Le mot « multinationale » fait surtout penser à de grandes sociétés, comme Royal Dutch Shell et Barrick, qui détiennent ou contrôlent des entités produisant des biens ou offrant des services dans plus d’un pays.

Mais on trouve aussi le terme « micromultinationale », qui désigne de petites et moyennes entreprises utilisant des plateformes comme eBay pour exporter et enregistrer des ventes annuelles de 10 000 $ et plus.

« La vaste majorité des ventes de nos micromultinationales se font à l’extérieur du Canada », observe Camille Kowalewski, directrice des communications d’eBay Canada. « Et en moyenne, une micromultinationale d’eBay exporte dans 18 pays, contre 2,5 pour un exportateur traditionnel. »

Ces entreprises virtuelles vendent surtout aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Chine et en Allemagne.

Selon un sondage d’eBay, les vendeurs qui exportent enregistrent presque 60 % plus de ventes que les autres; ils sont aussi davantage convaincus de trouver de nouveaux débouchés (70 % contre 36 %).

Cette série met en vedette des micromultinationales qui, comme Wooki, comptent parmi les plus dynamiques au Canada.

Christine Deslauriers – employée des ventes dans le secteur minier –, a toujours eu le sens des affaires, mais sa propre entreprise – aujourd’hui florissante – est somme toute tombée du ciel alors qu’elle était en congé pour s’occuper de ses enfants.

Elle vivait dans la petite bourgade de Porcupine, dans le Nord de l’Ontario, un endroit où les magasins n’étaient pas légion. Ayant du temps à la maison, elle a pu explorer eBay et constater qu’il s’agissait d’une excellente façon de commercer. Elle savait qu’un jour, la femme d’affaires en elle se réveillerait et se lancerait dans le commerce en ligne… mais pour vendre quoi?

La réponse est venue lorsque ses enfants ont commencé le patinage artistique. À la recherche de costumes à bon prix, elle a constaté la minceur de l’offre, même en ligne. Mais elle a su vers qui se tourner. En effet, son père avait tenu un magasin d’articles sportifs à Montréal – sa ville natale – et son grand-père avait dirigé durant 30 ans la fabrique de vêtements de sport Mondor.

« J’ai acheté un stock excédentaire de Mondor, et l’idée m’est venue, raconte-t-elle. Je me suis dit : “Et si j’essayais de vendre cela sur eBay?” Ça a été un déclencheur. J’ai ensuite ouvert des comptes commerciaux auprès de fournisseurs, et mon entreprise était née. »

En 2006, elle a réalisé de petites transactions sur eBay avant de lancer officiellement Boutique Step Up en 2007. Deux ans plus tard, grâce à ses ventes, elle a ouvert une « vraie » boutique à Porcupine, pour ensuite la déménager à Sudbury, où son mari avait obtenu un emploi. Depuis 2007, les affaires ont connu une croissance de 700 %, et en 2015, eBay accordait à Mme Deslauriers le titre d’entrepreneure de l’année.

« Maintenant, je m’approvisionne partout » note-t-elle, ajoutant qu’elle vend aussi des patins, des lames, des vêtements pour le patinage – y compris des robes – et des sacs à patins. « Je fouille partout sur Internet pour voir les nouveautés. Et quand j’achète, c’est en grande quantité. »

Pour elle, gérer les deux boutiques – en ligne et physique – ne pose pas de problème. Elle travaille dans son magasin à temps plein et s’occupe en même temps de la boutique virtuelle. Cinq employés à temps partiel la relaient les soirs et les fins de semaine.

Depuis ses débuts, cette micromultinationale a réalisé des ventes dans 42 pays. Les États-Unis représentent 34 % des exportations, le Royaume-Uni, la Suède et la Finlande étant les autres principaux marchés. Mme Deslauriers reçoit aussi des commandes d’aussi loin que la Russie. De plus, après avoir récemment ajouté les maillots de bain de compétition à son offre, des clients sud-américains se sont manifestés.

« L’entreprise évolue constamment, dit-elle, mais toujours dans le bon sens. »

Pour rester concurrentielle, elle doit rester à l’affût des tendances en matière de vêtements de sport et obtenir les meilleurs prix des grossistes.

« Lorsqu’un fournisseur a une promotion, quel que soit l’article, j’en profite et essaie de négocier un bon prix. Et ça marche, car j’achète en gros. »

Elle offre également un service impeccable, même en ligne, et environ 30 % des clients achètent plus d’une fois.

« Je réponds immédiatement aux courriels, insiste-t-elle. Je me souviens facilement des gens et leur dit que je suis heureuse qu’ils fassent de nouveau affaire avec moi. Lorsqu’un client reçoit une robe de patinage achetée au rabais, il est très heureux et revient sur ma page. »

Le grand inconvénient de l’exportation, c’est le coût d’expédition. Mme Deslauriers utilise surtout Postes Canada, mais souhaiterait que la société d’État réduise ses prix et améliore son service. Un autre désavantage : les droits de douane sur les articles retournés.

« J’ai peu d’articles retournés; peut-être un par mois. Mais c’est pénible d’avoir à payer, par exemple, 80 $ en droits de douane pour un produit qui vous revient ».

En matière de pratiques exemplaires de marketing, Mme Deslauriers affirme qu’eBay s’occupe très bien de cet aspect.

« Lorsqu’on affiche quelque chose sur eBay, on a tout de suite des acheteurs. C’est facile à faire, et des gens de partout dans le monde voient votre article. Je me demande pourquoi pourquoi ce n’est pas plus populaire : c’est une plateforme de vente incroyable. »

Apprenez-en plus sur le parcours d’exportation de Christine Deslauriers.