Mon premier emploi dans les affaires consistait à aider d’autres entreprises. C’était en 1990. Je venais de sortir de l’école, une comptable pour une mission de conseil à Belfast, en Irlande du Nord. C’est un de ces postes qui m’a conduit de bureau en bureau, m’a permis de connaître différentes entreprises, de parcourir des inventaires et d’étudier des feuilles de calcul. Je me souviens de marcher dans des usines et des locaux de toute taille. J’ai beaucoup appris sur le fait d’être professionnelle, sur la façon dont les entreprises fonctionnent et comment bien communiquer, écouter et comprendre. J’ai aussi vu quelque chose à laquelle je n’avais pas prêté beaucoup d’importance à l’époque. Dans presque toutes les entreprises que j’ai visitées, les hommes étaient aux commandes, pas les femmes. Les hommes étaient propriétaires, présidents et gestionnaires. Les femmes étaient assistantes, réceptionnistes et employées d’usine. 

Si je n’ai pas fait trop attention à cette distribution traditionnelle des rôles selon les sexes, c’est possible que je n’aie pas considéré qu’elle s’appliquait à moi. Peut-être suis-je une aînée opiniâtre, ou peut-être ai-je tout simplement confiance en moi, mais je ne me souviens pas avoir pensé que je ne pouvais pas exercer un poste en particulier parce que je n’avais jamais vu d’autres femmes occuper un tel poste. S’il y avait un modèle pour ce que le travail d’une femme devait être en Irlande du Nord en 1990, je pense que j’aurai juste eu à le redéfinir. 

Depuis mes premiers pas, j’ai dirigé une petite entreprise de construction avec mon mari. J’ai occupé des postes de direction pour une grande multinationale canadienne. Et maintenant, depuis 2019, je suis la présidente-directrice générale d’une Société de la Couronne dans le secteur de la finance. 

Au cours des années, mon parcours de femme professionnelle est devenu moins solitaire, puisque tant de femmes ont redéfini les modèles toutes seules et ont assumé des rôles de dirigeantes dans le gouvernement, les entreprises et le milieu universitaire. Nous voyons plus de femmes dans les domaines techniques comme la médecine, les sciences, le droit, l’ingénierie et, mon propre domaine, le commerce et la finance. Le progrès a été remarquable. Il y a beaucoup de choses dont nous pouvons être fières.

Mais, Il existe encore des lacunes considérables à ce tableau optimiste. Des lacunes qui limitent non seulement le potentiel d’une large partie de la communauté canadienne des affaires mais encore la croissance de l’économie canadienne. 

Bien qu’elles représentent la moitié de la population canadienne, les femmes possèdent seulement 16 % des petites et moyennes entreprises de ce pays et seulement 11 % de ces entreprises sont des entreprises exportatrices.  Nous savons que ces chiffres sont liés à de nombreuses luttes de longue date menées par les femmes entrepreneurs. Les femmes n’ont généralement pas les connexions et les réseaux dont bénéficient leurs homologues masculins. Les femmes sont aussi traitées différemment comme entrepreneurs, plus particulièrement dans les secteurs techniques, et certainement dans la finance.

La pandémie de COVID-19 a mis en lumière ces lacunes. Les enquêtes montrent que les entreprises appartenant à des femmes et gérées par des femmes sont susceptibles de prendre deux fois plus de temps pour se rétablir. Les mêmes défis auxquels les femmes ont dû faire face avant la pandémie de COVID-19 limitent leur capacité à se rétablir. Leur manque d’accès à des capitaux, la part disproportionnée des tâches domestiques qu’elles doivent accomplir et le poids supplémentaire des soins qu’elles dispensent ont tous eu des effets néfastes.

Il ne s’agit pas seulement de résoudre ces lacunes pour aider les femmes. Il s’agit de bâtir une économie. Au Canada, augmenter la participation des entreprises dirigées par des femmes de seulement 10 % pourrait ajouter 150 milliards de dollars au produit intérieur brut canadien. Sur la scène mondiale, laisser les femmes entrepreneurs participer à l’économie sur le même pied d’égalité que les hommes pourrait ajouter jusqu’à 5000 milliards de dollars au PIB mondial. Ne rien faire face à l’inégalité des sexes ne crée pas seulement des problèmes pour les femmes, c’est un obstacle à la croissance mondiale. 

EDC a répondu à ces défis depuis de nombreuses années maintenant. En 2018, nous nous sommes engagés à faciliter l’exportation de 250 millions de dollars pour les entreprises dirigées par des femmes. Depuis la fin de l’année 2020, nous avons servi 1052 entreprises qui appartiennent à des femmes et qui sont gérées par des femmes facilitant 2,8 milliards de dollars en échanges commerciaux. Ravis de cette réussite, nous avons augmenté nos promesses encore une fois, nous engageant à servir 2000 entreprises uniques, facilitant au moins 6 milliards de dollars en exportation pour elles d’ici 2023. 

EDC a aussi été un partenaire pour développer l’accès aux capitaux propres. Notre programme d’investissement Femmes en commerce injecte 100 millions de dollars pour financer directement l’équité et appuyer les entreprises canadiennes dirigées par des femmes qui cherchent à se développer et d’accéder à de nouveaux marchés. 

Finalement, nous avons aussi évolué en interne, en contribuant non seulement à la parité dans notre effectif mais aussi dans notre cohorte de chefs notamment dans notre équipe de direction et dans notre conseil d’administration qui sont tous deux dirigés par des femmes. 

Beaucoup de choses ont changé au cours des trente dernières années. Beaucoup de choses se sont améliorées pour les femmes et ces progrès devraient être célébrés. Mais aujourd’hui, plus que jamais, il est vital que les changements continuent. 

L’objectif de la Journée internationale des femmes est de nous rappeler à tous ce qui doit encore être fait. Le thème de cette année est « Choisissez le défi » et nous encourage à dénoncer les préjugés sexistes et les inégalités entre les sexes pour les rejeter dès que nous les voyons, n'importe où et n'importe quand. 

Je suis fière de ce qu’EDC fait pour dénoncer, rejeter et remettre en cause le statu quo. Trente ans après avoir eu mon premier emploi dans les affaires, ma carrière est, au moins d‘une façon, revenue à son point de départ. Je travaille une fois de plus pour des entreprises qui aident d’autres entreprises, qui les aident non pas avec leur comptabilité mais à assurer leur réussite internationale dans le commerce et les investissements.

Il y a des entreprises de toute taille dans tous les secteurs de l’économie et plus en plus d’entre elles sont dirigées par des femmes et leur appartiennent. 

Il n’y en a pas assez. Pas encore. Mais nous y travaillons.