La tempête américaine : Le sens des « ajustements » à l’ALENA pour le Canada

Sur le terrain : réflexions sur les changements touchant au règlement des différends et à l’imposition de tarifs pour des produits de pays avec lesquels les États-Unis ont un déficit commercial.

Trouver des marchés cibles

Comme l’affirme l’économiste Jayson Myers, les changements aux règles d’origine et aux exigences de contenu sont deux des principales conséquences d’une renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). 

Dans cet article :

Quelques risques éventuels liés à la renégociation de l’ALENA

Pour l’économiste Jayson Myers, l’apport de changements aux règles d’origine et aux exigences de contenu national constituent les deux plus grandes conséquences potentielles de l’importance que legouvernement Trump continue d’accorder à la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain.

Mais bon nombre de celles qui importent des États-Unis et y exportent ne suivent pas les règles de l’ALENA, de toute façon. Les niveaux tarifaires sont faibles et le coût de conformité est relativement élevé. Ce qui causerait du tort, ce serait l’imposition, par les États-Unis, de droits antidumping ou compensateurs plus élevés sur des produits qu’ils jugent comme faisant l’objet d’un commerce déloyal.

économiste Jayson Myers

« Ce sont les plus grands risques pour les entreprises canadiennes. Ils sont liés à d’autres choses que ce que le gouvernement américain envisage, comme les procédures de règlement des différends et la capacité d’imposer des tarifs sur un produit si les États-Unis connaissent un déficit commercial qu’ils jugent injuste », affirme M. Myers, qui a occupé divers postes pendant 25 ans, dont ceux de président et d’économiste en chef de Manufacturiers et Exportateurs du Canada. « On serait ainsi à la merci des États-Unis, de leurs règlements et de leur système judiciaire. Ce n’est pas nécessairement juste d’un point de vue canadien. »

Aspects à considérer concernant votre stratégie de commerce avec les États-Unis

Les exportateurs canadiens vers les États-Unis devront probablement retracer l’origine de leurs matériaux et composantes et déterminer la proportion de contenu américain ou nord-américain de leurs produits.

« Donc, si une entreprise canadienne fait affaire aux États-Unis, soit en y exportant ou en y produisant ses produits ou ses services, ou si elle est importatrice attitrée et distribue aux États-Unis des produits venant du Canada, la valeur du produit ou du service pour le client sera cruciale », d’ajouter M. Myers. « Et cela aura son importance non seulement en ce qui concerne l’ALENA, mais aussi pour ce qui est des ajustements de taxes à la frontière susceptibles d’être inclus dans la proposition fiscale de Paul Ryan. Bien entendu, il reste à savoir si ces mesures seront adoptées. Tout dépendra alors de la proportion de contenu américain et nord-américain. Un exportateur canadien devra aussi tenir compte du fait qu’une bonne partie du contenu de ses produits provient peut-être de pays en dehors de l’Amérique du Nord. »

Selon M. Myers, l’ajustement potentiel le plus préjudiciable, « à part déchirer l’Accord », serait de voir les États-Unis décider pour chaque produit si celui-ci fait l’objet d’un commerce loyal ou non.

« Si le gouvernement américain traite un déficit comme résultant d’un commerce déloyal et impose un tarif, je crois que beaucoup d’entreprises canadiennes vont être touchées », affirme-t-il. « Mais bon nombre de celles qui importent des États-Unis et y exportent ne suivent pas les règles de l’ALENA, de toute façon. Les niveaux tarifaires sont faibles et le coût de conformité est relativement élevé. Ce qui causerait du tort, ce serait l’imposition, par les États-Unis, de droits antidumping ou compensateurs plus élevés sur des produits qu’ils jugent comme faisant l’objet d’un commerce déloyal. »

Les autres défis auront trait à la frontière, d’après M. Myers. Le discours autour de « l’Amérique d’abord » a aussi son importance parce qu’il « dépasse largement la politique d’approvisionnement. Ce facteur entre maintenant en ligne de compte dans plusieurs décisions liées aux chaînes d’approvisionnement et aux achats, ainsi qu’aux marchés publics. Comme il constituera un élément essentiel de la politique commerciale et étrangère des États-Unis, ses conséquences pourraient être considérables. »

Ce qui explique que le commerce entre le Canada et les États-Unis contribue à l’économie américaine

D’après M. Myers, du côté positif, le Canada est une source de produits de grande valeur ainsi que de matières premières, comme celles du secteur énergétique. Ainsi, les hôpitaux américains utilisent beaucoup de matériel canadien, comme des appareils d’IRM ainsi que des technologies et des dispositifs médicaux de pointe. Dans le domaine de la fabrication additive, le Québec produit jusqu’à 60 % des poudres métalliques exportées aux États-Unis.

Les États-Unis comptent sur beaucoup d’importations canadiennes pour rendre leurs industries concurrentielles.

économiste Jayson Myers

« Les États-Unis comptent sur beaucoup d’importations canadiennes pour rendre leurs industries concurrentielles », d’ajouter M. Myers. « Il en est de même aussi pour la prestation de soins de santé aux Américains. Les collectivités américaines utilisent en outre des tuyaux et du matériel de traitement de l’eau ultramodernes qui sont fabriqués au Canada. La population des États-Unis est donc l’une des principales intéressées. »

M. Myers indique que l’administration Trump a pour objectif de faire croître l’économie américaine. Étant donné l’interdépendance de celle-ci avec l’économie canadienne, les entreprises de notre pays connaîtront, elles aussi, une croissance.


 

Date de modification : 2017-04-18