Une femme noire évalue le rapport de son collègue sur sa tablette.

Éliminer les obstacles des exportateurs noirs et racisés

Myriam Francisque comprend bien ce que c’est que d’être une femme d’affaires noire immigrante. Même une chose aussi simple que d’ouvrir un compte bancaire dans un nouveau pays peut s’avérer intimidant.

« J’avais fait des recherches sur le Canada, mais je ne connaissais pas le système bancaire du pays, » se souvient Mme Francisque, 39 ans, qui a quitté la Martinique, dans les Caraïbes, pour s’établir au Canada en 2014.

Titulaire d’une maîtrise en droit des affaires internationales obtenue dans des universités de France et du Royaume Uni, ainsi que d’un diplôme d’études supérieures en finance et en gestion de la London School of Business and Finance, elle a travaillé sur trois continents tant dans le secteur privé que public, gérant divers portefeuilles et dirigeant des projets d’envergure portant sur le commerce, le développement des affaires et l’innovation.

Plus tôt dans sa carrière, elle a aussi créé une société de services-conseils pour soutenir les entreprises dans leur développement économique, leur croissance internationale et la promotion de leurs exportations.

« Mon aventure en tant qu’entrepreneure était très intentionnelle. J’ai toujours su que je fonderais ma propre entreprise un jour, explique-t-elle. J’ai vu un besoin et j’ai saisi cette occasion de le combler tout en apportant une certaine sensibilité culturelle à la façon de faire des affaires dans les Caraïbes et en Europe. »

Mais malgré son expérience et ses études exhaustives, Mme Francisque explique que, lorsqu’elle s’est établie au Canada, elle sentait qu’elle devait constamment faire ses preuves face aux autres.

Même lorsqu’elle a voulu ouvrir un compte bancaire, on l’a accueillie avec indifférence et la personne à la caisse n’a pas voulu prendre le temps de lui expliquer le processus.

Myriam Francisque, EDC national lead, Inclusive Trade and Black and racialized exporters

 

« Je n’ai jamais voulu croire que c’était parce que j’étais noire ou une femme, raconte avec frustration cette mère de deux enfants. « Mais on a l’impression qu’on n’est pas à sa place et n'avez aucune valeur. »

En 2022, elle est devenue la nouvelle responsable nationale du commerce inclusif, Entreprises exportatrices dirigées par des Noirs et des personnes racisées à Exportation et développement Canada. C’est un rôle qui va comme un gant à cette femme qui se consacre entièrement à tenter d’éliminer les obstacles auxquels se heurtent les entreprises dirigées par des Noirs. Son objectif est de créer un système économique au sein duquel tous les entrepreneurs et les exportateurs — sans distinction de race, d’ethnicité et de genre — bénéficieront des mêmes possibilités, du même soutien et des mêmes ressources.

« Il s’agit de voir comment nous pouvons contribuer à faire bouger les choses. Des progrès ont été réalisés, mais il reste beaucoup à faire, » affirme-t-elle.

En avril dernier, EDC a tenu des consultations auprès d’entrepreneurs noirs et d’organisations au service des entreprises dirigées par des Noirs afin de mieux comprendre les obstacles qui freinent les exportateurs noirs, de même que les besoins particuliers de la communauté des entreprises détenues par des Noirs.

Huit séances virtuelles ont eu lieu. Parmi les 70 participants, 52 étaient des entrepreneurs noirs qui ont fait part des défis auxquels ils sont confrontés lorsqu’ils font affaire sur la scène internationale. Ils ont également offert des observations et des suggestions précieuses sur la manière dont EDC pourrait mieux soutenir la communauté des exportateurs noirs.

« Je n’étais pas surprise des résultats. Ce n’est pas nouveau, mais cela a permis de mettre en lumière à nouveau toutes les réalités qui existent déjà. Je sens qu’il faut rappeler aux gens que les injustices sont encore bien réelles et qu’elles nuisent aux communautés racisées et noires du Canada, » explique-t-elle.

« En plus du fardeau de la discrimination raciale en affaires et dans la société, nous avons appris que les communautés noires ont été exclues de façon systémique des secteurs bancaires et financiers, et qu’elles éprouvent de plus grandes difficultés à obtenir des capitaux, à développer des réseaux et à accéder à l’information, » dit-elle.

Autres points essentiels à retenir

• On note un manque de confiance envers les institutions financières.

• On doit s’occuper des inégalités systémiques.

• Les exportateurs noirs ont eu besoin de s’appuyer sur leurs propres systèmes de soutien et sur des fonds personnels.

• Des possibilités de réseautage profiteraient aux exportateurs noirs.

• Des formations sur l’exportation seraient bien accueillies.

Les participants ont aussi admis qu’ils n’étaient pas au courant des divers services offerts par EDC et que leurs interactions avec cette société d’État sont limitées. Certains ont suggéré à EDC de lancer un portail spécialement conçu pour les exportateurs noirs afin de leur offrir la possibilité d’échanger des connaissances et de se soutenir entre personnes ayant connu des expériences similaires.

Autres recommandations importantes

• Faire mieux connaître le soutien proposé par EDC.

• Fournir une plateforme en ligne destinée aux exportateurs noirs pour échanger de l’information et du soutien.

• Rendre facilement accessibles l’information et les ressources.

• Offrir des séances d’information individuelles avec des conseillers financiers.

• Réévaluer les critères d’admissibilité pour les diverses formes de soutien financier.

• Faire preuve de transparence dans les critères d’évaluation et d’acceptation.

• Réévaluer le système de cote de crédit souverain.

« À EDC, nous travaillons très fort pour écouter, apprendre et comprendre les défis et les obstacles auxquels les propriétaires d’entreprises issus de groupes visés par l’équité doivent faire face dans le développement de leurs affaires à l’étranger. Nous nous employons à trouver des façons de rendre nos produits et services plus accessibles et pertinents en vue d’aider plus d’entreprises à prospérer sur les marchés internationaux, » explique Jennifer Cooke, directrice du commerce inclusif à EDC.

« En collaboration avec des parties prenantes internes, l’équipe du Commerce inclusif s’est engagée à analyser l’accessibilité de nos produits financiers dans une optique d’équité. Cet examen sera capital pour nous aider à comprendre et à surmonter les obstacles qui entravent l’accès des entreprises détenues par des membres de groupes visés par l’équité aux produits et services d’EDC, de façon à ce que nous puissions atteindre notre objectif, soit aider un plus grand nombre d’entre eux à miser sur l’exportation pour croître, » affirme Jennifer Cooke.

Dans le cadre de son nouveau rôle, Mme Francisque souhaite « profiter de cet élan » pour aider EDC à approfondir sa compréhension des besoins et des défis particuliers des communautés d’exportateurs noirs et racisés, et ainsi appuyer la réussite des entreprises canadiennes sur la scène mondiale.

« J’ai la chance de pouvoir faire le lien et faciliter les contacts entre le gouvernement du Canada et les institutions financières, et leur faire mieux connaître les besoins des entreprises dirigées par des Noirs, explique cette leader dynamique. Je veux avoir un impact, faire entendre nos voix et changer la donne. »

     

   

                                               

Date de modification : 2023-02-17