Les exportateurs canadiens ont tout intérêt, sur le plan financier, à bien anticiper la demande de leurs biens et services. Cependant, leurs attentes collectives peuvent-elles aider à prévoir les exportations nationales? Pour le savoir, les Services économiques d’EDC ont mis au point un modèle statistique simple et ont découvert que notre indice de confiance commerciale (ICC) pouvait aider à prévoir les exportations canadiennes.

Depuis plus de 20 ans, EDC sonde 1 000 entreprises canadiennes deux fois par année pour évaluer leur confiance quant au commerce international. Il s’agit d’entreprises qui exportent ou qui comptent exporter au cours des deux prochaines années. Les questions portent sur les perspectives de ventes au Canada et à l’étranger, la conjoncture économique nationale et internationale et les débouchés sur les marchés mondiaux. Les réponses apportent à EDC un éclairage unique sur le commerce canadien et lui donnent ainsi une occasion de réagir rapidement aux nouvelles tendances.

Dans notre sondage de la fin de 2019, l’ICC a atteint son plus bas niveau en près de dix ans. L’effritement de la confiance s’explique probablement par l’intensification du différend commercial sino-américain et le ralentissement de l’économie mondiale. Nous avons constaté que le protectionnisme était, pour les exportateurs canadiens, un sujet de préoccupation persistant et une grande source de difficultés. Ces résultats donnent à penser que les exportateurs canadiens suivent l’actualité des marchés mondiaux et s’ajustent en conséquence. En effet, en combinant le graphique de l’ICC à celui de la croissance de la production canadienne, on peut voir que l’ICC suit la courbe de l’activité économique globale.

Indice de confiance commerciale et croissance de la production canadienne

Sources : Services économiques d’EDC; Haver Analytics


Dans le graphique 1, nous avons avancé l’ICC de deux trimestres pour montrer sa grande valeur prédictive quant au produit intérieur brut (PIB) du Canada. Comme il porte sur le commerce canadien, l’ICC s’écarte parfois du PIB. Par exemple, la crise de la dette européenne inquiétait beaucoup les exportateurs, parce qu’elle aurait pu faire diminuer la demande de biens canadiens en Europe. Durant cette période, l’ICC a connu une baisse marquée, mais le PIB du Canada a été peu touché.

En revanche, l’effondrement des cours pétroliers entre 2014 et 2016 a pesé sur la croissance du PIB du Canada. Les exportateurs sondés n’étaient cependant pas aussi inquiets, ce qui montre que nous utilisons un échantillon représentatif d’exportateurs de différents secteurs d’activité. De manière générale, la demande de biens canadiens, mis à part les produits pétroliers, n’a pas souffert de l’effondrement des cours.

Indice de confiance commerciale et croissance des exportations canadiennes (hors secteur de l’énergie)

Services économiques d’EDC; Haver Analytics


Dans le graphique 2, nous avons superposé l’ICC aux exportations canadiennes (hors secteur de l’énergie), ou plus précisément à la variation en pourcentage d’année en année des exportations canadiennes, sauf les produits énergétiques. L’ICC suit de près l’évolution de la croissance des exportations, avec un coefficient de corrélation de 0,64. Il y a donc une relation positive entre l’ICC et la croissance future des exportations. C’est donc dire que les exportateurs canadiens anticipent très bien la demande de leurs produits.

Les Services économiques d’EDC ont mis au point un modèle statistique simple de la croissance future des exportations. Lorsque nous y avons ajouté l’ICC, nous avons constaté un effet positif important sur son exactitude. Nous avons utilisé l’ICC pour prévoir les exportations de biens, de services et de produits non énergétiques. Dans chacun des cas, l’inclusion de l’ICC a beaucoup amélioré l’efficacité du modèle. Pour en savoir plus sur notre méthode et nos résultats, voir notre rapport de recherche.

Nos travaux semblent indiquer que les exportateurs canadiens gagneraient à surveiller de près l’ICC. Cet indice peut les renseigner sur les impressions des autres entreprises du pays et sur ce que l’avenir leur réserve. Plus important encore, il peut les aider à anticiper la demande de leurs biens et services en vue de prendre de meilleures décisions d’affaires.