Ces deux dernières années, les exportations canadiennes ont affiché leurs plus robustes taux de croissance annuels en 40 ans, soit de 20 % en 2021 et de 23 % en 2022. Ces très bons résultats mettent en évidence le lien très étroit entre la performance commerciale du Canada et la bonne tenue de l’économie mondiale.

Il y a deux ans, les ventes à l’exportation ont redécollé et se sont remises des confinements imposés pendant la pandémie; les entreprises, quant à elles, ont découvert de nouvelles façons d’interagir avec leurs clients. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a fait flamber les cours des produits de base comme l’énergie, les engrais et les denrées agricoles. Cette flambée a bonifié la valeur des exportations de ressources du Canada.

Dans sa plus récente édition des Perspectives économiques mondiales, Exportation et développement Canada table sur une croissance de tout juste 2,4 % de l’économie mondiale, dont le dynamisme semble s’essouffler. Sans surprise, la performance globale des exportations canadiennes s’oriente aussi à la baisse : la croissance sera d’à peine 0,9 % cette année – un net recul par rapport aux sommets atteints au cours des années précédentes.

Malgré l’ampleur de la chute, le courant descendant accompagnant le repli de certains des principaux produits de base pourrait, dans les faits, exagérer la détérioration des perspectives pour les exportations canadiennes. La tenue des exportations a été remarquable depuis deux ans, mais cette impulsion était en bonne partie attribuable à la montée des cours. Dans notre livraison du printemps des Prévisions à l'exportation, nous prévoyons que le profil de croissance plus ordinaire, mais moins inégal donnera un coup de pouce aux expéditions de marchandises en portant leur croissance à 3,8 %, ce qui dépasse les taux de croissance des volumes de 2,1 % et de 2,4 % enregistrés en 2022 et 2021, respectivement.

Les perspectives pour les exportations énergétiques constituent le parfait exemple d’un secteur exposé aux turbulences engendrées par la dynamique des cours. Nous avons pris en compte cette réalité dans la formulation de nos perspectives pour les exportations de cette filière. Après avoir enregistré une croissance de 63 % en 2021 et de 57 % en 2022, les exportations énergétiques devraient se contracter de près de 15 % cette année.

On peut expliquer la quasi-totalité de ces fluctuations par l’exceptionnelle volatilité des cours énergétiques, qui ont grimpé de plus de 50 % depuis deux ans et qui devraient fléchir de près de 16 % cette année. Étant donné que les exportations d’énergie représentent près du quart des exportations de marchandises du Canada, ces changements soudains d’altitude auront des répercussions majeures sur la performance générale de nos exportations.

La même dynamique est à l’œuvre dans les exportations d’engrais. L’invasion russe et les sanctions par la suite imposées aux producteurs russes et biélorusses ont obligé bon nombre de pays à trouver – en urgence – d’autres fournisseurs d’engrais; naturellement, cette conjoncture a fait monter en flèche les cours. Le Canada étant un producteur mondial de premier plan, il a vu ses exportations d’engrais croître de 96 %, l’ascension des cours contribuant à près de 75 % de cette envolée. Cette année, nous projetons une expansion relativement modérée (mais toujours robuste) de 13 % puisque les fournisseurs canadiens augmenteront leur production pour combler les pénuries à l’échelle mondiale.


Les  exportations de minerais et de métaux ont aussi profité – mais de façon moins marquée – du raffermissement des cours mondiaux ces deux dernières années. La normalisation plus rapide de l’activité après la réouverture de l’économie en Chine a, dans un premier temps, fait augmenter les cours en début d’année. Cependant, les perspectives plus moroses de la demande mondiale et les chiffres décevants de la production industrielle pénaliseront le secteur et contribueront à la faible croissance des exportations canadiennes en 2023.

En excluant ces secteurs, où l’impact des cours façonne les perspectives, les prévisions pour les exportations canadiennes présentent un tableau plus encourageant. Par ailleurs, face à la devise américaine, nous nous attendons à ce que le dollar canadien s’échange en moyenne, sur une base annuelle, à 73 cents cette année, contre 77 cents en 2022. Cette dépréciation du huard devrait conférer un avantage concurrentiel substantiel aux exportateurs des secteurs des technologies de pointe, des biens de consommation et des services.

Les perspectives sont aussi prometteuses pour d’autres secteurs. Par exemple, les exportations agricoles seront stimulées par l’excellent rendement des cultures lors de la dernière saison des récoltes. Dans la même veine, le secteur automobile et celui de la machinerie et de l’équipement bénéficieront de la diminution des perturbations touchant les chaînes d’approvisionnement, et ce, malgré une conjoncture mondiale plus difficile.

Conclusion?

Après deux années de croissance galopante, alimentée par l’envolée des cours, les perspectives pour les exportations canadiennes seront moins éclatantes en 2023. L’augmentation hors norme des cours a occulté la progression des exportations, mais elle a aussi exagéré leur chute. Pour preuve : la croissance des volumes devrait rester assez soutenue.

Dans l’ensemble, les exportations canadiennes continueront de croître, même en présence de perspectives économiques modérées. L’an prochain, l’économie mondiale gagnera en puissance. Les exportations canadiennes emboîteront le pas et inscriront une croissance de 4 % sur l’ensemble de 2024.

Nos sincères remerciements à Ross Prusakowski, directeur du Centre d’information économique et politique d’EDC, pour sa contribution à la présente édition.

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