Bien niché entre l’Argentine et le Brésil, l’Uruguay ne compte que 3,4 millions d’habitants, ce qui est comparable à une métropole nord-américaine. Malgré sa taille modeste, l’Uruguay se démarque par sa stabilité politique, sa transparence et sa cohérence économique.
Dans une région souvent marquée par la volatilité politique, la gouvernance stable et l’absence de changements politiques radicaux en Uruguay ont favorisé un faible taux de corruption et une croissance économique fiable, quoique modeste. L’Uruguay se classe 13e au niveau mondial dans l'Indice de perception de la corruption 2024 établi par Transparency International, devant le Canada (15e) et les États-Unis (28e).
Le climat des affaires prévisible en Uruguay en fait un tremplin idéal pour accéder à de grandes économies, comme l’Argentine et le Brésil.
« L’Uruguay est une nation commerçante dotée d’une main-d’œuvre instruite et qualifiée et constitue une passerelle vers le Cône Sud », mentionne Carmen Sorger, ambassadrice du Canada en Uruguay, à propos de la région géographique qui comprend le Brésil, le Chili, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay.
« L’Uruguay se distingue en tant que partenaire aux vues similaires aux nôtres en Amérique latine : reconnu mondialement pour son engagement profond en faveur de la démocratie, de la transparence, des droits de la personne et de la primauté du droit, en plus de sa stabilité économique et de ses politiques macroéconomiques robustes », déclare Mme Sorger.
L’Uruguay, dont le produit intérieur brut (PIB) s’élève à environ 80 milliards de dollars américains, est tout près de grands marchés régionaux – une occasion exceptionnelle pour les exportateurs canadiens.
Daniel Benatuil, économiste principal et analyste des risques pays à Exportation et développement Canada (EDC), compare le succès de l’Uruguay à l’entretien méticuleux des pelouses de Buckingham Palace.
« Il y a une analogie très connue en Argentine à propos de l’Uruguay. Si le gazon de Buckingham Palace est si beau, c’est parce qu’il est le résultat d’efforts constants; on l’arrose, on le taille et on recommence, année après année, au fil des siècles. L’Uruguay s’emploie constamment à cultiver des éléments qui assurent le bon fonctionnement d’une économie », dit-il.
Contrairement à ses plus grands voisins, l’Uruguay a évité de fréquents changements de politiques, ce qui lui a permis de se concentrer sur autre chose, comme attirer des investissements et mettre en œuvre de politiques économiques saines, selon M. Benatuil.
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Bien que le Canada et l’Uruguay n’aient pas encore conclu d’accord de libre-échange (ALE) officiel, les deux pays s’efforcent de moderniser leur Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE), qui est en vigueur depuis 1999. Le Canada est également en train de négocier un ALE avec le Mercosur, le bloc commercial sud-américain qui comprend l’Uruguay, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et la Bolivie; le regroupement affiche un PIB combiné de 3 000 milliards de dollars américains.
Les exportateurs canadiens peuvent déjà tirer parti des ALE de l’Uruguay avec le Mercosur et le Mexique, et pourront profiter de l’accord entre le Mercosur et l’Union européenne lorsqu’il entrera en vigueur.
Les 11 zones de libre-échange de l’Uruguay (en anglais seulement) offrent également des exonérations fiscales complètes (notamment pour l’impôt des sociétés et les taxes à l’importation) et autorisent la propriété étrangère complète, ce qui est attrayant pour les entreprises canadiennes.
L’Uruguay, un pari intelligent pour les exportateurs canadiens en Amérique du Sud
La stabilité politique, la main-d’œuvre qualifiée et les politiques de marché libre de l’Uruguay en font un choix stratégique pour les exportateurs et les investisseurs canadiens qui prennent de l’expansion en Amérique du Sud.
Malgré la taille de son marché, l’Uruguay offre plusieurs avantages : une démocratie bien établie, un État-providence fort, une main-d’œuvre instruite et un port important à même sa capitale, Montevideo.
« C’est un pays où la primauté du droit est respectée et où il y a un bon bassin de talents », explique Frédéric Chagnon, porte-parole de Lallemand, une entreprise canadienne spécialisée dans les micro-organismes et leurs dérivés nutritionnels.
« Le pays dispose d’une main-d’œuvre instruite, d’un gouvernement relativement stable et de politiques raisonnables, et le cadre logistique de Montevideo est bien développé », soutient M. Chagnon.

Montevideo au service des exportateurs canadiens
Traitant plus d’un million de conteneurs maritimes par an, le port de Montevideo est la principale porte d’entrée de l’Uruguay pour le commerce international. Son infrastructure moderne, qui comprend des entrepôts de stockage et des installations de marchandises en vrac, fait de l’Uruguay un centre logistique régional.
« Les entreprises canadiennes qui pénètrent au pays ont ensuite accès à de multiples avenues pour vendre leurs produits, affirme Fernanda Custodio, directrice régionale principale à EDC pour le Cône Sud. L’environnement des affaires est exemplaire. C’est un marché souple où il est facile de faire des affaires. En communiquant avec Exportation et développement Canada et le Service des délégués commerciaux, les entreprises peuvent acquérir des connaissances plus approfondies et obtenir un soutien adapté pour explorer les débouchés en Uruguay en toute confiance. »
Mme Custodio ajoute que la situation géographique de l’Uruguay convient bien à des stratégies de diversification du commerce axées sur l’accès régional plutôt que sur des marchés en particulier.
L’économie de premier ordre de l’Uruguay : ce que les entreprises canadiennes doivent savoir
Le gouvernement uruguayen s’emploie à diversifier les échanges commerciaux et à attirer les investissements directs étrangers. Sa cote de solvabilité de première qualité accordée par toutes les grandes agences de notation vient renforcer sa réputation en tant que destination d’investissement sûre et prévisible.
« De nombreux pays d’Amérique latine veulent des investissements étrangers, mais la faiblesse de leur gouvernance fait souvent augmenter le coût des affaires, explique M. Benatuil. L’Uruguay se démarque en offrant des cadres réglementaires et institutionnels solides et en maintenant une orientation politique cohérente », dit-il.
Les entrées d’IDE sont demeurées solides ces dernières années, des fonds ayant été injectés dans l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, les technologies et la logistique par des acteurs mondiaux, notamment des sociétés des États-Unis, de l’Espagne et du Brésil. Les entreprises canadiennes ont également trouvé des débouchés en Uruguay dans les secteurs en pleine croissance des technologies de l’information (TI) et de la foresterie.
« L’Uruguay est un petit pays, donc il se tourne toujours vers l’étranger et, en ce sens, il est toujours ouvert au commerce », explique Anaclara Acuña Puñales, déléguée commerciale pour le Service des délégués commerciaux (SDC) à Montevideo.
Croissance du secteur des technologies en Uruguay : des débouchés pour les entreprises canadiennes des TIC
L’Uruguay est membre des Nations numériques (lien en anglais), un groupe constitué de certains des pays les plus avancés sur le plan numérique, dont le Canada. Sa stratégie priorisant le numérique couvre tous les secteurs, de la traçabilité du bétail aux dossiers médicaux électroniques. L’Uruguay collabore activement avec des réseaux internationaux, comme le Réseau de gouvernement électronique d’Amérique latine et des Caraïbes (Red GEALC) et le Partenariat pour un gouvernement ouvert.
Le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) du pays (lien en anglais) est l’une de ses industries les plus dynamiques et les plus orientées vers l’exportation. Grâce à un bon soutien gouvernemental, à une connectivité de classe mondiale et à un écosystème florissant pour les entreprises en démarrage, l’Uruguay est un marché idéal pour les entreprises de technologies canadiennes dans les domaines du développement de logiciels, des technologies financières, du commerce électronique et de la cybersécurité. Des acteurs majeurs comme Google, Microsoft et Mercado Libre y exercent déjà des activités.
Énergies renouvelables et hydrogène vert : le développement durable à grande échelle
L’Uruguay a transformé son paysage énergétique, plus de 98 % de son électricité étant désormais produite à partir de sources renouvelables, principalement éoliennes, solaires et hydroélectriques. La transition rapide du pays, qui est passée de seulement 1 % d’énergies renouvelables en 2013 à 35 % en 2018 (lien en anglais seulement), est l’une des plus fulgurantes au monde.
« Les petits pays manquent souvent de ressources énergétiques naturelles; leur sol ne regorge pas de pétrole brut ou de gaz naturel. Le fait d’être importateur net d’énergie peut représenter une grande vulnérabilité dans la balance externe des paiements. L’Uruguay a délibérément choisi de remédier à ce problème en misant sur les énergies renouvelables », explique M. Benatuil.
Les entreprises canadiennes peuvent tirer parti des débouchés qui s’offrent dans les secteurs de l’énergie éolienne et solaire, de la biomasse, du stockage d’énergie, des technologies de réseaux intelligents et du transport durable, affirme Mme Custodio.
« L’Uruguay est déjà un chef de file régional dans le domaine des énergies renouvelables, ce qui en fait une destination très importante pour les exportateurs canadiens, poursuit-elle. Le potentiel du pays en matière de production d’hydrogène vert, soutenu par d’abondantes ressources énergétiques renouvelables, offre des possibilités de partenariats avec des entités gouvernementales et des entreprises privées investissant dans des projets d’hydrogène vert. »
TI et transformation numérique : une nation branchée
L’Uruguay peut se vanter de disposer d’une couverture en fibre optique d’environ 95 % et d’une infrastructure numérique de base qui dépasse celle de bon nombre de ses pairs dans la région. La demande de solutions d’entreprise, de cybersécurité et de services infonuagiques augmente, créant des débouchés pour les entreprises canadiennes axées sur les technologies financières, le commerce électronique, l’intelligence artificielle (IA), les logiciels en tant que services (SaaS) et le matériel informatique.
Les entreprises canadiennes qui entrent sur le marché des TI de l’Uruguay devraient envisager de s’associer à des entreprises locales, surtout les jeunes pousses ou les entreprises des domaines de l’éducation et de la formation professionnelle.
Développement des infrastructures : bâtir pour l’avenir
« Pour de nombreux pays d’Amérique latine, la disponibilité et la qualité des infrastructures publiques sont généralement bonnes dans la capitale et autour de celle-ci, mais elles sont souvent déficientes dans les zones rurales ou éloignées, ce qui nuit à la connectivité, soutient M. Benatuil. L’Uruguay ne fait pas exception, malgré sa petite superficie (en anglais seulement). »
Le développement des infrastructures, notamment pour les transports, l’énergie, les télécommunications et la logistique, est une priorité du gouvernement. Les grands projets comprennent l’ajout d’autoroutes, de chemins de fer et d’installations d’énergie renouvelable. Les exportateurs canadiens dans le domaine de la construction et de l’ingénierie qui ont une solide présence locale peuvent trouver des débouchés dans le secteur des infrastructures durables et respectueuses de l’environnement.
Foresterie : bois durable et exportations à valeur ajoutée
Alors que les pays voisins sont confrontés à des problèmes de déforestation, l’Uruguay est résolu à reboiser et s’emploie à ce que ses exportations de bois ne contribuent pas à la déforestation, notamment pour respecter les réglementations de l’Union européenne. Il existe des possibilités d’exportation dans les domaines des produits de bois d’ingénierie, de la construction en bois massif et des technologies liées à la foresterie.
Compte tenu de la demande croissante en bois certifié, en matériaux de construction carboneutres, en énergie provenant de la biomasse et en matériel de transformation de pointe, le florissant marché du bois d’œuvre durable de l’Uruguay offre des débouchés aux entreprises canadiennes.
Agriculture et agrotechnologie : l’innovation dans les champs
L’Uruguay est un important exportateur de bœuf, de soja et de produits laitiers et un grand consommateur de potasse canadienne. On y observe en outre un intérêt croissant pour l’agrotechnologie et la biotechnologie afin de stimuler les rendements de manière durable.
« Le gouvernement cherche des possibilités d’accroître la productivité sans nuire à l’environnement, explique Mme Acuña Puñales. Le gouvernement soutient la recherche locale et réalise des investissements par l’entremise d’un organisme consacré à l’innovation, donc il y a des débouchés dans ce domaine. »
Elle ajoute que l’industrie vinicole uruguayenne est un domaine où le rendement et la productivité des cultures peuvent offrir des possibilités aux experts canadiens en agrotechnologie. Les entreprises canadiennes du secteur agricole peuvent établir des partenariats avec les producteurs et les exportateurs locaux pour accéder à de nouveaux marchés. Investir dans l’agriculture durable, l’agriculture biologique et les industries de transformation des aliments à valeur ajoutée peut générer des rendements importants.
Obstacles à l’entrée sur le marché uruguayen
Selon l’Analyse trimestrielle des risques pays d’EDC, l’Uruguay est un marché à faible risque, très facile d’accès et jouissant d’une cote élevée quant à la facilité d’y faire des affaires. Toutefois, les exportateurs canadiens devraient être conscients de plusieurs défis :
Comprendre la culture des affaires
En Amérique latine, les relations sont essentielles à la réussite des affaires. Il est primordial d’établir des partenariats locaux solides, en particulier avec des personnes qui comprennent les processus gouvernementaux et les cadres réglementaires.
« Parfois, il ne s’agit pas seulement de comprendre la culture locale et la façon de faire des affaires ici, mais aussi de réagir rapidement dans le cadre d’appels d’offres, explique Mme Acuña Puñales. Le processus d’appels d’offres dure normalement de deux à trois semaines, alors vous devez être prêt. »
Comprendre la bureaucratie du pays
Malgré les avancées numériques de l’Uruguay, de nombreuses démarches officielles nécessitent encore des documents papier, des signatures à la main et une notarisation en personne. La puissance des syndicats peut également compliquer les activités des entreprises.
Services spécialisés limités
Les fabricants peuvent faire face à des difficultés en matière de réparation ou de modification de leur équipement, car les services spécialisés ne sont souvent disponibles que dans les pays voisins, comme le Brésil et l’Argentine.
Réussir son entrée sur le marché uruguayen
Les exportateurs canadiens peuvent améliorer leurs chances de succès en investissant dans les études de marché, la sensibilisation culturelle et les compétences linguistiques.
Apprenez la culture locale
Assister à des événements commerciaux, à des séances de réseautage et à des conférences sectorielles peut vous permettre d’obtenir des renseignements précieux sur les préférences des consommateurs, les tendances du marché et la dynamique concurrentielle. Le guide d’EDC, intitulé Conseils pour faire bonne figure en Amérique latine, est une ressource utile pour connaître les pratiques exemplaires.
Adaptez-vous à la dualité des marchés
L’Uruguay est caractérisé par une forte présence multinationale, mais un marché intérieur modeste. Cette dualité exige une approche commerciale nuancée. Ainsi, les exportateurs canadiens peuvent offrir des technologies, de la machinerie ou des composants qui s’intègrent à une production à grande échelle axée sur l’exportation, en particulier dans les secteurs forestier, agroalimentaire et pharmaceutique.
Mais pour les biens destinés aux consommateurs, les produits ou services adaptés aux préférences uruguayennes, comme les matériaux écologiques ou les outils numériques en espagnol, offriront un avantage concurrentiel.
Exportation et développement Canada (EDC) offre une gamme de services pour aider les entreprises canadiennes à réussir en Uruguay :
- Mise en en contact avec des experts locaux
- Organisation de visites au pays
- Connaissance des normes culturelles et de l’étiquette des affaires
- Contrôle préalable de base de vos partenaires potentiels, y compris leur bilan ESG (facteurs environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance) et leurs responsabilités en la matière
- Renseignements sur les réglementations et les lois pertinentes à vos exportations ou investissements
Vous pouvez aussi :
- Visiter notre Centre aide-export pour explorer les possibilités de croissance
- Explorer les renseignements de la rubrique Info-pays et info-économies sur l’Uruguay
- Participer au Programme de jumelage d’affaires d’EDC pour établir des liens avec des entreprises internationales
- Collaborer avec le Service des délégués commerciaux du Canada pour des missions commerciales, des connaissances sectorielles et des renseignements sur les marchés