Exportateur de services

Evans Consoles, qui conçoit, fabrique et installe des centres de contrôle sur mesure pour des clients du monde entier tels que la NASA, Boeing et Microsoft, brasse actuellement un petit volume d’affaires en Europe.

L’entreprise calgarienne estime que, bien que les exportations comptent pour 95 % de ses activités, seulement 10 % de ses ventes sont destinées à ce continent. Les choses devraient toutefois bientôt changer avec l’entrée en vigueur de l’AECG. Nous avons discuté avec le chef de la technologie, Matko Papic, des perspectives qu’il entrevoit.

À l’heure actuelle, l’Europe n’a pas un grand poids dans votre portefeuille. Selon vous, en quoi l’AECG changera-t-il la donne?

Nous nous prévalons actuellement des dispositions de l’ALENA pour nos activités aux États-Unis. L’accord nous aide également à faire des affaires en Europe, puisque certains de nos clients américains y sont présents. Cette situation nous a profité au fil des ans : nous pouvons ainsi être plus concurrentiels et accéder à plus de marchés.

De même, l’AECG nous ouvrira de nouveaux créneaux sur le marché européen. Parmi les grands changements apportés, notons la suppression des droits de douane sur les produits fabriqués et la possibilité de soumissionner à des marchés publics.

La fonction publique représente une grande partie de nos activités, et la défense, la sécurité, le domaine militaire et les services du renseignement figurent parmi nos secteurs phares.

En plus des produits que nous fabriquons – et que nous installons et livrons –, nous prévoyons pouvoir fournir à nos clients européens plus de services, notamment pour la conception initiale des installations essentielles aux missions – planification, esthétisme visuel et concept fonctionnel –, l’aménagement détaillé des salles et la construction. Au besoin, nous pouvons remplacer les plafonds, les câbles, l’infrastructure de données, les planchers, les murs… bref, effectuer des travaux de réaménagement très précis dans les salles de contrôle.

Comme une grande partie de nos activités actuelles en sol européen concernent le domaine militaire américain, nos contrats sont régis par l’ALENA. Mais nous aimerions vraiment trouver plus de débouchés dans le secteur public sur tout le continent, notamment relativement à l’OTAN, aux infrastructures, aux transports, aux services d’urgence téléphoniques et aux centres de contrôle de la circulation aérienne.

Vu la nature de nos activités, le développement et la mise en place d’infrastructures offrent toujours des perspectives intéressantes. En Europe occidentale, il s’agit plutôt d’initiatives de réaménagement et de modernisation, tandis qu’en Europe centrale et orientale, ce sont les nouveaux projets de construction qui sont à l’honneur.

L’Europe centrale est-elle dans votre mire?

Oui, nous réévaluons constamment notre positionnement sur le continent. L’Union européenne est une grosse pointure, non seulement grâce à l’espace Schengen, mais également aux pays voisins.

Nous n’avons pas de représentant en Europe depuis un certain temps, mais il va sans dire que nous étudions maintenant cette possibilité. Les exportations comptent pour environ 95 % de nos activités; de ce nombre, entre 50 % et 60 % sont destinées aux États-Unis, et le reste va en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. L’Europe représente moins de 10 % de notre volume d’exportation. C’est là que l’AECG devient intéressant. Reste à voir si l’accord aura une incidence sur certaines tendances naturelles en approvisionnement sur le continent.

En Allemagne, on aime acheter allemand; en France, on préfère acheter français. Seul le temps nous dira si l’AECG peut changer la donne.

En général, le marché américain est homogène, et bien qu’on observe une certaine fragmentation des tendances en approvisionnement, l’accès aux marchés publics est plutôt uniforme; l’ALENA joue d’ailleurs un rôle positif à cet égard. Quant au marché européen, il est plus morcelé.

Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus à l’égard de l’AECG?

Je pense que l’accord nous rendra dans l’ensemble plus concurrentiels. L’un des grands avantages sera la possibilité de décrocher certains contrats publics et d’explorer des débouchés auparavant hors de notre portée.

Comme les spécifications occupent une place centrale dans nos activités, la propriété intellectuelle, les tests et les certifications professionnelles jouent un rôle très important dans nos projets et auprès de nos clients. Il sera donc avantageux de pouvoir miser sur la propriété intellectuelle et les certifications canadiennes en Europe.

Quel est votre meilleur conseil pour les aspirants-exportateurs qui désirent se lancer sur le marché européen?

Nous nous positionnons comme une petite multinationale depuis des décennies. Il faut d’abord connaître les marchés où son entreprise peut être concurrentielle.

Comme nous offrons services et soutien à une grande partie de nos principaux clients, qui sont tous des multinationales, nous devons avoir une excellente compréhension des accords commerciaux en vigueur.

Pour faire affaire à l’étranger, les entreprises canadiennes doivent absolument comprendre les accords de libre-échange, qui ouvrent d’excellents débouchés. L’ALENA en est la preuve irréfutable. Il faut bien connaître un accord pour pouvoir en tirer parti. De tels accords, comme l’AECG, aident grandement les exportateurs.

Exportateur de marchandises

Genacol Canada Corporation Inc. produit une gamme de produits de santé naturels pour les douleurs articulaires. L’entreprise vend chaque année plus d’un million de bouteilles de ses sept produits dans trente-huit pays sur cinq continents. Nous avons discuté avec le vice-président, Frédérick Michaud, des débouchés qu’offrira selon lui l’AECG.

Depuis dix ans, tous les produits de Genacol destinés au marché européen sont fabriqués en France et vendus par un détenteur de permis à des distributeurs partout sur le continent. Mais en janvier, Genacol mettra fin à cet accord pour prendre en charge ses ventes en Europe. L’entrée en vigueur de l’AECG, qui aura eu lieu quelques mois plus tôt, soulève des questions et ouvre des débouchés.

Dans quels pays européens vendez-vous actuellement vos produits?

Nous vendons nos produits en France en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Suède, en Norvège, au Danemark, en Roumanie, en Italie, en Espagne et en Pologne. Nos ventes ne sont pas élevées dans tous ces pays, mais nous en réalisons tout de même un certain volume et désirons maximiser notre potentiel sur ces marchés. Je me suis récemment rendu en Suède, en Belgique et en Roumanie, et nos distributeurs locaux sont très enthousiastes à l’égard de notre nouveau modèle d’affaires.

L’AECG entrera en vigueur en septembre. Comment vos activités seront-elles modifiées?

Nous fabriquons actuellement certains produits en France, mais nous envisageons d’en ramener la production au Canada, car elle serait moins coûteuse au laboratoire de Vancouver, même en tenant compte des coûts d’expédition.

A fortiori si les tarifs imposés sur les biens expédiés du Canada à l’Europe sont bel et bien supprimés.

Pour l’instant, ma priorité est toutefois d’assurer la transition entre le détenteur de permis et nous. Nous serons entièrement responsables de nos ventes en Europe à compter du 1er janvier. Je compte prendre un an pour m’assurer du bon déroulement des activités de distribution. J’examinerai ensuite de plus près comment nous pouvons tirer parti de l’AECG.

L’accord nous permettra peut-être d’être plus concurrentiels grâce à la réduction des coûts de production. Mais pour l’instant, le système en place fonctionne, même si le prix est plus élevé en France. Nous devons analyser rigoureusement la situation et les nouvelles options qu’offre l’AECG avant de changer quoi que ce soit.

Donc, vous ne vous attendez pas nécessairement à ce que l’accord vous donne accès à de nouveaux marchés.

En effet. Bien que l’Union européenne soit un ensemble très uniforme, chaque pays a sa propre réglementation. Je ne crois pas que la situation va changer, et le processus d’accès à de nouveaux marchés restera pratiquement le même pour nous.

Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus à l’égard de l’AECG?

L’élimination des tarifs douaniers. À ma connaissance, ce sera le principal changement pour notre entreprise.

Quel est votre meilleur conseil pour les aspirants-exportateurs qui désirent se lancer sur le marché européen?

Ne croyez pas que le nouvel accord de libre-échange règlera tout.

L’Union européenne est un bloc homogène à de nombreux égards, mais pas sur tous les points. La conclusion de l’accord ne signifie pas que tout a changé.