Dans une lettre de la Maison-Blanche destinée au Congrès, le président des États-Unis, Donald Trump, a officiellement donné le coup d’envoi à la renégociation de l’ALENA.

Voici ce qu’il faut savoir et surveiller au cours des 90 prochains jours.

Mai 18

La Maison-Blanche envoie au Congrès une lettre annonçant le déclenchement du processus pour les États-Unis et le début de la période de consultation de 90 jours, ce qui nous amène au 16 août.

« À ce moment-là, le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, précise que la Trade Promotion Authority (TPA) des États-Unis, le mandat que le Congrès confère à la Maison-Blanche de négocier des accords commerciaux, prévoit aussi, 30 jours avant la fin de la période de consultation – donc 60 jours après le début du processus –, une rencontre entre, d’une part, l’administration, les représentants au Commerce et l’équipe de négociateurs et, d’autre part, les leaders et les commissions du Congrès afin qu’ils conviennent des objectifs et de la stratégie de négociation », explique Birgit Matthiesen, directrice des affaires liées au commerce transfrontalier pour Arent Fox LLP à Washington.

Juin 3

Le Canada entame son processus de consultation. Le gouvernement fédéral appelle les parties prenantes canadiennes à lui soumettre leurs observations tandis qu’il élabore ses demandes officielles. Représentants du gouvernement, de l’industrie et des syndicats discutent à bâtons rompus depuis déjà plusieurs mois, et ces échanges vont s’intensifier. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, chargée des relations commerciales canado-américaines, doit également présenter un mémoire au Cabinet, et à son tour recevoir un mandat pour diriger l’équipe de négociateurs du Canada.

Au Mexique, la consultation a débuté le 1er février. Le pays semble prêt à amorcer les négociations dès que ses deux partenaires jugeront approprié de le faire.

« Les Mexicains ont déjà commencé, confirme Mme Matthiesen. Ils ont plusieurs longueurs d’avance sur les États-Unis et le Canada. Comme quelqu’un ici à Washington l’a dit dernièrement, ils sont fin prêts. »

Juin 7

Une rencontre a lieu entre des représentants de la Chambre de commerce du Canada, de celle des États-Unis et du Consejo Coordinador Empresarial du Mexique. L’objectif : planifier la stratégie en vue de la renégociation de l’ALENA cet été. Les organisations entendent lancer la North American Economic Alliance (Alliance économique nord-américaine), qui défendra l’ALENA et prônera l’intégration économique en Amérique du Nord.

Au terme de la rencontre, le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty, signale au Globe and Mail que la participation de la chambre de commerce américaine envoie un « message sans équivoque au gouvernement des États-Unis : l’ALENA est bénéfique pour les trois pays ».

Juin 12

Selon un avis publié par le représentant au Commerce des États-Unis dans le Federal Register, les acteurs de l’industrie américaine ont jusqu’à cette date pour soumettre leurs commentaires publics.

Juin 15

C’est ce jour-là que doit être remis le rapport général commandé par la Maison-Blanche sur les déficits commerciaux importants. Le Canada et le Mexique devraient avoir une idée du degré de protectionnisme que pratiqueront les États-Unis durant les négociations.

Juin 27

Les États-Unis tiendront des audiences publiques à Washington, où les intervenants ayant présenté leurs demandes en date du 12 juin feront part de leurs idées et de leurs exigences pour la renégociation. Le processus de consultation de nos voisins du Sud est plus officiel que le nôtre, et il met à contribution le Congrès et les entreprises qui ont des intérêts commerciaux.

« Nombreux sont ceux qui considèrent les États-Unis comme un exemple à suivre en matière de gestion des consultations nationales importantes et de l’appel aux commentaires de l’industrie et des autres parties prenantes du pays sur le processus d’élaboration de la politique commerciale internationale », souligne Omar Allam, chef de la direction d’Allam Advisory Group, firme d’experts-conseils en commerce et en diplomatie commerciale. « Cela dit, les négociateurs commerciaux du Canada comptent parmi les meilleurs au monde. »

« Nombreux sont ceux qui considèrent les États-Unis comme un exemple à suivre en matière de gestion des consultations nationales importantes et de l’appel aux commentaires de l’industrie et des autres parties prenantes du pays sur le processus d’élaboration de la politique commerciale internationale »

Omar Allam  —  chef de la direction d’Allam Advisory Group

Mme Matthiesen ajoute qu’outre ces discussions officielles, les commissions du Congrès continueront d’entendre « des organisations, des dirigeants d’entreprise et des associations professionnelles représentant un vaste éventail d’intérêts économiques américains » jusqu’à la fin des 90 jours.

Juillet 14

Les gouverneurs des États américains et mexicains et les premiers ministres des provinces canadiennes se rencontreront au Rhode Island.

Juillet 17

Autour de cette date, les États-Unis devront publier un résumé détaillé de leurs objectifs. En vertu des lois du pays, le document devra être affiché sur un site Web public et mis à jour régulièrement. Il faut s’attendre à ce que le Canada et le Mexique fassent de même.

Juillet 18

La ministre Freeland devra avoir reçu son mandat de négocier.

Août 16

Ce sera la fin de la période de consultation de 90 jours, obligatoire en vertu de la loi américaine. Les trois parties pourront enfin s’asseoir à la table des négociations.

Si la renégociation de l’ALENA est préoccupante, il n’y a pas lieu de paniquer. Concentrez-vous sur les faits et apprenez-en plus sur les protagonistes, le processus et le plan de match.