En 2011, Adrien Lavoie démarrait son entreprise en vendant des produits de planche à roulettes dans le sous-sol de ses parents. Pendant ses études, ce jeune homme de Gatineau, au Québec, avait travaillé dans un magasin de vélos. Son patron, le voyant plus habile avec les ordinateurs et les caméras qu’avec les dérailleurs, lui avait alors demandé de surveiller les ventes en ligne du magasin. C’est à ce moment qu’il s’est initié au monde d’eBay, ce qui lui a donné la confiance pour fonder, après l’obtention de son diplôme de l’Université d’Ottawa, sa propre entreprise : Wooki.

Très vite, les parents de M. Lavoie se sont sentis envahis par la marchandise, qui prenait toujours plus de place. La décision de vendre au moyen d’eBay avait déclenché la croissance de l’entreprise; il fallait trouver plus d’espace, et M. Lavoie a pu dénicher une belle boutique de 2 100 pi2 à Gatineau. Son chiffre d’affaires en ligne lui permettait de payer le loyer même sans ventes en personne, qui se résumaient pour lui à du glaçage sur le gâteau.

Deux ans après la naissance de Wooki, l’entrepreneur alors âgé de 24 ans remportait le Prix du jeune entrepreneur de l’année eBay; le géant de la vente en ligne a aussi nommé l’entreprise « Micromultinationale de l’année » en 2016.

Aujourd’hui, Wooki se concentre surtout sur les chaussures de sport, dont les produits Reebok et Adidas, très demandés sur les marchés étrangers, qui représentent 90 % de ses ventes. Sa clientèle régulière est répartie dans 45 pays, dont les États-Unis, la France, l’Australie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon. Depuis sa création, l’entreprise a vendu pour plus d’un million de dollars de marchandises sur eBay, et son chiffre d’affaires continue de doubler chaque année.

Pour M. Lavoie, l’exportation allait de soi.

« Le Canada est dix fois plus petit que les États-Unis et importe beaucoup de produits de son voisin, observe-t-il. Je trouve que l’exportation est une bonne chose, car les profits proviennent d’un autre pays. C’est bon pour l’économie. »

Il affirme que l’exportation fait partie de son modèle d’affaires depuis le début. « Pour moi, la question importante était de savoir si je me lançais en affaires ou non, raconte-t-il. Mais l’exportation a toujours été là. Je suis né en 1989, et j’ai toujours vu l’Internet comme étant mondial. Donc, vendre en ligne était synonyme exporter. »

Bien qu’eBay lui amène sa clientèle – il paie pour être présent sur la plateforme et considère cela comme ses dépenses de marketing –, il a dû composer avec le coût élevé d’expédier à l’étranger.

« C’est très dispendieux, et pour offrir un bon service à la clientèle, il faut donner un numéro de repérage, note-t-il. J’ai donc réduit les frais de livraison. Si l’expédition d’une paire de chaussures coûtait 50 $, je sacrifiais une partie de mes profits pour abaisser ce coût, par exemple, à environ 20 $. Le client sera ainsi plus intéressé à acheter mon produit. Et je dégage quand même un profit. Même si c’est 10 $ au lieu de 40 $, c’est de l’argent dans mes poches, et ça me permet d’élargir ma clientèle de façon importante. »

Il offre d’ailleurs la livraison gratuite aux clients canadiens et américains pour tout achat d’au moins 75 $.

Lorsqu’on lui demande les qualités dont a besoin le jeune exportateur canadien pour réussir, M. Lavoie mentionne la curiosité, l’esprit d’aventure et la patience pour régler les petits problèmes.

« Enfin, il faut vouloir s’assurer que le produit arrive au client », conclut-il.

Apprenez-en plus sur le parcours d’exportation d’Adrien Lavoie.