Les grands titres sur la croissance sont décevants. En effet, un déclin annuel de la croissance mondiale est un fait rarissime, et il est d’ordinaire minime quand il survient lors d’une récession mondiale. Aujourd’hui, les prévisionnistes rivalisent de pessimisme, ce qui était impensable il y a seulement quelques semaines. Cette incroyable tournure des événements touche toutes les régions, nations et industries : nulle n’est à l’abri des répercussions de la COVID-19. Mais celles-ci sont-elles également ressenties par tous les secteurs? 

Pas vraiment. Lorsqu’on a pris conscience de la propagation de la COVID-19, des secteurs comme le voyage ont été immédiatement impactés – sans le moindre avertissement. Les secteurs qui ont été alertés ont eu une capacité de réaction très limitée. Le confinement a stoppé la majorité des activités commerciales, et cette mise à l’arrêt s’est produite rapidement pour la plupart des entreprises. Et puis il y avait les activités jugées « essentielles ». Dans ces secteurs, les consommateurs affolés ont pris d’assaut les magasins pour faire des réserves, ce qui a parfois créé une pénurie. L’ampleur des pertes d’emplois et de revenus a plombé les flux commerciaux. L’effet sur les exportations a été négatif, déplorable et même désastreux. Même si la reprise escomptée stimulera de multiples secteurs, elle ne sera pas uniforme. Dans la plus récente édition des Prévisions à l'exportation, les Services économiques d’EDC font la lumière sur ces disparités.

Du jour au lendemain, la crainte d’une pandémie a mis fin aux projets de vacances et de voyages d’affaires. Seuls les passagers devant rentrer au plus vite chez eux ont alimenté pour un temps l’activité du secteur. Les compagnies aériennes ont d’abord consenti d’énormes rabais – en réponse à la pénurie de liquidités –, puis elles ont pris des mesures plus radicales qui se sont  répercutées sur le tourisme et la filière aéronautique. Le secteur pétrolier et gazier, déjà aux prises avec une offre excédentaire, a été frappé de plein fouet par la chute soudaine de la demande causée par la quasi-disparition des transports quotidiens. À l'effondrement du secteur du transport aérien s’est ajoutée la diminution de la demande d’hydrocarbures à des fins industrielles. Les cours sont momentanément passés en territoire négatif, ce qui a montré à quel point la situation était désespérée. L’industrie automobile termine notre liste des secteurs les plus touchés. Le secteur a connu un plongeon immédiat de 80 % de ses ventes, peu importe le marché. Ainsi, les secteurs aéronautique, pétrolier, gazier et automobile font figure d’anomalies dans notre édition des Prévisions à l’exportation puisqu’ils affichent chacun des replis de plus de 30 % cette année. Seuls les secteurs les plus durement éprouvés ont enregistré des reculs de ce genre lors de la grande récession.

Deux secteurs privilégiés ont accusé un ralentissement de moins de 10 % cette année. C’est le cas de l'agroalimentaire qui a profité de la frénésie d'achats des consommateurs. D'ailleurs, les entreprises alimentaires évoluant dans les segments de la transformation et de la vente au détail n'avaient pas réalisé de si bons résultats depuis longtemps. Toutefois, on ne peut en dire autant du  segment de la production primaire puisque la capacité des entreprises de transformation était limitée en raison des préoccupations liées à la santé des travailleurs. Le repli est également inférieur à 10 % dans le secteur des biens de consommation. Sa tenue a été excellente malgré des difficultés dans les segments du vêtement et des chaussures, dont l'activité devrait se contracter respectivement de 8 % et de 9 % cette année. Rappelons qu’il occupait le bas du classement dans nos prévisions en janvier dernier. Le secteur des minerais et métaux conclut cette liste avec un fléchissement de 10 % en 2020. 

Tous les autres secteurs, sauf un, accuseront un ralentissement avoisinant les 10 %. Il s'agit, entre autres, des technologies de pointe, de la foresterie ainsi que de la machinerie et de l'équipement. Pour sa part, le secteur des produits chimiques et des plastiques cédera 11 % cette année.


L'ampleur des rebonds prévus l'an prochain sera-t-elle comparable au plongeon de 2020? Malheureusement non. La remontée des cours pétroliers et gaziers est une possibilité lointaine, et toute hausse marquée devrait s'accompagner d'une augmentation de l'offre provenant de sources non conventionnelles. D'autres segments du secteur énergétique contribueront à l'embellie attendue en 2021, mais les expéditions de pétrole brut demeureront déprimées. Pour ce qui est du secteur automobile, son activité progressera de 22 % en 2021, mais restera en deçà des niveaux atteints précédemment, et ce, jusqu’à la fin de l’année. Enfin, le secteur aéronautique s’envolera de seulement 6 % en 2021, ce qui maintiendra les expéditions dans une position peu enviable pendant une autre année.

Le terrain perdu et regagné (mesuré en pourcentage) l’an prochain sera à peu près le même pour un groupe de secteurs dont l’activité reviendra au niveau d'avant la pandémie d'ici la fin de 2021. Nous pensons ici à l'agroalimentaire, aux produits chimiques et plastiques, et aux biens de consommation. Dans le secteur de la machinerie de l'équipement industriels de même que celui des technologies de pointe, les gains (exprimés en pourcentage) dépasseront les baisses observées cette année en raison de l'effet conjugué de la demande comprimée et d'un intérêt accru pour les solutions technologiques utilisées lors du confinement. Bref, les exportations canadiennes glisseront de 20 % en 2020, mais grimperont de 19 % l’an prochain. 

Pour la plupart, il sera capital de rattraper le terrain perdu. Les premiers signes d'une reprise dans les économies frappées ultérieurement par la pandémie soulèvent l'optimisme sur les marchés boursiers et l'espoir que le pire est peut-être derrière nous. Les mois de mai et de juin marquant le retour au travail pour bon nombre de gens, l'activité sera plus dynamique et la demande suivra. Les mesures d’aide  public continueront de donner un coup de pouce et de soutenir la reprise naissante. 

Conclusion?

La crise de la COVID-19 n’a pas fait de gagnants – uniquement des survivants. Pour certains secteurs relativement épargnés, la reprise devrait bien se dérouler. Pour certains secteurs fortement éprouvés, le rebond devrait être dynamique, et la plupart devraient s’en tirer. Enfin, d'autres secteurs devront composer avec une reprise en forme de « L » ou encore en forme de « U » allongé. La bonne nouvelle, c’est que la plupart sinon la totalité des secteurs profiteront d’une demande robuste lorsque la crise prendra fin. Survivre sera donc le mot d’ordre pour les entreprises de tous les secteurs.

 

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