Stuart Bergman

Technos propres et monde en mutation : exporter l’innovation du Canada

Le secteur des technologies propres se trouve à la croisée des chemins. L’incertitude ambiante à l’échelle mondiale redessine la conjoncture commerciale, et le recul des ambitions climatiques fait perdre son élan à la transition énergétique mondiale. Parallèlement, les émissions mondiales de dioxyde de carbone ont atteint des sommets en 2024, et, pour la première fois, le réchauffement planétaire moyen a dépassé le seuil de 1,5 °C. À partir de ces deux réalités concurrentes – soit les perturbations géopolitiques d’une part et l’urgence climatique de l’autre – se profilent des voies divergentes pour le secteur.

Alors, qu’est-ce que l’avenir réserve aux technologies propres canadiennes? Le Rapport sur les technologies propres 2025 d’Exportation et développement Canada (EDC) a pour objectif de répondre à cette question en s’intéressant aux technologies évolutives et aux atouts du Canada sur la scène de l’exportation dans un marché mondial en mutation.

Technologies propres : les investissements  s’intensifient à l’échelle mondiale

Les investissements dans le secteur de l’énergie propre ont atteint 2 000 milliards de dollars américains en 2024, soit le double des investissements dans le secteur des combustibles fossiles. Le secteur assiste à une chute des coûts de fabrication et à des avancées techniques. Dans certaines régions, il est d’ailleurs plus abordable d’installer une source d’énergie verte qu’un système fonctionnant aux combustibles fossiles. Par exemple, toujours du point de vue de l’installation, l’énergie solaire et l’énergie éolienne sont respectivement 41 % et 53 % moins chères que les sources d’énergie fossile les plus abordables. Sans compter qu’une fois installée, l’option verte est relativement peu coûteuse à entretenir. Dans les faits, chaque unité ajoutée contribue à réduire la facture pour les suivantes.

Dans cette perspective, la transition énergétique ne vise plus seulement à éviter le réchauffement climatique : c’est aussi une affaire de bon sens économique et commercial. Les occasions engendrées  par la lutte contre les changements climatiques continuent de jouer sur le comportement des investisseurs, surtout à l’heure où la montée en puissance de l'IA accélère l'expansion des centres de données et, par là même, la demande en énergie. On s’attend à ce que les technologies propres ayant un potentiel de commercialisation à grande échelle réussissent à percer, malgré les obstacles réglementaires, financiers et politiques.

 

Développement des technologies propres : les secteurs où l’innovation canadienne brille 

Les facteurs géopolitiques et l'incertitude économique pèsent sur la confiance des entreprises et des investisseurs. L’intérêt des investisseurs se concentrera vraisemblablement sur les technologies commercialement viables alors que les innovations plus onéreuses pourraient se buter à des difficultés de mise à l’échelle. Notre rapport intitulé Avenir des technologies propres : croissance, rentabilité, nécessité met donc en évidence trois secteurs en raison de leur viabilité commerciale, de leur attractivité pour les investisseurs et de leur résilience :

  • énergie renouvelable
  • véhicules électriques
  • électrification

En 2024, 90 % des investissements mondiaux relatifs à la transition énergétique ciblaient ces secteurs. Ces technologies offrent des débouchés qui vont bien au-delà de leur déploiement, partout dans la chaîne de valeur de la fabrication. Elles dynamisent aussi la croissance des exportations régionales.

Énergie renouvelable : les atouts du secteur des exportations du Canada

Les projets d’énergie renouvelable ont attiré des investissements record en 2024, situation qui s’explique par la demande croissante sur les nouveaux marchés et les marchés émergents. Bien que les tarifs douaniers et les tensions géopolitiques posent leur lot de défis pour les chaînes d’approvisionnement, les capacités canadiennes en matière d’énergie renouvelable restent robustes. En effet, le Canada est l’un des pays les plus à même d’assurer ses besoins en électricité grâce aux énergies éolienne et solaire. Il est aussi le troisième producteur mondial d’hydroélectricité.

Les exportations d’électricité propre du Canada, y compris de sources nucléaires et renouvelables, ne cessent d’augmenter depuis 2019. Entre 2013 et 2023, le taux de croissance annuel composé de ces exportations était de 7,3 %. Notre analyse de l’avantage comparatif révélé met aussi en lumière une  myriade de possibilités de diversification pour le Canada, notamment dans le solaire, l’hydroélectricité, l’éolien, le biocarburant, le recyclage et la gestion des déchets, et ce, sur des marchés comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Australie, le Japon et la Corée du Sud.

La chaîne d’approvisionnement des batteries du Canada : moteur de la croissance mondiale

Les véhicules électriques (VÉ) constituent le moyen le plus efficace de décarboner le secteur des transports. En 2024, plus de 20 % des voitures neuves vendues dans le monde étaient des véhicules électriques, la Chine et d’autres marchés en développement se positionnant comme les nouveaux foyers de la demande. Même si le remaniement de certains mandats et cibles a entravé l’impulsion imprimée dans un horizon à court terme, les perspectives à long terme restent positives. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les voitures électriques devraient en effet représenter plus de 40 % des ventes de voitures d’ici 2030.

Au Canada, la filière de l’automobile et des batteries, en plein essor, positionne favorablement le pays dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des véhicules électriques. Fort d’abondants gisements de minéraux et d’un solide bilan en matière de pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), le Canada est bien placé pour soutenir la prochaine vague de croissance du côté des VÉ.

Technologies d’électrification du Canada : des créneaux d’exportation prometteurs mais méconnus

Présentée comme la clé de voûte des efforts de décarbonation mondiale, l’électrification représente aujourd’hui la solution la plus efficace pour réduire les émissions dans les grands secteurs industriels et à forte intensité d’émissions. On note des occasions de générer des revenus dans la construction d’infrastructures de réseau et de transport d’électricité ainsi que la mise en œuvre de solutions novatrices de chauffage et de climatisation.

Le Canada dispose d’un solide écosystème d’entreprises qui s’emploient à améliorer l’intégration des réseaux et qui font figure de pionnières dans le développement de solutions de stockage de l’énergie. De nombreuses sociétés canadiennes novatrices proposant des produits de chauffage et de ventilation spécialisés (comme les thermopompes, les technologies intelligentes de chauffage, de ventilation et de climatisation [CVC], les fours électriques à arc, entre autres) contribuent aussi à l’expansion mondiale des solutions d’électrification.

Conclusion : les perspectives pour les technologies propres canadiennes riment avec résilience, profitabilité et essor mondial

La transition énergétique est bel et bien en marche et progresse. La baisse des coûts, la viabilité économique et le potentiel commercial favorisent une adoption massive de ces technologies. Fait à noter, la résilience de certaines de ces technologies devrait se maintenir malgré les vents contraires qui soufflent sur la scène internationale.

Pour le secteur canadien des exportations, les perspectives sont favorables. Les technologies propres – dans le solaire, l’éolien, les minéraux critiques et les créneaux d’électrification – regorgent d'occasions d'affaires et de débouchés commerciaux.

Si, à première vue, l’avenir proche des technologies propres semble incertain, les perspectives à long terme sont éclatantes pour le Canada.

Reconnaissances

Cette semaine, je tiens à remercier chaleureusement Prerna Sharma, économiste principale aux Services économiques d’EDC.

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Date de modification : 2025-10-30