Stuart Bergman

Productivité et diversification : dynamos de la croissance à l’export

Pourquoi certaines entreprises décident d’exporter, et d’autres pas? De ce nombre, combien diversifient avec succès leurs marchés et réussissent à accroître leurs activités et leur productivité? Les réponses à ces questions ont toute leur pertinence pour les Services économiques d’EDC, mais pas seulement : elles sont cruciales au bien-être économique du Canada dans un contexte où la conduite des affaires avec notre principal partenaire commercial devient de plus en plus onéreuse.

Avant tout, l’état des lieux. Les recherches révèlent que, à l’échelle mondiale, seules les sociétés les plus efficientes et novatrices tendent à exporter. Celles-ci  tirent souvent parti de technologies de pointe ou de procédés supérieurs, ce qui leur confère un avantage concurrentiel et les incite à explorer de nouveaux marchés. Voilà pourquoi une faible part des entreprises vend leurs biens à l’international.

Au Canada, de 2020 à 2024, à peine 0, 7 % de l’ensemble des entreprises ont exporté sur les marchés mondiaux. À titre de comparaison, des données semblables provenant des États-Unis et d’autres économies avancées donnent à penser que la proportion d’entreprises exportatrices pourrait être plus faible au Canada. Qui plus est, ce pourcentage chute depuis 15 ans (de 0,9 %) alors même que le nombre d’entreprises canadiennes qui exportent est en hausse. Entre 2010 et 2022, le nombre d’entreprises canadiennes a grimpé de 3,2 % tandis que cette augmentation s’est limitée à 1,4 % pour les entreprises exportatrices de biens.

Le Canada a besoin de plus d’exportateurs et voici pourquoi

L’exportation joue un rôle indéniable. Le Canada est une petite économique ouverte dont la prospérité est tributaire de la création de richesse. Pour imprimer une impulsion à ses exportations, notre nation doit pouvoir  compter sur davantage de sociétés prêtes à s’élancer sur les marchés mondiaux. À mesure qu’elles prennent leur élan et réalisent des économies d’échelle, elles peuvent intensifier leur présence et s’établir sur des marchés plus éloignés. Ce faisant, elles participent à la croissance du Canada aux quatre coins du globe.

Parallèlement, nous avons besoin que les entreprises déjà exportatrices s’intéressent à de nouveaux marchés et réinvestissent leurs bénéfices pour poursuivre sur leur lancée.

Les entreprises canadiennes exportant des marchandises sont-elles parvenues à consolider les efficiences acquises, à accroître leur productivité et à se diversifier? Vue de l’angle de la productivité de la main-d’œuvre, la réponse est oui. Entre 2005 et 2022, au Canada, cette composante a progressé de 2,3 %, soit plus que le double du taux de 1 % enregistré pour l’ensemble du secteur commercial canadien.

Comment expliquer ces gains? Première raison : les entreprises choisissant d’exporter disposent déjà de capacités de production; et seconde raison : les exportateurs misent désormais sur les améliorations au chapitre de la productivité et leurs efforts pour se diversifier.

Les petits exportateurs mettent le cap sur davantage de marchés

Les petites entreprises comptent pour environ 65 % des entreprises exportatrices du Canada, mais leur contribution aux exportations totales se chiffre à seulement 17 %. Ce taux a peu évolué depuis 25 ans, mais on note néanmoins des progrès. Aujourd’hui, 72 % des petites entreprises exportatrices vendent à un seul pays, contre 80 % au début de 2000. On observe une augmentation du nombre de petites entreprises exportant vers trois à cinq pays, et leur apport aux exportations du segment des petites entreprises a bondi. Voilà qui atteste d’une impulsion du côté des entreprises exportant des biens vers un nombre croissant de marchés.

Les moyennes entreprises exportatrices en mode croissance

Les exportateurs du segment du marché intermédiaire ne sont pas en reste. Ils représentent environ 8 % de l’ensemble des entreprises exportatrices (soit un bond de 6 % par rapport au début de 2000) et contribuent à hauteur de 23 % du total des exportations canadiennes (ce taux était de 15 %). Leur croissance – confirmée par leur nombre et leur volume d’exportations – témoigne du succès de leurs efforts pour prospérer sur de nouveaux marchés et étendre leurs activités.

Aujourd’hui, environ 7 % de ces entreprises exportent vers 20 marchés ou plus (contre 4 % auparavant), et pèsent pour environ 17 % du volume des exportations des entreprises du marché intermédiaire (contre 12 %). De même, pas moins de 8 % de ces entreprises exportent vers six à neuf pays; leur apport aux  exportations de ce segment atteint 18 %, contre 12 % au début de 2000. De toute évidence, une part des moyennes entreprises parvient à accroître leur présence et leurs ventes à l’échelle mondiale.

En réponse aux préoccupations entourant la nécessité de se diversifier, les exportateurs réalisent des avancées en vendant sur de nouveaux marchés. Certes, les sociétés les plus productives sont les meilleures candidates à l’exportation. Pour autant, les autres entreprises peuvent gagner à s’implanter sur des marchés étrangers, d’ordinaire les plus rapprochés du Canada. Ce parcours leur donne l’occasion d’acquérir de l’expérience, d’accéder à des capitaux, de s’inspirer de nouvelles idées et de mobiliser des réseaux. Ces éléments facilitent les gains d’efficience et agissent comme des tremplins pour conquérir un plus grand nombre de marchés.

Conclusion : il faut créer le cercle vertueux de l’économie canadienne

La productivité des exportateurs favorise-t-elle leur diversification ou est-ce plutôt le contraire? Voilà une question qui revient en quelque sorte à résoudre le paradoxe de l’œuf et de la poule… Peu importe la réponse, une chose est sûre : il existe des liens de causalité évidents. 

Il est par conséquent primordial d’instaurer les conditions permettant aux entreprises canadiennes de gagner en efficience, notamment sous la forme de mesures incitatives à l’investissement et à l’innovation. Car plus les entreprises deviendront efficientes, plus elles auront de la facilité à se diversifier. Cette dynamique participera à la création d’un cercle vertueux essentiel pour la prospérité économique du Canada.

Nous tenons à remercier chaleureusement Meena Aier et Jean-François Côté pour leur contribution à la présente chronique. Nous aimerions aussi remercier Statistique Canada pour sa  constante collaboration et la communication de données utiles à propos des exportateurs et des tendances dans le domaine de l’exportation. 

N’oubliez pas que votre avis est très important pour les Services économiques d’EDC. Si vous avez des idées de sujets à nous proposer, n’hésitez pas à nous les communiquer à l’adresse economics@edc.ca et nous ferons de notre mieux pour les traiter dans une édition future. 

Le présent propos est uniquement présenté à titre d’information. Il ne se veut pas une déclaration générale ou détaillée sur un sujet particulier et aucune déclaration ni confirmation, expresse ou implicite, n’est faite à l’égard de son exactitude, de son opportunité ou de son intégralité. Ce propos ne vise pas à fournir de conseils de nature financière, juridique, comptable ou fiscale et ne devrait pas servir à cette fin. EDC et l’auteur se dégagent de toute responsabilité à l’égard des pertes ou des dommages attribuables à l’utilisation des renseignements qui y sont énoncés ou encore à leur inexactitude ou aux erreurs ou aux omissions qu’ils peuvent contenir.


 

Date de modification : 2025-10-02