Pour les entreprises canadiennes qui cherchent à percer les marchés de l’Asie du Sud-Est, il est essentiel de se renseigner sur les tenants et aboutissants des affaires dans cette région diversifiée. En tant qu’analyste des risques pour Exportation et développement Canada (EDC), je m’apprête à partir en mission pour réaliser une étude de marché à Singapour, en Indonésie et au Japon, où je contribuerai à repérer les débouchés et les risques de ces marchés.

Je concentre mes efforts sur ces trois États, car ce sont ceux qui devraient intéresser le plus grand nombre d’exportateurs actuels et potentiels.

  • Singapour est l’endroit idéal pour établir une succursale ou un bureau régional en raison de son ouverture au commerce et aux investisseurs, de ses infrastructures de calibre mondial et de sa population dont la majorité parle l’anglais.
  • L’Indonésie est l’endroit rêvé pour les entreprises qui ont une plus grande tolérance au risque et qui cherchent à établir une présence sur un marché émergent dont la population est la quatrième en importance au monde.
  • Enfin, le Japon, la troisième économie du globe, offre une grande profondeur et un important potentiel sous-utilisé pour les exportateurs canadiens de biens, particulièrement ceux du secteur agroalimentaire.

Durant ma mission, je rencontrerai des collègues du Service des délégués commerciaux du Canada (SDC), nos agents diplomatiques et des experts locaux. J’ai hâte de faire part de mes observations aux exportateurs canadiens potentiels.

Singapour: une porte d’entrée stratégique

Carte de Singapour
  • Principales exportations canadiennes (2018) : machinerie, matériel de transport, produits chimiques.
  • Valeur totale des exportations canadiennes (2018) : 0,9 G$
  • Accord commercial international avec le Canada : Oui, l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) est entré en vigueur en décembre 2018.
  • Population : 5,4 millions
  • PIB par habitant (2018) : 64 043 USD

Mon périple commence à Singapour, où se trouve le siège social régional d’EDC en Asie-Pacifique et notre toute première succursale financière à l’étranger. Dans les autres représentations d’EDC, le personnel travaille à mettre en relation les entreprises canadiennes et locales. Il en va de même à Singapour, mais il y a également des employés qui souscrivent des prêts pour d’importantes sociétés asiatiques qui cherchent à se procurer des biens et services canadiens. L’emplacement stratégique de Singapour en fait une porte d’entrée pour l’Asie du Sud-Est et un lieu de choix pour notre bureau unique. Cet État insulaire aussi minuscule que puissant occupe le deuxième rang parmi les 140 pays qui figurent dans le Rapport mondial sur la compétitivité de 2018 du Forum économique mondial, en raison de ses excellentes infrastructures, de son port de calibre mondial, de ses liaisons aériennes et de son ouverture au commerce. C’est pour ces mêmes raisons que des institutions financières, des compagnies d’assurances et des multinationales de divers secteurs y ont établi leur siège social régional. Néanmoins, un des inconvénients du succès de Singapour est qu’il peut être coûteux d’y établir un bureau, en raison des loyers élevés et du bassin de main-d’œuvre restreint.

Débouchés pour les entreprises canadiennes

Beaucoup de sociétés canadiennes ont déjà profité des débouchés de Singapour. Ces cinq dernières années, les exportations canadiennes à Singapour ont atteint en moyenne un milliard de dollars, ce qui en fait une des 30 destinations les plus importantes sur le plan de la valeur. Y sont présents des caisses de retraite, des banques, des firmes de génie et des fournisseurs de services consultatifs. Toutefois, selon le SDC, le potentiel inexploité est important pour les entreprises canadiennes, y compris les PME, notamment dans les secteurs agroalimentaire et des produits de la mer, des technologies propres, des technologies financières et des sciences de la vie. Par exemple, une de mes constatations les plus intéressantes dans le cadre mes recherches est que la valeur des exportations de poissons et de fruits de mer à Singapour a augmenté de 28 % par année de 2013 à 2018, passant de 4 M$ à plus de 14 M$.

Objectifs d’apprentissage

Au cours de mon voyage, je prendrai connaissance des perspectives locales et je communiquerai mes conclusions, y compris en ce qui a trait aux répercussions du PTPGP ratifié récemment sur le commerce entre le Canada et Singapour. Cette dernière n’imposait déjà que peu ou pas de droits de douane pour la plupart des importations, donc les gains sur ce plan sont sans doute limités. Cela dit, l’accord pourrait créer des occasions d’intégration pour des entreprises singapouriennes et canadiennes cherchant à offrir des biens et services aux autres signataires. Mon étude portera aussi sur les risques commerciaux, et j’enquêterai sur les différentes conséquences du différend commercial entre les États-Unis et la Chine pour Singapour et les autres économies régionales.

Indonésie: un diamant brut

Carte de Java, Indonésie
  • Principales exportations canadiennes (2018) : blé, engrais, papiers.
  • Valeur totale des exportations canadiennes (2018) : 2,1 G$
  • Accord commercial international avec le Canada : Non
  • Population : 262,9 millions
  • PIB par habitant (2018) : 3 963 USD

Je me rendrai ensuite à Jakarta, la capitale de l’Indonésie, située à moins de deux heures de vol de Singapour. Malgré la proximité géographique et les interrelations culturelles, le contraste entre l’Indonésie et Singapour ne pourrait être plus marqué. Singapour est une cité-État d’un peu plus de cinq millions d’habitants située sur une île relativement petite, avec une économie avancée spécialisée dans les services de pointe, les produits électroniques et les exportations de haute technologie. Quant à l’Indonésie, il s’agit d’un marché émergent en expansion rapide qui s’étend sur un vaste archipel comptant plus de 260 millions d’habitants. Son économie est basée sur les exportations de produits manufacturés à coût relativement faible, d’huile de palme, de caoutchouc, de métaux et minéraux et de produits énergétiques.

Débouchés pour les entreprises canadiennes

Traditionnellement, les exportations canadiennes importantes en Indonésie étaient le blé, l’engrais, la pâte de bois, la machinerie et le matériel de transport. De 2014 à 2018, la valeur de nos exportations dans ce pays s’élevait en moyenne à 1,8 G$, ce qui est probablement en deçà de leur valeur potentielle, le PIB du pays dépassant le billion de dollars et en faisant l’une des 20 plus grandes économies au monde. 

Il y a un grand potentiel de croissance dans les secteurs des technologies propres, de l’agroalimentaire, des services et de l’équipement pétrolier et gazier et des services éducatifs. L’Indonésie, avec sa population importante, sa classe moyenne en rapide expansion et sa forte croissance économique prévue, regorge de débouchés pour les fournisseurs et les investisseurs canadiens, qu’ils ne pourraient pas trouver dans une économie plus mature. Toutefois, ces occasions s’accompagnent de risques accrus liés au respect des obligations juridiques et contractuelles, de réglementation gouvernementale laborieuse et de volatilité potentielle des changes.

Objectifs d’apprentissage

En Indonésie, je chercherai à approfondir ma compréhension des défis et des risques politiques qui attendent les entreprises internationales qui font des affaires dans le pays. Comme c’est le cas pour d’autres pays, la polarisation politique de l’Indonésie s’est accentuée ces dernières années. J’espère en apprendre davantage sur les dynamiques qui sous-tendent cette tendance, et sur les sociétés d’État, les plans d’infrastructure du gouvernement et la perception qu’ont les investisseurs internationaux de l’environnement commercial.

Japon : mature et dynamique

Carte du Japon
  • Principales exportations canadiennes (2018) : métaux, produits d’origine végétale et animale.
  • Valeur totale des exportations canadiennes (2018) : 12,8 G$
  • Accord commercial international avec le Canada : oui
  • Population : 127,2 millions d’habitants
  • PIB par habitant (2018) : 39 081 USD

Mon voyage se terminera à Tokyo. L’économie du Japon a été largement empreinte de pessimisme depuis de début des années 1990, mais le pays demeure la troisième plus grande économie au monde, après les États-Unis et la Chine. Les entreprises du Japon sont parmi les plus mondialisées. Il n’est donc pas surprenant que le Japon soit le pays asiatique qui compte la plus grande part d’investissements internationaux au Canada.

Débouchés pour les entreprises canadiennes

Le Japon est également le quatrième plus important client du Canada. Les exportations canadiennes au Japon ont atteint 12,7 G$ en 2018, après avoir connu une croissance annuelle moyenne de près de 5 % au cours des cinq dernières années. Traditionnellement, le Canada y exporte surtout des métaux et minéraux, des produits agroalimentaires et de la mer, des produits forestiers et, dans une moindre mesure, de la machinerie et des produits chimiques – autant de secteurs où le PTPGP apporte de nouvelles possibilités de croissance. Les biens canadiens qui bénéficient des plus importantes réductions des droits douaniers grâce à l’accord et dont les ventes devraient s’accroître sont le blé et l’orge, les produits du porc, le bœuf et les matières en bois. Cela dit, selon le SDC du Canada, les perspectives sont favorables pour un vaste éventail d’industries canadiennes, allant des fournisseurs de services numériques aux pionniers canadiens des technologies propres, en passant par les industries de défense et de sécurité.

 

Objectifs d’apprentissage

Au Japon, je prévois rencontrer des experts sectoriels pour discuter des perspectives à long terme pour l’économie et le bien-être collectif, compte tenu du vieillissement rapide de la population japonaise et du taux de natalité en diminution constante. Plus particulièrement, je veux connaître l’avis des experts japonais sur les solutions possibles aux problèmes économiques et sociaux liés à la situation démographique. J’espère en tirer des observations utiles pour les entreprises canadiennes qui veulent savoir quels types de biens et services risquent le plus d’être recherchés au Japon lors de sa transition vers un nouveau modèle social, « Society 5.0 ».

Pour plus d’informations, l’Analyse trimestrielle des risques pays présente un portrait de la conjoncture économique et politique dans plus d’une centaine de pays, incluant l’Indonésie, le Japon et le Singapour. En accédant à ce guide interactif essentiel, vous serez au fait des marchés en rapide évolution, des nouvelles occasions d’affaires et des nouveaux risques. De précieuses informations à jour sur plus de 50 pays, notamment des observations sur les antécédents de paiement et les facteurs influant sur les risques, vous permettront de prendre des décisions commerciales et d’investissement éclairées.