Cet article fait partie de notre série sur le secteur des services financiers, et plus particulièrement les technologies financières. Découvrez les occasions que recèle ce secteur en pleine croissance.

Quand ils ont lancé RentMoola, en avril 2013, les frères Postrehovsky avaient deux certitudes : premièrement, les jeunes préféreraient, par commodité, payer leur loyer en ligne au lieu de le faire par chèque; et deuxièmement, leur entreprise se ne tarderait pas à se lancer sur le marché américain.

Pour les nombreux « étudiants qui n’ont probablement jamais vu un chèque de leur vie, utiliser notre service va de soi », blague Philipp Postrehovsky, chef de l’exploitation et cofondateur – avec son frère Patrick –, de RentMoola, une entreprise de technologie financière.

L’entreprise vancouvéroise, qui possède aussi un bureau à Toronto, propose un réseau mondial permettant le paiement du loyer ou des frais de condominium avec une carte de crédit ou de débit. En contrepartie, le client assume des frais de service modiques, et peut recevoir des points et des récompenses s’il utilise sa carte de crédit.

Plus tôt cette année, l’entreprise a ouvert son premier bureau aux États-Unis, à San Francisco, que M. Postrehovsky qualifie de « capitale du financement du monde technologique », pour profiter du bassin local de talents en ventes.

Cette nouvelle présence de RentMoola au sud de la frontière s’inscrit dans la vision initiale des frères Postrehovsky.

L’entreprise vise prioritairement à y mettre sous contrat les sociétés de gestion immobilière de taille moyenne, administrant de 500 à 60 000 unités, lesquelles pourraient ainsi percevoir en ligne les paiements de locataires et de propriétaires de condo. Actuellement, la clientèle de RentMoola se répartit dans 400 villes canadiennes et américaines.

« Depuis le début, notre site a une version américaine, explique Philipp Postrehovsky. Parce que les détails sont importants. Prenez le mot “chèque”. Aux États-Unis, ça s’écrit “check”. Si on emploie l’orthographe anglaise canadienne (cheque), les gens sont confus. »

Malgré ses particularités, le marché américain reste relativement accessible pour les entreprises canadiennes.

« À Vancouver, les entreprises tissent beaucoup de relations avec la Silicon Valley, alors beaucoup d’entre elles s’y installent. En fait, c’est souvent là où vont d’abord les entreprises vancouvéroises qui veulent étendre leurs activités, » souligne Christine Duhaime, directrice générale du Digital Finance Institute, un groupe de réflexion de Vancouver sur les entreprises de technologie financière.

Même si elles connaissent bien le marché américain, les entreprises canadiennes de technologie financière rencontrent quand même des défis.

« Par exemple, la plupart de celles qui font le saut aux États-Unis trouvent que la réglementation y est plus stricte, poursuit Mme Duhaime, et les mesures de conformité y occasionnent plus de frais pour les entreprises. »

M. Postrehovsky indique que son entreprise, qui doit composer aux États-Unis avec plus de concurrents régionaux, cible stratégiquement des marchés comme Phoenix, Seattle et Dallas, où elle a un avantage concurrentiel plus marqué.

Selon M. Postrehovsky, au pays de l’Oncle Sam, les employés des entreprises de technologie financière ont d’autres attentes. Par exemple, les titres y ont plus d’importance : « Il faut nommer quelqu’un vice-président même s’il n’en assume pas vraiment les fonctions », remarque-t-il. D’ailleurs, ça n’a pas bien fonctionné avec leur premier employé américain.

Comme il y a une multitude de banques aux États-Unis, il faut être plus prudent, surtout concernant le risque de fraude : « Nous n’avons pas eu beaucoup de cas, mais chaque fois, c’était dans ce pays », mentionne M. Postrehovsky.

Naturellement, le marché américain présente d’énormes avantages. Sa taille, évidemment, mais aussi la maturité organisationnelle de son secteur de la gestion immobilière.

« Là-bas, on cherche des solutions différentes et on est plus ouvert aux paiements en ligne », précise M. Postrehovsky.

La grande diversité des technologies utilisées en sol américain est un autre avantage qui favorise le modèle d’affaires de RentMoola. Pour vérifier les comptes bancaires, « notre solution fonctionne aux États-Unis, mais nous n’avons pas trouvé l’équivalent ici », note-t-il.

Une autre des innovations de RentMoola, c’est l’« argent RM », un nouveau produit qui répond à un besoin propre au marché américain, où près de 10 % des ménages ne font pas du tout affaire avec les banques. Avec l’argent RM, on peut payer son loyer comptant dans les dépanneurs 7-Eleven.

L’enthousiasme des gestionnaires immobiliers américains à adopter les technologies a déjà inspiré le prochain produit de RentMoola, nommé Propertii, lequel les assistera, entre autres, dans la signature des baux, les communications avec les locataires et la conservation des documents. L’entreprise espère lancer Propertii d’ici la fin de l’année.

Apprenez-en plus sur le parcours d’exportation de Philipp Postrehovsky.