Les mesures de confinement mettent toutes les entreprises, au Canada et ailleurs dans le monde, à rude épreuve. Les chiffres du chômage pour le mois de mars brossent un portrait saisissant de la situation ici même au pays : en tout juste un mois, nous avons perdu autant d’emplois que pendant un intervalle de neuf mois lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, et près du quart des travailleurs canadiens se sont retrouvés sans emploi ou avec un horaire de travail réduit. Et dire que quelques semaines auparavant, les entreprises se plaignaient du manque criant de main-d’œuvre qualifiée… La vitesse avec laquelle les entreprises ont mis à pied leur personnel montre à quel point elles ont été aveuglées par le plongeon de l’activité. Toutes les entreprises sont touchées, mais certaines le sont-elles davantage?

Certains des impacts sectoriels sont plus visibles que d’autres. Les sociétés fortement intégrées aux chaînes d'approvisionnement chinoises ont été les premières à être frappées de plein fouet. Les secteurs du transport aérien, de l’hébergement, de la restauration, ainsi que des déplacements professionnels et du tourisme ont aussi été rapidement – et durement – touchés. En peu de temps, les mesures de confinement ont entraîné la mise à l’arrêt d’une foule d’activités commerciales à peu près partout sur la planète. Alors, est-il possible d’établir un classement des impacts relatifs de la crise de la COVID-19 sur les secteurs? Les Services économiques d’EDC ont abordé la question sous l’angle de quatre facteurs déterminants : l’importance économique du secteur; sa situation financière avant la crise; ses besoins estimatifs en liquidités; et l’incidence sur ses ventes à titre d’indicateur du degré d’urgence.

Après avoir examiné tous ces facteurs, nous avons obtenu des résultats, somme toute, peu surprenants. En tête de liste, on trouve la catégorie « hébergement et services de restauration », dont la situation financière est relativement peu favorable, qui a un besoin plutôt important d’emprunter des fonds et qui doit composer avec les effets de la crise sur les ventes. Le secteur pétrolier et gazier suit de près dans le classement aux côtés des arts, du divertissement et des loisirs. Par ailleurs, les sous-secteurs de l’automobile et de l’aéronautique se sont hissés près du sommet du classement établi selon les « besoins ». Enfin, les secteurs de l’information et de la culture de même que les catégories de l’agriculture primaire, de la foresterie et de la pêche terminent le classement des secteurs les plus affectés.

Certains secteurs offrant des services essentiels sont cependant moins touchés. Voilà qui semble aller de soi. Avant de commencer l’évaluation des impacts directs de la COVID-19 sur l’activité, on a constaté qu’au départ la situation financière et économique de ces secteurs était robuste. Ce faisant, on ne s’attend pas à une réduction notable des activités dans le domaine des soins de santé; par ailleurs, les services d’enseignement à tous les niveaux seront maintenus grâce à l’utilisation d’outils virtuels. Le sous-secteur des services d’assistance sociale est dynamique grâce au lancement des programmes de soutien publics. Les services professionnels, scientifiques et techniques font meilleure figure puisque le télétravail est une option qui s’offre à bon nombre des segments de ce groupe, dont la situation financière était meilleure au début du repli de l’activité. Dans cette catégorie, on compte également les secteurs de la construction et de la vente en gros. Dans le secteur de la fabrication, le segment de la transformation alimentaire, qui affichait au départ une bonne performance, se trouve en ce moment dans le groupe aux besoins moins élevés. 

Voici les secteurs qui occupent le milieu du classement : transport et entreposage; services personnels, administratifs et soutien; commerce de détail; et services immobiliers. 

L’analyse des impacts sectoriels est compliquée par le fait que ces secteurs sont composés de sous-secteurs ayant des traits particuliers pouvant modifier leur classement en fonction de la vulnérabilité. Le secteur de la fabrication, dont certains sous-secteurs se situent aux antipodes, en constitue sans doute un bon exemple. Il en va de même du sous-secteur du détail : les produits alimentaires et de soins de santé connaissent de beaux jours; à l’inverse, les filières du vêtement et de la chaussure, des produits de luxe et des produits spécialisés voient leurs ventes piquer du nez. En définitive, on peut dire que les contraintes relatives sont définies au niveau de l’entreprise : peu importe le secteur où celle-ci évolue, si elle mène en ce moment de grands projets d’expansion, elle risque de pâtir du contexte actuel.

C’est un fait : tous les secteurs sont durement touchés par la présente crise; pourtant, selon leurs besoins, ils ne nécessitent pas tous le même niveau de soutien. Forts de ce constat, nous avons cherché à établir le classement de ces besoins. Le temps sera un autre facteur qui déterminera l’ampleur du soutien général. Certains secteurs se redresseront plus rapidement, et ce, pour des raisons évidentes : il faudra du temps pour retrouver le courage de partir en vacances vers une destination internationale, se rendre dans son fast-food préféré, assister à un concert ou un événement sportif ou encore acheter des aliments provenant d’un pays affecté par la COVID-19. Indéniablement, la crise entraînera des changements comme un intérêt accru pour le télétravail – qui diminuera les déplacements entre la maison et le bureau, et aussi les voyages d’affaires – et un regain d’intérêt pour les achats en ligne – une tendance qui transformera le secteur du détail et jouera sur la demande envers une foule de biens et de services.

Conclusion?

En raison de la crise de la COVID-19, il faut généraliser le soutien aux entreprises – un soutien qui sera substantiel. Or, cet appui doit être modulé en fonction des besoins : selon le cas, il sera plus important, plus rapide et plus soutenu dans le temps. EDC travaille activement, de concert avec les institutions financières et les compagnies d’assurances canadiennes ainsi qu’avec d’autres sociétés d’État financières, à mettre en œuvre les programmes PCE et CUEC du gouvernement fédéral.

 

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