Il y a bien des choses que nous ne choisissons pas dans la vie. Notre famille. La date et le lieu de notre naissance. Notre sexe et la couleur de notre peau. Nos habiletés physiques. Moi, je suis une femme blanche, hétérosexuelle et sans handicap, née dans une famille catholique de la classe ouvrière à Belfast, en Irlande du Nord. Certains de ces hasards ont joué en ma faveur, d’autres non. Quoi qu’il en soit, je n’ai rien choisi. C’est comme ça, c’est tout.

Ce préambule important m’amène à vous parler de ce qu’on peut choisir. J’entends ici les choix que nous faisons quant à nos façons d’interagir avec les gens qui sont nés à un autre moment que nous, qui viennent d’ailleurs ou qui appartiennent à une autre communauté que la nôtre. Selon moi, c’est à ce chapitre que nous échouons trop souvent, en tant qu’individus, en tant que collectivités et en tant qu’entreprises.

Cette année, nous traversons une crise sanitaire mondiale sans pareille, mais combattons aussi un fléau social qui perdure depuis trop longtemps : le racisme systémique.

L’été dernier nous a ouvert les yeux. Les meurtres de George Floyd, de Breonna Taylor et de tant d’autres personnes ont suscité une conversation mondiale. Exportation et développement Canada n’a pas fait exception : nos employés, et c’est tout à leur honneur, ont exigé une réaction forte.

Notre réaction se trouve consolidée dans une stratégie que nous appelons « Inclusion, diversité et équité ». D’une certaine façon, il s’agit du prolongement d’un travail que nous avions déjà entrepris. Mais il ne fait aucun doute que les événements de 2020 ont fait naître un sentiment d’urgence. Nous avons nommé un chef de la diversité, qui nous a déjà guidés dans un processus rigoureux d’analyse et de réflexion. Beaucoup de questions difficiles ont été soulevées, et nous avons commencé à saisir l’ampleur du chemin qu’il nous faut parcourir en tant qu’organisation pour prendre conscience de nos préjugés, du pouvoir guérisseur ou blessant des mots, et de l’impact des millions de « microagressions » qu’une personne peut subir au fil de sa carrière et de sa vie.

Dans un autre ordre d’idées, nous avons commencé à revoir, plus tôt cette année, les processus d’approvisionnement d’EDC. Nous avons aussi entrepris de bâtir de nouveaux partenariats externes afin d’avoir des occasions de travailler avec des organisations représentatives du Canada dans toute sa diversité.

Et ça ne s’arrête pas là : nous redoublons d’efforts pour mieux comprendre nos employés. Qui sont-ils? D’où viennent-ils? Quels obstacles rencontrent-ils? Nous passons en revue nos pratiques d’embauche et de promotion pour mettre au jour d’éventuelles iniquités. Nous cherchons aussi, bien sûr, des façons d’améliorer notre connaissance et notre compréhension des problèmes systémiques par l’éducation, la formation et le dialogue.

Certains se demandent peut-être si le moment est bien choisi d’entreprendre une telle mission; après tout, la pandémie mondiale nous en met plein les bras.

Or si une pandémie se définit comme « une maladie qui se propage à l’échelle d’un pays ou du monde entier », je crois que nous pouvons nous entendre sur le fait que la COVID-19 n’est pas la seule pandémie qui nous afflige. Le racisme, le sexisme et les multiples facettes de la discrimination existent toujours, et l’heure d’agir a sonné. Ce sont là les symptômes de la pandémie originale, qui sévit depuis trop longtemps.

À titre de présidente d’une institution financière majeure du Canada qui facilite le commerce et les investissements partout dans le monde, je crois que ce combat se justifie en outre par de nombreux impératifs commerciaux. Mon rôle, comme dirigeante, est de veiller à ce qu’EDC soit prête à réagir aux réalités de nos clients et de l’économie. Et la meilleure façon d’y arriver, c’est de miser sur un effectif à l’image de la diversité du Canada. Cette diversité doit se refléter sur l’embauche, mais aussi dans tous les échelons supérieurs, les groupes de planification, les premières lignes et nos équipes de soutien. En abordant la question sous cet angle, je crois qu’il est facile de voir que la proactivité est non seulement la bonne voie, mais aussi un investissement important en nous-mêmes.

Au cours de notre vie, nous aurons pratiquement tous à surmonter des difficultés propres à nos circonstances, que nous n’avons pas choisies. Je fais partie du lot. Mais quand je pense aux difficultés que j’ai vécues, je me rends compte qu’elles sont minimes en comparaison des contraintes systémiques qui affligent des millions de personnes tous les jours, que ce soit au Canada, aux États-Unis ou ailleurs.

Le choix que j’ai fait, c’est d’offrir une résistance là où je le peux, d’essayer de surmonter les obstacles, d’éduquer les autres… et de m’éduquer moi-même. C’est le même choix que fait EDC aujourd’hui. Évidemment, aucun gouvernement ni aucune entreprise n’est en mesure de trouver un remède miracle pour ces problèmes systémiques, mais ce n’est pas là l’objectif. EDC a simplement choisi de faire partie de la solution.

Nous n’avons pas le luxe d’attendre qu’une pandémie prenne fin avant de nous attaquer à l’autre. C’est maintenant qu’il faut agir.