J’ai récemment participé à un webinaire  d’EDC intitulé Comment faire croître votre entreprise de technologie à l’international. Vous pouvez le consulter sur demande pour en savoir plus sur le CTIC et profiter de l’expertise des autres experts qui ont participé au panel :

  • Victoria Lennox, fondatrice et chef de la direction de StartUp Canada
  • Stacey Wnalli, directrice des programmes de coentreprise à la BC Tech Association
  • Michael Gilbert, chef de la direction de Semios Technologies
  • Vikas Arora, directeur, Groupe technologies de pointe à EDC.

Ce webinaire donne des conseils forts pertinents aux entreprises technologiques qui désirent exporter. Si c’est le cas de votre entreprise, ce webinaire s’impose comme une nécessité.

Les TIC en chiffres

Le secteur canadien des technologies de l’information et des communications compte environ 40 000 entreprises et représente une valeur annuelle de 72 milliards de dollars. C’est dire à quel point il s’agit d’un secteur crucial de notre économie et, bien sûr, de notre avenir. On estime qu’entre 2014 et la fin de l’année prochaine, l’industrie des technologies aura créé 182 000 nouveaux emplois. Voilà certes une excellente nouvelle pour notre pays… à la condition que nous ayons une main d’œuvre suffisamment formée pour remplir ces postes.

De plus, nos recherches indiquent qu’en 2021, 216 000 postes exigeant une formation en technologies numériques devront être comblés au Canada. Cela pose un réel défi, que le Canada n’est pas le seul pays à devoir relever. En réalité, la pénurie de talents en TIC est un phénomène mondial.

Par exemple, l’UE estime qu’en 2020, il lui manquera quelque 800 000 travailleurs qualifiés en TIC, alors que le U.S. Department of Labour prévoit que plus d’un million de postes de spécialistes en informatique devra être comblé, toujours en 2020, et que l’offre ne pourra pas répondre à la demande.

Toutefois, le défi de la main d’œuvre n’est pas qu’affaire de chiffres. Nous connaissons actuellement un déficit au niveau des compétences, notamment parce que les technologies se développent à un rythme accéléré, ce qui pose cette fois le défi de l’expertise des travailleurs, qui doivent constamment se mettre à jour pour répondre aux besoins de l’industrie.

Ce n’est pas tout : puisque seulement un quart des diplômés d’études postsecondaires participe à des programmes d’enseignement coopératif ou de stages, de nombreux diplômés n’acquièrent pas une expérience de travail pertinente ni même, dans certains cas, des habiletés de base comme l’habileté à communiquer. Pour les entreprises technologiques, qui ont besoin d’une main d’œuvre capable d’assumer des responsabilités diverses et de relever rapidement les défis qui se posent, ce sont-là des compétences essentielles que doivent posséder leurs nouveaux employés qui commencent leur carrière.

Combler la pénurie de talents

Le mandat du CTIC en matière de recherche et politiques consiste entre autres à identifier les emplois qui sont et qui seront les plus en demande et quelles sont les compétences nécessaires pour occuper ces postes. C’est là une information essentielle aux chercheurs d’emploi, qui peuvent ainsi adapter leur cheminement et acquérir les compétences nécessaires pour faire carrière dans un secteur des technologies en forte croissance. Tant pour les étudiants qui planifient leur formation en fonction de leurs objectifs de carrière que pour les travailleurs en réorientation de carrière, il est essentiel de comprendre la nature de la demande actuelle et future.

Cette information est également importante pour les gouvernements, qui peuvent ainsi adapter aux impératifs de la demande leurs politiques en matière d’investissement et de commerce, mais aussi les infrastructures et les plateformes éducatives. Évidemment, tout cela exige du temps…

Alors… que faire en attendant ?

D’abord, nous devons aider les nouveaux diplômés à acquérir une expérience de travail. WIL Digital est un programme de formation intégrée en milieu de travail qui offre des subventions aux entreprises technologiques canadiennes qui embauchent des stagiaires et des nouveaux diplômés.

En 2017-2018, le CTIC a ainsi aidé des employeurs canadiens dans les secteurs des fintech, de la fabrication avancée, du détail intelligent, de la cybersécurité et de l’intelligence artificielle pour un total de près de 200 emplois de qualité pour des stagiaires et des nouveaux diplômés au pays.

Il existe d’autres initiatives pour contrer la pénurie de talents, dont Go Talent, qui aide les professionnels en TI étrangers qualifiés et expérimentés qui s’installent au Canada et deviennent résidents permanents et les met en contact avec des entreprises technologiques canadiennes à la recherche de main d’œuvre qualifiée.

Développer les compétences des nouveaux diplômés et établir un contact entre les employeurs et des travailleurs de l’étranger qualifiés ne constituent qu’une partie de l’équation lorsqu’il s’agit de combler les besoins en main d’œuvre. Il faut également aider les travailleurs déjà en poste à acquérir les nouvelles compétences qui leur permettront de faire la transition vers les postes désormais en demande. Nos recherches démontrent qu’en Colombie-Britannique seulement, près de 30 % de la demande pour des emplois technologique devront être comblés par des travailleurs habitant déjà la province.

Il faudra alors un effort concerté pour intégrer au marché des emplois en technologie des groupes sous-représentés comme les femmes, les autochtones et les personnes handicapées; il faudra également aider les travailleurs d’autres secteurs à acquérir les compétences pour assurer leur transition vers le secteur des technologies.

Pour que cette transition des travailleurs vers des emplois dans le secteur en forte croissance des technologies se fasse en douceur, il faut se concentrer sur l’intégration, la compréhension des défis à relever et la mise en valeur des compétences essentielles pour occuper les postes en demande. Le CTIC même actuellement des recherches sur ces questions.  Ainsi, il travaille en collaboration avec La Marche des dix sous du Canada sur une étude  visant à identifier les obstacles que doivent surmonter les entreprises de technologies ontariennes pour recruter et retenir des personnes handicapées; il collabore également  avec l’organisme Calgary Economic Development sur une étude en vue d’identifier les meilleures façons d’assurer la transition des travailleurs hautement qualifiés de Calgary vers des emplois en forte demande dans les secteurs en forte croissance.

Les résultats de ces deux études seront publiés à l’automne 2018 et serviront à créer des programmes de formations pertinents, utiles et en temps opportun.

Trouver la bonne solution de financement

Si le principal défi que doit relever notre secteur des TIC est celui de la pénurie de main d’œuvre, le financement constitue également un enjeu important. Comme l’a souligné Stacey Wallin, de BC Tech, il ne s’agit pas seulement d’avoir accès au capital, mais également de comprendre quelles sont les options les plus appropriées pour assurer ce financement. Ainsi, si la plupart des firmes technologiques sont familières avec les investisseurs providentiels et le capital de risque, elles connaissent moins les outils que sont les capitaux non dilutifs, les marchés publics, les fusions et les acquisitions, le financement participatif et les ICO.

Les entreprises doivent ainsi se familiariser avec ces outils de financement, et leur méconnaissance peut être fatale lorsqu’elles tentent d’intéresser des investisseurs chevronnés. Afin de faire connaître aux entrepreneurs les diverses options de financement, BC Tech a mis en œuvre le Hyperscale Capital Program.

De la même manière, StartUp Canada reconnaît que la faible littératie financière est l’une des principales raisons qui freinent la réussite des petites entreprises. Pour résoudre ce problème, l’organisme a développé des programmes et des initiatives intersectorielles pour aider les entrepreneurs à améliorer leurs connaissances financières et leur expérience des affaires.

Les rouages du fonds de roulement

En travaillant pour une organisation nationale comme le CTIC, j’ai passé l’essentiel de mon temps à analyser les portraits d’ensemble.  Cela dit, il est toujours fascinant d’entendre ce que vivent quotidiennement les entreprises technologiques et comment elles réussissent.

Des entrepreneurs comme Michael Gilbert, chef de la direction de Semios Technologies, en constitue un bel exemple. Semios est une entreprise de technologies vertes qui utilise l’internet des objets pour aider ses clients agriculteurs à gérer leurs risques. Michael a souligné que la gestion du fonds de roulement est l’un des défis les plus importants auxquels l’entreprise en forte croissance a dû faire face. Il a mis en garde les entrepreneurs qui croient que tout passe par les technologies, affirmant qu’en réalité, l’insuffisance du fonds de roulement peut littéralement tuer une compagnie.

 Ironiquement, il s’agit-là d’un risque quotidien qui est trop souvent absent du plan d’entreprise. En travaillant avec ses fournisseurs, les institutions bancaires et avec EDC, Michael a su gérer les défis inhérents au fonds de roulement et faire en sorte que l’entreprise et ses fournisseurs soient tous gagnants.

Un avenir prometteur

Lors du webinaire, on m’a demandé quelles étaient, selon moi, les tendances dans le secteur des TIC. Je n’ai évidemment pas de boule de cristal et je me méfie de mon imagination,  mais nos recherches au CTIC ont permis d’identifier un groupe de « technologies transformatrices » qui, croyons-nous, détermineront l’avenir du  secteur des technologies. Nous prévoyons que les technologies suivantes domineront le paysage au cours des prochaines années : la technologie 5G, l’intelligence artificielle, les chaînes de blocs, la réalité virtuelle, la réalité augmentée et l’impression 3D.  Non seulement nous estimons que ces technologies prédomineront, mais aussi que les sous-produits qui naîtront de leur développement et de leur croissance nourriront jour après jour l’économie numérique, entraîneront de nombreux autres développement et favoriseront la croissance d’un grand nombre d’entreprises canadiennes.

Au cours des prochaines années, le CTIC poursuivra ses études sur chacune des cinq technologies identifiées. Agissant à la base pour favoriser de nouvelles avancées technologiques comme les véhicules autonomes ou la chirurgie à distance, le CTIC publiera à l’automne 2018 une première étude sur la technologie 5G et son impact sur l’économie et le marché du travail au Canada. 

À mesure que ces avancées se déploieront, nous devrons adopter une approche holistique en vue de relever les défis qui se posent au secteur des TIC afin que le Canada soit bien positionné pour jouer un rôle déterminant sur le plan des technologies à l’échelle mondiale.