Les exportateurs canadiens vers les États-Unis devront probablement retracer l’origine de leurs matériaux et composantes et déterminer la proportion de contenu américain ou nord-américain de leurs produits.
« Donc, si une entreprise canadienne fait affaire aux États-Unis, soit en y exportant ou en y produisant ses produits ou ses services, ou si elle est importatrice attitrée et distribue aux États-Unis des produits venant du Canada, la valeur du produit ou du service pour le client sera cruciale », d’ajouter M. Myers. « Et cela aura son importance non seulement en ce qui concerne l’ALENA, mais aussi pour ce qui est des ajustements de taxes à la frontière susceptibles d’être inclus dans la proposition fiscale de Paul Ryan. Bien entendu, il reste à savoir si ces mesures seront adoptées. Tout dépendra alors de la proportion de contenu américain et nord-américain. Un exportateur canadien devra aussi tenir compte du fait qu’une bonne partie du contenu de ses produits provient peut-être de pays en dehors de l’Amérique du Nord. »
Selon M. Myers, l’ajustement potentiel le plus préjudiciable, « à part déchirer l’Accord », serait de voir les États-Unis décider pour chaque produit si celui-ci fait l’objet d’un commerce loyal ou non.
« Si le gouvernement américain traite un déficit comme résultant d’un commerce déloyal et impose un tarif, je crois que beaucoup d’entreprises canadiennes vont être touchées », affirme-t-il. « Mais bon nombre de celles qui importent des États-Unis et y exportent ne suivent pas les règles de l’ALENA, de toute façon. Les niveaux tarifaires sont faibles et le coût de conformité est relativement élevé. Ce qui causerait du tort, ce serait l’imposition, par les États-Unis, de droits antidumping ou compensateurs plus élevés sur des produits qu’ils jugent comme faisant l’objet d’un commerce déloyal. »
Les autres défis auront trait à la frontière, d’après M. Myers. Le discours autour de « l’Amérique d’abord » a aussi son importance parce qu’il « dépasse largement la politique d’approvisionnement. Ce facteur entre maintenant en ligne de compte dans plusieurs décisions liées aux chaînes d’approvisionnement et aux achats, ainsi qu’aux marchés publics. Comme il constituera un élément essentiel de la politique commerciale et étrangère des États-Unis, ses conséquences pourraient être considérables. »