L’ambassadeur du Mexique se prononce sur l’ALENA

L’ambassadeur du Mexique se prononce sur l’ALENA

Voyez les négociations du point de vue mexicain dans ce troisième article d’une série de quatre portant sur les répercussions possibles d’un remaniement de l’ALENA sur l’avenir de votre entreprise. L’ambassadeur du Mexique, Perez-Jacome Fiscione, présente les quatre grands objectifs que son gouvernement souhaite atteindre lors des futurs pourparlers. 

Onzième économie mondiale, le Mexique devrait connaître un taux de croissance de 1,5 à 2,5 % cette année et de 2 à 2,6 % l’an prochain.

Le pays est très attaché à son économie ouverte et à ses 12 accords de libre-échange, qui lui donnent accès à 46 marchés étrangers. C’est ce qu’a déclaré Dionisio Pérez-Jácome Friscione, nouvel ambassadeur du Mexique au Canada, lorsqu’il s’est adressé en septembre au Conseil international du Canada.

Et de ces accords, l’ALENA pourrait bien être le plus beau fleuron.

« Nous transformons notre économie, et c’est en partie grâce à l’ALENA », a indiqué Pérez-Jácome Friscione, [pull quote] arrivé au Canada fin juin, alors que débutaient les pourparlers entourant l’accord. « L’ALENA est au centre de l’attention, étant donné le processus de modernisation. »

Au plus fort des négociations, l’ambassadeur juge prioritaire que toutes les parties y trouvent leur compte.

We are transforming the economy and part of our transformation has been due to NAFTA.

Dionisio Perez-Jacome Friscione  —  Ambassadeur du Mexique au Canada

« À nos yeux, il ne fait aucun doute que l’ALENA s’est avéré profitable aux trois pays ces 23 dernières années. L’accord a eu pour effet d’améliorer le commerce et l’investissement, de stimuler la production intégrée, de développer les chaînes de valeur mondiales et de générer des emplois dans les trois pays. »

Il a fait remarquer que, chaque année, près de 200 000 emplois liés à l’exportation sont créés au Mexique, aux États-Unis et au Canada. Seulement aux États-Unis, ce sont 14 millions d’emplois en 23 ans qui n’auraient pu voir le jour sans l’ALENA.

C’est sans parler des consommateurs, qui ont eux aussi profité d’une offre abondante de produits et services locaux à prix concurrentiels.

« Selon nous, l’ALENA, c’est plus que de vendre davantage à ses partenaires : c’est produire ensemble et accroître la capacité concurrentielle de la région. »

L’ALENA a métamorphosé l’industrie d’exportation mexicaine. Dans les années 1980, les exportations pétrolières représentaient 70 % des exportations du pays. Depuis, les produits manufacturés se sont hissés au premier rang, intervenant aujourd’hui pour plus de 80 % dans le total des exportations, et environ 85 % de ces ventes sont destinées aux États-Unis et au Canada. Il s’agit en grande partie – et de plus en plus – de biens intermédiaires issus de chaînes de valeur régionales qui servent ultimement à produire des biens finaux aux États-Unis et au Canada.

« Nous aimons prendre l’exemple du secteur automobile. Chaque véhicule que nous exportons a 40 % de contenu américain, et vous n’êtes pas sans savoir qu’il arrive souvent que des pièces traversent les frontières six ou sept fois avant d’être incorporées dans le bien final. Nous avons procédé de même en aéronautique et sur de nombreux plans en électronique. »

Le Mexique renégocie l’accord selon quatre grands objectifs.

1er objectif : renforcer les économies nord-américaines et leur capacité concurrentielle

1er objectif : renforcer les économies nord-américaines et leur capacité concurrentielle en préservant l’accès privilégié aux biens et services de la région visée par l’ALENA. Le pays souhaite également écarter les mesures défavorables au commerce, veiller à ce que les investisseurs mexicains soient toujours traités sur un pied d’égalité et améliorer les procédures douanières et l’autorisation de séjour temporaire des gens d’affaires.

Nous aimons prendre l’exemple du secteur automobile. Chaque véhicule que nous exportons a 40 % de contenu américain, et vous n’êtes pas sans savoir qu’il arrive souvent que des pièces traversent les frontières six ou sept fois avant d’être incorporées dans le bien final. Nous avons procédé de même en aéronautique et sur de nombreux plans en électronique.

Dionisio Perez-Jacome Friscione  —  Ambassadeur du Mexique au Canada

2e objectif : Mettant l’accent sur la participation des PME aux chaînes d’approvisionnement

2e objectif : assurer un commerce continental plus inclusif et responsable en mettant l’accent sur la participation des PME aux chaînes d’approvisionnement. Le Mexique espère aussi que l’accord promouvra le respect des engagements nationaux et internationaux pris à l’égard de la main-d’œuvre, prévoira des mesures de lutte contre la corruption, accroîtra la coopération dans le domaine de l’environnement, améliorera les infrastructures frontalières et tiendra compte autant que possible des sexospécificités.

3e objectif : profiter des débouchés du XXIe siècle.

« Quand le premier accord a été négocié, le commerce électronique n’existait pas, a rappelé Pérez-Jácome Friscione. Nous avions des ordinateurs, mais ils étaient beaucoup moins performants que ceux d’aujourd’hui. L’occasion est belle pour aborder l’enjeu de l’économie numérique, mais aussi celui de l’énergie, un autre secteur qui a connu son lot de transformations. »

En effet, l’accord original ne contenait aucune disposition sur le secteur de l’énergie du Mexique, ce que le pays souhaite maintenant voir changer. Celui-ci veut également améliorer l’accès pour les fournisseurs de services (notamment financiers) et les investisseurs mexicains et promouvoir l’intégration des marchés de télécommunications.

Objectif no 4 : dissiper les incertitudes entourant le commerce et l’investissement en Amérique du Nord.

« Ce que nous visons, ce sont des mécanismes de règlement des différends modernes, efficaces, clairs et transparents. Nous sommes prêts à revoir les règles afin qu’elles soient justes pour tout le monde. Nous ferons l’apologie de la libre concurrence et nous nous emploierons à lever tout flou juridique planant sur la participation des fournisseurs mexicains aux processus d’approvisionnement des marchés publics nord-américains. 

En somme, selon l’ambassadeur, le Mexique croit toujours que les trois pays pourront crier victoire au terme des négociations.

« Nous avons eu deux rondes de pourparlers – à Washington et à Mexico –, et ce n’est pas terminé. Nous nous attendons à ce que la situation se clarifie bientôt. Pour nous, tout se déroule comme prévu; nous demeurons confiants. »

Pérez-Jácome Friscione a aussi bon espoir que les négociations aboutiront à un nouvel accord avant la fin de l’année, comme le Mexique l’a demandé. Et, a-t-il affirmé, les Mexicains souscrivent sans réserve à l’ALENA.

« Depuis que nous avons entamé les discussions, de plus en plus de Mexicains voient les avantages de l’ALENA. La plupart y sont favorables. »

Sur le plan bilatéral, l’ambassadeur a souligné que le Canada et le Mexique entretiennent de bonnes relations commerciales. Il a fait observer que c’est du Mexique que le Canada importe le plus d’avocats, de mangues, de bière et de téquila, et que neuf avocats sur dix viennent de son pays. D’ailleurs, pour l’anecdote, lorsque le secrétaire à l’Agriculture José Calzada s’est rendu à Ottawa, il a demandé à la blague à son personnel de trouver d’où venait le dixième avocat.

Enfin, Pérez-Jácome Friscione a rappelé que les exportations du Mexique ne se limitent plus aux ressources pétrolières. Par exemple, le pays est devenu le premier exportateur mondial de téléviseurs à écran plat ainsi qu’un chef de file dans la conception et la production de pièces d’aéronefs, de jeux vidéo et de logiciels.

                       

Date de modification : 2017-10-02