Amputé de la jambe au niveau du genou, Alexandre Dupont, qui a participé aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, et de Rio en 2016, voulait un meilleur rouleau d’entraînement pour s’exercer à la course en fauteuil roulant. Même chose pour sa femme Ilana, athlète paralympique aux Jeux de Beijing en 2008, et de Rio en 2016. Alexandre a donc mis ses talents de concepteur à l’épreuve pour construire un prototype. De là est née l’entreprise Révolution Sports, située à Saint-Georges-de-Clarenceville, au Québec.
Leur rouleau d’entraînement – premier produit de l’entreprise, qui en compte désormais plusieurs – est destiné aux coureurs, qui montent leur fauteuil sur l’appareil pour s’entraîner à l’intérieur.
« C’est comme un tapis roulant, mais pour les coureurs en fauteuil roulant », précise Ilana, aux commandes de l’entreprise pendant qu’Alexandre est parti pour cinq semaines, pour concourir d’abord au Grand Prix, à Dubaï, puis aux Jeux du Commonwealth, à Gold Coast, en Australie.
Par la suite, une version portative du rouleau d’entraînement a été conçue pour les athlètes d’élite en déplacement. Alexandre, qui a perdu sa jambe droite dans un accident de moto à 17 ans, l’utilise d’ailleurs en ce moment.
Leur modèle d’affaires s’est construit naturellement. Au début, il s’agissait de répondre à leurs propres besoins d’athlètes. La commercialisation de leurs innovations sur le circuit paralympique mondial est venue ensuite, grâce au bouche-à-oreille. Aujourd’hui, leur gamme de produits compte, en plus des premiers rouleaux standard et portatif, une caisse de transport pour fauteuil de course et une chaise pour le lancer de poids et disques. Les deux entrepreneurs se définissent comme des athlètes fabricant des produits de qualité pour les athlètes. Peut-on être plus apte à la tâche?
« Nous fabriquons et vendons de l’équipement de sport pour les personnes ayant un handicap, principalement sur le marché des fauteuils de course », souligne Ilana, devenue paraplégique après un accident d’équitation en 2000. Exportant depuis 2013, l’entreprise a vendu ses produits un peu partout en Europe et en Amérique du Nord, ainsi qu’au Japon, en Corée et en Australie.
« Notre gamme de produits repose sur les idées de mon mari, » ajoute Ilana. « Ces produits existaient déjà, mais nous les avons perfectionnés. Notre objectif, c’est d’offrir des produits de qualité à un prix raisonnable, ce qui n’est pas monnaie courante sur le marché. »
Le bouche-à-oreille a suffi à les tenir très occupés durant les premières années, au point où ils n’ont créé un site Web que très récemment. En raison de la demande grandissante pour leurs produits, l’entreprise a engagé le frère d’Alexandre, Sébastien, pour s’occuper du volet de la fabrication. C’est lui qui tient les rênes de Révolution Sports quand ses propriétaires doivent s’absenter pour des compétitions.
« Notre site était prêt, mais nous ne l’avons pas mis tout de suite en ligne parce que notre carnet de commandes débordait déjà », mentionne Ilana.
L’entreprise a connu une année record l’an dernier. Un prêt de la Banque de développement du Canada lui a permis d’acheter de l’équipement pour rationaliser leur ligne de production, mais aussi de constituer des stocks.
Quels sont les plans de ces athlètes paralympiques et entrepreneurs à temps plein? En plus de continuer à faire croître leur entreprise, ils se préparent en vue des Jeux paralympiques de Tokyo, en 2020.
Quelle a été votre première vente à l’exportation?
Nous avons vendu des rouleaux aux États-Unis. L’Université de l’Illinois dispose de l’un des meilleurs programmes d’entraînement, et d’une gigantesque salle d’entraînement. L’établissement a été un de nos premiers clients, et cette vente initiale a fait boule de neige aux États-Unis. C’est là que nous avons compris que beaucoup de coureurs s’entraînent seulement pour le plaisir, se tenir en forme ou participer à des compétitions locales. De l’activité récréative aux compétitions mondiales, le bassin d’athlètes est impressionnant. Cette prise de conscience nous a ouvert tout un nouveau créneau de marché.
Que savez-vous aujourd’hui que vous auriez aimé savoir à vos débuts?
Tout! J’ai dû très souvent réparer les pots cassés. Mais, j’ai beaucoup appris de nos erreurs.
Pouvez-vous nous raconter une mauvaise expérience et la leçon que vous en avez tirée?
Nous avions une grosse expédition de rouleaux pour les États-Unis. Au lieu de faire appel à un courtier en douane, comme d’habitude, pour régler les formalités administratives transfrontalières, nous avons décidé d’expédier le tout nous-mêmes – il faut dire qu’on vit tout près de la frontière américaine. Il y a eu un problème avec l’expédition : cela a pris beaucoup plus de temps que prévu, et ç’a été coûteux pour nous comme pour le client.
Auriez-vous un bon conseil à donner aux entreprises qui songent à exporter?
Il vaut peut-être mieux suivre un cours pour savoir comment ça fonctionne. Au début, c’est intimidant. Assurez-vous d’avoir tous les bons papiers, et de les remplir correctement. J’ai fait beaucoup de recherche en ligne, et j’ai trouvé énormément de réponses auprès de l’Agence des services frontaliers du Canada, et de l’U.S. Customs and Border Protection.
Quelle est la principale qualité que devrait posséder un exportateur?
Il faut avoir confiance en ce que l’on fait, et avoir de bonnes de connaissances de base. Sinon, vous pouvez vous retrouver dans un joli pétrin. Pour satisfaire vos clients, vous devez savoir ce que vous faites.