la demande de l’étranger. Le ralentissement en Chine en constitue un excellent exemple, puisqu’il s’est traduit par une performance moins éclatante que prévu des exportations vers le marché chinois; les exportations coréennes ont aussi souffert du fléchissement planétaire du secteur des technologies. Dans cette conjoncture, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait s’établir à environ 1 % cette année, puis se redresser progressivement en 2024 avec la fin du repli cyclique de ce secteur.


Les échanges commerciaux entre le Canada et la Corée du Sud sont considérables. Pourtant, ils restent plutôt concentrés dans certaines filières comme l’huile de canola et le blé, où le Canada compte parmi les principaux fournisseurs du pays. La Corée du Sud est un importateur net de produits agroalimentaires et de produits de la mer, et présente l’un des plus faibles taux d’autosuffisance alimentaire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette situation sera une source indéniable de débouchés pour le Canada. Soulignons également que l’Accord de libre-échange Canada-Corée (ALECC) ratifié en 2015 ouvrira encore plus de débouchés pour les exportateurs canadiens, entre autres de produits agroalimentaires. En effet, aux termes de l’Accord, bon nombre de droits de douane s’appliquant à ce secteur ont été éliminés ou le seront d’ici 2032.

Par ailleurs, l’Accord permettra d’élargir l’accès au marché pour d’autres secteurs canadiens, tels que les biens industriels (comme les produits chimiques et les plastiques) les technologies de l’information, l’aéronautique et les produits forestiers. Mais ce n’est pas tout : l’Accord aidera aussi les entreprises canadiennes à s’implanter dans la région indo-pacifique et à gagner des parts de marché dans plusieurs économies asiatiques ayant une rapide croissance. Bien entendu, les exportateurs canadiens pourront compter sur le soutien d’Exportation et développement Canada (EDC), qui a récemment ouvert une représentation à Séoul

Conclusion?

La Corée du Sud abrite une économie concurrentielle, dynamique et résolument tournée vers l’innovation. En plus d’être le théâtre de belles synergies dans une foule de secteurs d’intérêt pour les exportateurs et les investisseurs canadiens, elle sert de tremplin stratégique pour saisir un nombre croissant de débouchés commerciaux dans la région. Le Canada entretient déjà de solides relations commerciales avec la Corée du Sud, certes, mais il y a encore beaucoup de place à la croissance sur ce front. En permettant aux acteurs canadiens de disposer en tout temps de renseignements actuels sur ce marché et en privilégiant une approche ciblant les secteurs ayant la croissance la plus rapide, nous contribuerons à raffermir les liens entre le Canada et la Corée du Sud et, par le fait même, à accroître le rayonnement international du Canada.

Nous tenons à remercier chaleureusement Susanna Campagna, première conseillère aux Services économiques d’EDC, pour sa contribution à la présente édition.

N’oubliez pas que votre avis est très important pour les Services économiques d’EDC. Si vous avez des idées de sujets à nous proposer, n’hésitez pas à nous les communiquer à l’adresse economics@edc.ca et nous ferons de notre mieux pour les traiter dans une édition future.

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