À pareille date l’an dernier, l’économie mondiale progressait à un rythme respectable, les taux d’intérêt augmentaient et le dollar américain s’appréciait. Cependant, au cours des 12 derniers mois, l’incertitude entourant les politiques s’est accentuée, l’élan économique s’est ralenti et au moins 33 banques centrales – dont l’activité englobe une grande partie de l’économie mondiale – ont abaissé leurs taux. Bon nombre de marchés émergents ont bénéficié du contexte qui a suivi la crise financière. Pourtant, aujourd’hui, les investisseurs et les détenteurs de titres de créance se montrent de plus en plus prudents. Résultat : nous observons à nouveau une sortie des capitaux des marchés les plus risqués. Qu’est-ce que cela signifie pour l’évolution de la notation des risques pays d’EDC?

Eh bien, ça dépend. Les marchés émergents sont souvent regroupés dans une seule et unique catégorie. Cette erreur survient quand on présume que les risques mondiaux impactent la plupart des marchés de la même manière. Dans un climat d’incertitude accrue, les tendances modulant la notation des risques révèlent un contraste saisissant entre les marchés résilients et les marchés vulnérables. Nos données de l’an dernier montrent bien que les risques n’ont pas la même incidence sur tous les marchés émergents. Dans un environnement mondialisé, les nuances propres à un pays peuvent lui être salutaires ou défavorables.

En voici quelques illustrations tirées de la plus récente édition de l’Analyse trimestrielle des risques pays d’EDC.

Au Vietnam et en Thaïlande, l’activité économique s’accélère. En effet, malgré les tensions commerciales à l’échelle mondiale, ces marchés asiatiques en plein essor prospèrent. Le Vietnam regorge de débouchés dans divers secteurs, notamment de l’agriculture et du renouvellement des infrastructures énergétiques. La Thaïlande, pour sa part, est une destination de choix des produits agricoles et des produits issus des technologies de pointe en provenance du Canada. Ces deux marchés font figure de nouvelles portes d’entrée vers l’Asie, étant donné le conflit commercial qui oppose les États-Unis et la Chine. Et ça marche. Ces marchés offrent de belles occasions, certes, mais qu’en est-il des risques? Vu leur position de centres de production alternatifs, les gouvernements vietnamien et thaïlandais courtisent de plus en plus les investisseurs étrangers en conduisant des réformes favorables aux entreprises dont l’objectif est de renforcer la compétitivité. Ces mesures font diminuer les risques, et cette tendance devrait se maintenir. Il y a toutefois un bémol : les centres de production à plus faible coût sont d’habitude plus vulnérables à l’évolution des technologies et à la concurrence. À cela s’ajoute une autre réalité : ces économies ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour améliorer leur contexte institutionnel et réglementaire. Par conséquent, il serait prudent de suivre la vague.

Il y a toutefois des ombres au tableau. De fait, deux problématiques se sont intensifiées à divers degrés. Tout d’abord, l’accès au financement se resserre sur des marchés, comme l’Argentine, qui se sont rapidement endettés pendant la période de forte croissance. En 2015, l’économie argentine était la coqueluche de l’Amérique du Sud. Le pays avait émis une obligation assortie d’une échéance de 100 ans qui avait été sursouscrite. L’optimisme entourant les perspectives de l’économie argentine était légitime, quoique disproportionné par rapport aux risques sous-jacents. Si on considère la morosité grandissante à l’échelle mondiale et le bilan de 2018, le tableau n’est pas plus encourageant en 2019. Les prochaines élections devraient entraîner un changement de gouvernement, et on redoute que la nouvelle administration entrave la poursuite de réformes favorables aux entreprises et crée de l’instabilité. L’incertitude entourant les politiques et les mouvements appréciables de la devise ont donné des sueurs froides aux investisseurs si bien qu’on s’accorde pour dire que l’Argentine se dirige vers une importante restructuration de sa dette. Naturellement, l’activité sur le marché intérieur en souffrira alors que le gouvernement instaure des politiques visant à réduire l’ampleur des sorties de devises.

La seconde problématique prend la forme de la fragilité de la sphère politique dans des économies faisant auparavant belle figure. C’est le cas du Nigeria qui doit composer avec le retour de la violence et une escalade de la dette. Par le passé, le pays a profité de la montée des cours pétroliers, mais il ne dispose plus des abondantes entrées de devises générées par l’exploitation des produits de base pour contenter les électeurs. Face à la chute des cours de l’or noir, le gouvernement s’est montré incapable de préserver les finances publiques. L’incapacité du Nigeria de gérer de façon prudente cette manne financière et se préparer à des temps difficiles a notamment incité le gouvernement à renégocier des contrats dans le secteur pétrolier. Cette décision a eu un double effet : elle a soulevé l’inquiétude des investisseurs et elle a bridé l’activité. À ces difficultés financières s’ajoutent des préoccupations grandissantes en matière de sécurité. Le Nigeria abrite de vastes réserves pétrolières, mais leur mauvaise gestion a amplifié l’inaptitude des autorités à remédier à une recrudescence de la violence.

Depuis les 12 à 18 derniers mois, les tensions sur la scène du commerce international ont fait des gagnants et des perdants, tout comme d’ailleurs le changement d’appétit des investisseurs. Certains marchés ont résisté à ces fluctuations, alors que d’autres ont été durement éprouvés. D’après notre analyse, pour toute amélioration de la notation d’EDC à l'égard d'un pays donné, il s'est produit deux abaissements de notation, et la plupart de ces modifications touchent les économies émergentes. On peut en déduire qu’au cours des douze prochains mois l’incertitude pesant sur le commerce mondial, le ralentissement de la croissance et un faible niveau d’investissement étranger seront autant d’éléments qui effaceront les surplus engrangés lors de la reprise qui a suivi la grande récession, et qui exposeront les forces et les faiblesses structurelles des marchés. Il y a tout même des raisons de se réjouir, car on observera des contrastes de plus en plus marqués chez la cohorte des pays émergents.

Conclusion?

La conjoncture nous invite à faire preuve de prudence et de vigilance. Les marchés mondiaux présentent des risques, dont certains sont plus difficiles à maîtriser que d’autres. Pour les exportateurs et les investisseurs audacieux et avertis, l’incertitude croissante est l’occasion de dénicher des occasions. La perception des risques peut rapidement changer. Heureusement, grâce à des ressources comme l’Analyse trimestrielle des risques pays qui vous éclaire sur les développements les plus récents, vous pouvez partir à la conquête de nouveaux marchés en toute connaissance de cause.

 

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