Qu’est-ce que j’y gagne? Question qu’on se pose dans toute transaction, qu’on soit dans une cour d’école ou dans la salle du conseil d’une multinationale, et qui demeure pertinente dans le domaine des prévisions macroéconomiques. Avoir une vue d’ensemble est une bonne chose – c’est même essentiel par les temps qui courent –, mais si elle ne permet pas de déterminer les effets de la conjoncture au niveau sectoriel, il reviendra aux auditeurs de le faire. En conséquence, nous cherchons à combler cette lacune en offrant des prévisions plus détaillées. Notre nouvel outil de prévision, qui couvre 28 secteurs, fournit une information complète : données sur le rendement et les prévisions, et présentation visuelle de la présence canadienne, par secteur, sur le marché mondial. Au niveau sectoriel, donc, quelles sont les perspectives?

En général, les nouvelles sont bonnes. On prévoit que la croissance des exportations de biens produits au Canada augmentera de 6 % cette année et de 5 % en 2018. Ces données font état de la reprise du cours des produits de base, mais ce n’est pas tout : les prévisions pour 2018 s’appuient moins sur les fluctuations des prix que sur l’augmentation du débit des produits à l’usine, augmentation qui est tributaire de la hausse du taux de croissance mondial, soit de 3,5 % en 2017 à 3.8 % en 2018. D’ailleurs, il semble qu’il s’agit là d’estimations prudentes. Au mois d’avril, les exportations cette année ont crû de 8,5 % par rapport à l’an dernier et depuis juin, le taux de croissance annualisé a monté en flèche pour s’établir à 18,5 %. Étourdissant, non? À quoi est-ce dû?

En gros, on retrouve au peloton de tête les secteurs qui ont le plus souffert l’an dernier. Le secteur de l’énergie, qui devait composer avec la chute abrupte des prix, a vu ses exportations reculer de 17 % l’an passé, celui de l’aéronautique, de 11 % et celui de l’exploitation minière, de 3 %. Dans un retournement de situation spectaculaire, on s’attend à une hausse de 18 % des exportations du secteur de l’énergie cette année et de 11 % dans le secteur de l’exploitation minière. Dans ces deux secteurs, le retournement est principalement attribuable aux prix, et à la croissance des volumes de production qui découle de l’achèvement de projets de développement et d’expansion. Le secteur devrait aussi bénéficier de mesures de limitation des coûts qui rendront viable une augmentation des flux de production à meilleurs coûts à l’échelle mondiale.

Les exportations du secteur de l’aéronautique afficheront, elles aussi, une croissance supérieure à 10 %, mais pas avant 2018. L’augmentation de la demande mondiale d’appareils C Series de Bombardier et l’accélération de leur production expliquent cette forte dynamisation de la croissance.

Le peloton du milieu se compose de trois secteurs. Après avoir connu un léger recul dans les expéditions de produits chimiques et de plastiques l’an dernier, ce secteur devrait progresser de 7 % cette année et de 8 % en 2018. Cette croissance est attribuable à l’augmentation à court terme de la production industrielle aux États-Unis et à des prix avantageux. Du côté du secteur de la machinerie et de l’équipement industriels, on estime à 5 % le taux de croissance pour cette année et l’année prochaine. Cette croissance découle en partie d’un petit regain de vigueur du secteur des ressources et d’une hausse globale des investissements des entreprises, après sept ans de sur-place. Le troisième secteur du peloton est celui des engrais, qui, après un recul prononcé en 2016, connaîtra une croissance annuelle stable de 4 % pour les deux années à venir.

Nous anticipons une croissance molle dans nombre de secteurs. Les expéditions dans le secteur de l’automobile stagneront durant les deux prochaines années, en raison notamment du plafonnement des ventes aux États-Unis et des capacités limitées au Canada. Cela dit, l’activité demeure robuste dans le secteur et les engagements d’investissement à court terme au Canada sont élevés. Les exportations des technologies de pointe composent avec des vents contraires depuis plusieurs années et la situation des exportations ne devrait pas s’améliorer en 2018. Dans le secteur agroalimentaire, les choses iront légèrement mieux : le potentiel de croissance est très fort, mais la disponibilité des produits limitera les ventes à l’étranger. Cela dit, la signature de l’AECG rend la croissance possible, car c’est dans le secteur agroalimentaire que cet accord ouvre le plus grand nombre de possibilités.

Une dernière observation : le discours sur le commerce devenant de plus en plus mordant, la diversification fait son retour. L’AECG favorisera les ventes en Europe à court terme, ce qui contribuera à la diversification sur des marchés traditionnels. Selon ces prévisions, les exportations vers les marchés émergents progresseront à un taux supérieur à 10 % cette année, et dans bien des secteurs industriels, les ventes sur ces marchés atteindront des taux de croissance encore plus élevés, et de beaucoup.

Conclusion?

Les taux de croissance à court terme varient beaucoup d’un secteur à l’autre. En fait, si on tient compte des dernières données, les résultats pourraient être encore meilleurs que prévu dans l’ensemble. Et même pour les secteurs les moins dynamiques, une très forte demande se profile sur les marchés émergents.