Les spécialistes de la pandémie ont sonné l’alarme : l’Afrique doit s’attendre au pire. Heureusement, le continent ne connaît pas autant de problèmes graves que prévu… du moins pour l’instant. On y observe des taux d’infection et de décès relativement bas comparativement à d’autres régions du monde, possiblement parce que la plupart des pays africains ont une population jeune. Même si les gouvernements d’Afrique ont été les derniers à imposer des mesures de confinement, les restrictions sont levées peu à peu, en même temps qu’en Europe.
La COVID-19 a malheureusement frappé juste avant la création de la zone de libre-échange continentale africaine, soit l’aboutissement d’un accord visant à renforcer les relations commerciales entre les 54 pays d’Afrique, à attirer les investissements étrangers et à encourager le développement hors des secteurs traditionnels, tels que les industries extractives (exploitation minière, pétrole et gaz naturel) et les produits de base (agriculture, or, charbon, etc.).
Quels sont les secteurs les plus touchés par la pandémie dans la région?
L’Afrique, qu’un seul continent dépasse en superficie, est vaste et tout sauf homogène. Les secteurs touchés par la pandémie varient donc d’un marché à l’autre. Mais en résumé, les pays qui en souffrent le plus sont ceux qui sont peu diversifiés et qui dépendent principalement des industries extractives. Les pays producteurs de pétrole et de gaz naturel, comme le Nigeria, l’Angola ou l’Algérie, et ceux reposant sur l’exploitation minière, comme le Botswana, la Tanzanie et l’Afrique du Sud, subiront des contrecoups violents qui plomberont leurs budgets pour des mois, voire des années. Certains devront repousser d’importants projets d’infrastructures, dont ils ont pourtant besoin pour développer leur économie et attirer les investissements. Cela dit, de nombreux gouvernements ont déjà demandé l’aide du Fonds monétaire international, et le G20 considère un allègement de la dette, qui pourrait permettre à certains projets de se poursuivre comme prévu ou presque.
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Quels sont les plus grands défis des entreprises canadiennes actives dans votre région?
Les entreprises et les gouvernements africains cherchent à attirer durablement les vendeurs étrangers et à les faire venir pour des rencontres en personne. S’il n’y a là rien d’anormal, il est maintenant beaucoup plus difficile, quoique toujours possible, de se rendre en Afrique et de se déplacer d’une région à l’autre. Comme mentionné précédemment, certains projets et contrats sont sur la glace, le temps que les gouvernements déterminent comment ils pourront les financer. La patience est donc de mise. C’est d’ailleurs un des principaux obstacles aux activités commerciales en Afrique : le financement ne suffit pas à la demande.
Puisque cet écart tendra à s’accentuer, on a demandé aux institutions financières étrangères présentes en Afrique de revoir leurs marchés et secteurs prioritaires. Or, le continent peut compter sur des esprits particulièrement ingénieux et une jeune force entrepreneuriale dynamique et résiliente. Nul doute que de nouvelles avenues s’ouvriront après la pandémie.
Quelle est l’atmosphère dans le monde des affaires de votre région?
Nos clients n’ont pas délaissé les marchés africains, mais prévoient des délais plus longs; ils ne semblent pas craindre outre mesure de perdre leurs acheteurs locaux. Le nombre de demandes d’information et de soutien demeure stable, ce qui est une bonne nouvelle.
Comment EDC aide-t-elle le marché?
Nous sommes en contact avec les entreprises canadiennes présentes sur le continent ainsi qu’avec leurs acheteurs. Nous nous préparons aussi pour la nouvelle normalité qui les attend. Quelques sociétés d’État et entités gouvernementales, dont EDC et Affaires mondiales Canada, organisent des missions commerciales en Afrique pour ouvrir de nouvelles portes aux entreprises canadiennes. Nous avons déjà sélectionné quelques pays pour les deux prochaines années et sommes en train de préparer ces événements pour que tout soit prêt le moment venu.